Londres adopte une loi contre l'immigration illégale restreignant drastiquement l'asile

Premier ministre britannique Rishi Sunak
Premier ministre britannique Rishi Sunak Tous droits réservés Henry Nicholls/AFP or licensors
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Par euronews avec AFP
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Le Parlement britannique a adopté mardi une loi très controversée contre l'immigration illégale, qui restreint drastiquement le droit d'asile, au point d'être, critique l'ONU, en contradiction avec le droit international sur les réfugiés.

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Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak, qui a érigé en priorité la lutte contre l'immigration illégale, a promis de "stopper" les arrivées par la Manche de migrants à bord de petites embarcations. 

La nouvelle loi doit dissuader ces migrants de venir au Royaume-Uni, selon le gouvernement qui peine à remplir la promesse faite au moment du Brexit de "reprendre le contrôle" des frontières.

Les migrants arrivés de manière illégale sur le territoire britannique ne pourront plus demander l'asile dans le pays, selon le texte.

Le gouvernement veut de plus que les migrants, après avoir été placés en détention, soient rapidement expulsés, soit vers leur pays d'origine, soit vers un pays tiers tel que le Rwanda, d'où qu'ils viennent.

Très critiqué jusque dans la majorité, le projet de loi est resté bloqué des semaines au Parlement, la Chambre des Lords ayant réclamé de nombreux amendements, notamment des limites à la détention des enfants et des protections contre l'esclavage moderne. Il a été finalement adopté dans la nuit de lundi à mardi et doit désormais simplement être promulgué par le roi Charles III, une formalité.

Condamnée par l'ONU

L'ONU a vivement condamné la loi, disant qu'elle est "en contradiction" avec les obligations du Royaume-Uni au regard du droit international sur les droits humains et les réfugiés.

Elle aura "de profondes conséquences pour les personnes ayant besoin d'une protection internationale", ont dénoncé dans un communiqué commun le Haut-Commissaire aux droits humains Volker Türk et le Haut-Commissaire aux réfugiés Filippo Grandi.

Les migrants n'auront "aucune garantie de pouvoir bénéficier d'une protection dans le pays" où ils seront expulsés, dénonce l'ONU. La loi "crée de nouveaux pouvoirs de détention très étendus, avec un contrôle judiciaire limité".

"Le combat pour un système d'asile juste et humain continue"

En 2022, plus de 45 000 migrants ont traversé la Manche, surtout depuis la France, à bord de petites embarcations, un record. Ils sont plus de 13 000 à avoir fait la traversée depuis le début de l'année. Au premier trimestre, il s'agissait principalement d'Afghans.

Le gouvernement accuse les migrants venant illégalement de "sauter la file d'attente" au détriment de ceux qui arrivent par des "voies sûres" ou légales.

Mais "la plupart des personnes fuyant la guerre ou la persécution n'ont pas accès à des documents comme les passeports ou les visas", répond l'ONU. "Les voies sûres ou légales sont rarement disponibles pour elles".

Pour l'ONG britannique Refugee Council, "c'est un jour sombre" pour la réputation du Royaume-Uni et "un moment grave" pour ceux en quête de protection: "Le combat pour un système d'asile juste et humain continue".

Londres a passé un accord l'an dernier avec le Rwanda pour y envoyer des migrants en situation illégale, mais aucune expulsion n'a encore eu lieu. Un premier vol prévu en juin 2022 avait été annulé après une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).

Fin juin, la justice a déclaré illégal ce projet, mais le gouvernement a immédiatement annoncé un recours.

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