Niger : l'armée soutient les putschistes, condamnations internationales

Des partisans des militaires putschistes manifestent à Niamey, au Niger, le jeudi 27 juillet 2023.
Des partisans des militaires putschistes manifestent à Niamey, au Niger, le jeudi 27 juillet 2023. Tous droits réservés AP Photo/Sam Mednick
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Par Euronews avec AFP
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Au Niger, le président Mohamed Bazoum est toujours retenu par les putschistes, désormais soutenus par l’armée.

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L'armée a apporté jeudi son soutien aux militaires putschistes qui séquestrent le président nigérien Mohamed Bazoum depuis plus de 24h à Niamey, où la junte a accusé la France d'avoir enfreint sa décision de fermer les frontières et appelé au calme après des incidents lors de manifestations de ses partisans.

Les putschistes ont également annoncé "la suspension jusqu'à nouvel ordre des activités des partis politiques".

Alors que les partenaires du Niger ont fermement condamné le coup d'Etat, le Burkina Faso voisin dirigé par un régime issu de deux putschs en 2022 a dit souhaiter une "coopération plus étroite".

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, jusqu'alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l'Etat islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d'Etat depuis 2020.

Le Mali et le Burkina Faso se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol.

"Le commandement militaire des Forces armées nigériennes (FAN)" a "décidé de souscrire à la déclaration des Forces de défense et de sécurité", indique un communiqué signé du chef d'état-major, le général Abdou Sidikou Issa, afin d'"éviter une confrontation meurtrière entre les différentes forces".

Auparavant, le président Bazoum avait rejeté le coup d'Etat. "Les acquis obtenus de haute lutte seront sauvegardés. Tous les Nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront", avait-il déclaré sur Twitter, rebaptisé X, quelques heures après l'annonce par les putschistes qu'il était renversé.

"Nous sommes les autorités légitimes et légales", avait de son côté déclaré sur France 24 Hamoudi Massoudou, chef de la diplomatie nigérienne et chef du gouvernement par intérim en l'absence du Premier ministre qui était en déplacement au moment du putsch.

Drapeaux russes

Les militaires putschistes ont appelé "la population au calme" après des incidents lors d'une manifestation à Niamey organisée pour les soutenir, pendant laquelle flottaient des drapeaux russes et des slogans anti-français étaient scandés.

Des jeunes ont pillé l'immeuble du siège du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), à quelques kilomètres du rassemblement, et mis le feu à des voitures garées sur le parking, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Une voiture a foncé dans une foule, son conducteur a été molesté, et un député qui participait à la manifestation a essuyé des jets de pierres. Une manifestation a également eu lieu à Dosso, à une centaine de kilomètres de la capitale.

Les militaires putschistes ont annoncé mercredi soir à la télévision nationale avoir renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021, suite à "la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale".

La junte, qui rassemble tous les corps de l'armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu de 22h00 à 05h00.

La France accusée

Jeudi, les militaires ont accusé la France, qui a 1 500 soldats au Niger, d'avoir enfreint la fermeture des frontières en faisant atterrir un avion militaire à l'aéroport international de Niamey. Ils ont appelé "une fois pour toutes au respect strict des dispositions" prises par la junte.

L'annonce du coup d'Etat est intervenue à l'issue d'une journée de tensions mercredi à Niamey, marquée par ce que le régime avait appelé "un mouvement d'humeur" de la garde présidentielle qui retient le président Bazoum dans sa résidence officielle.

Avant l'annonce du putsch, une médiation ouest-africaine devait tenter jeudi de trouver une solution, dénoncée par l'ensemble des partenaires du Niger, mais en fin de journée, on restait sans nouvelle de cette médiation.

Dans un communiqué, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) "exige la libération immédiate du président Mohamed Bazoum qui reste le Président légitime et légal du Niger reconnu par la Cédéao".

Le putsch a été vivement condamné par tous les autres partenaires du Niger qui ont aussi demandé la libération "immédiate" du président Bazoum.

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La Russie, où se tient actuellement le second sommet Russie-Afrique, a également souhaité sa "libération rapide".

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a dit avoir pu parler avec M. Bazoum mercredi pour lui assurer "clairement que les Etats-Unis le soutenaient". Les Etats-Unis comptent environ 1 100 soldats dans le pays.

La France a condamné "fermement le coup de force contre les autorités civiles et démocratiques" au Niger, et l'Allemagne a demandé à l'armée "de retourner dans ses casernes".

Le Niger est l'un des derniers alliés des pays occidentaux dans une région du Sahel ravagée par la violence jihadiste et dont deux voisins, le Mali et le Burkina Faso, dirigés par des militaires putschistes, se sont tournés vers d'autres partenaires, dont la Russie.

Le Niger est un partenaire privilégié de la France dans le Sahel et son histoire est jalonnée de coups d'Etat depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960.

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Les opérations humanitaires de l'ONU sont "suspendues" en raison du coup d'Etat, alors que le pays fait déjà face à une situation humanitaire "complexe", a annoncé jeudi l'organisation. Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), le nombre de personnes ayant besoin d'une assistance humanitaire au Niger est passé de 1,9 million en 2017 à 4,3 millions en 2023.

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