L'épineuse question de l'élargissement à l'agenda du sommet des Brics

Le quinzième sommet des Bricsaura lieu au Sandton Convention Centre à Johannesburg, en Afrique du Sud, du mardi 22 au jeudi 24 août. Photo 19 août 2023.
Le quinzième sommet des Bricsaura lieu au Sandton Convention Centre à Johannesburg, en Afrique du Sud, du mardi 22 au jeudi 24 août. Photo 19 août 2023. Tous droits réservés Denis Farrell/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.
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Par Etienne PaponaudAP
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La Chine pousse pour l'intégration de nouveaux membres au groupe créé pour constituer un contrepoids à l'influence occidentale. Mais les intérêts divergents de l'Inde, du Brésil, de l'Afrique du Sud et compliquent tout élargissement.

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Le sommet des Brics, qui réunit le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, se déroulera cette semaine dans un contexte de tensions internationales et de revendications répétées d'un équilibre économique et politique mondial multipolaire, à même de remplacer un paysage actuel perçu comme dominé par les États-Unis et l’Union européenne et critiqué en tant que tel.

Un sentiment auquel la Russie et la Chine sont plus qu'heureuses de se rallier. Le premier ministre chinois Xi Jinping pourra mesurer lors du sommet, organisé de mardi à jeudi dans le quartier financier de Santon à Johannesburg en Afrique du Sud, la croissance du capital diplomatique que son pays a su faire fructifier au cours de la dernière décennie. 

Allocution vidéo pour Poutine

Les dirigeants ou les représentants de dizaines d'autres pays en développement devraient participer aux réunions parallèles, et donner à Xi Jinping et au ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, qui représentera le Kremlin en Afrique du Sud, une audience considérable.

Le président russe Vladimir Poutine prononcera un discours en liaison vidéo, faute de pouvoir se rendre en Afrique du Sud, alors que le maître du Kremlin fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crime de guerre en Ukraine. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré qu'il prononcerait 

Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, le premier ministre indien Narendra Modi et le président sud-africain Cyril Ramaphosa participeront eux bien physiquement au sommet aux côtés de Xi Jingping.

L'élargissement au risque de la division 

Un point politique spécifique pourrait y être discuté et fera peut-être l'objet d'une décision : l'expansion du groupe. Formé en 2009 par le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, il s'est élargit à l'Afrique du Sud l'année suivante. Depuis, aucun nouveau membre n'a été accueilli.

L'Arabie saoudite est l'un des plus de 20 pays à avoir officiellement demandé à rejoindre les Brics selon des responsables sud-africains. Toute évolution vers l'inclusion du deuxième plus grand producteur de pétrole au monde dans un bloc économique avec la Russie et la Chine serait un retentissant coup d'éclat dans un climat géopolitique particulièrement glacial.

"Si l'Arabie saoudite devait entrer dans les BRICS, cela donnerait une importance extraordinaire à ce groupe", a déclaré Talmiz Ahmad, ancien ambassadeur de l'Inde en Arabie saoudite.

L'Argentine, l'Algérie, l'Égypte, l'Iran, l'Indonésie et les Émirats arabes unis ont tous déposé une demande officielle d'adhésion. Moscou et Pékin sont favorables à l'ajout de nouveaux pays, avec l'idée de former une coalition - même si elle n'est que symbolique - dans un contexte de compétition économique et géopolitique croissante entre la Chine et les États-Unis.

Li Tao/Xinhua
Le groupe des Brics s'était réuni virtuellement lors de son 14e sommet par liaison vidéo à Pékin. Photo du 23 juin 2022.Li Tao/Xinhua

Si le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud sont moins enthousiastes à l'idée d'une expansion et d'une dilution de leur influence dans ce qui est actuellement un club exclusif de pays en développement, le vent de l'élargissement semble dominer. Pourtant, rien n'est encore décidé, et les cinq pays devront d'abord se mettre d'accord sur les critères que les nouveaux membres doivent respecter.

L'échappatoire russe à l'isolement international

De leur côté, les États-Unis n'ont pas manqué de mettre l'accent sur leurs liens bilatéraux avec l'Afrique du Sud, le Brésil et l'Inde pour tenter de contrebalancer toute influence russe et chinoise excessive émanant des Brics. Lors de la préparation du sommet, le département d'État a déclaré que les États-Unis étaient "profondément engagés avec de nombreux membres importants de l'association des BRICS".

L'Union Européenne suivra également de près les événements de Johannesburg, mais en se concentrant presque exclusivement sur la guerre en Ukraine et sur les efforts continus du bloc pour obtenir une condamnation unanime de l'invasion russe de la part du monde en développement, ce qui a largement échoué jusqu'à présent.

Le porte-parole de la Commission européenne, Peter Stano, a appelé Pékin, Brasilia, New Delhi et Pretoria à saisir l'occasion du sommet pour faire respecter le droit international. "Nous attendons avec impatience leur contribution pour que Poutine mette fin à son comportement illégal et déstabilisant." Une critique publique de la Russie ou de son président reste cependant peu probable. 

Moscou pourrait même voir dans ce sommet l'occasion d'obtenir quelques faveurs. Après avoir autorisé le passage de céréales hors d'Ukraine le mois dernier, le Kremlin pourrait profiter de l'occasion pour annoncer davantage de livraisons gratuites de céréales russes aux pays en développement, comme il l'a déjà fait pour plusieurs nations africaines.

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