Les premières troupes françaises quittent le Niger sous la pression de la junte militaire

Des soldats français et nigériens se préparent ensemble à une mission.
Des soldats français et nigériens se préparent ensemble à une mission. Tous droits réservés AP Photo
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Par Euronews avec AFP
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Cet article a été initialement publié en anglais

Des manifestations anti-françaises devant l'enceinte de l'ambassade à Niamey démontrent l'hostilité grandissante à l'égard des opérations de Paris au Sahel.

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Les premiers soldats français ont quitté le Niger dans le cadre du retrait exigé par la junte militaire au pouvoir dans ce pays.

Selon plusieurs sources de sécurité, les troupes ont quitté l'ouest du pays, dans un convoi escorté par l'armée nigérienne. 

Les généraux nigériens ont d'abord demandé à la France de retirer toutes les troupes du pays peu après leur arrivée au pouvoir par un coup d'État fin juillet, et le président français, Emmanuel Macron, a fini par annoncer leur départ fin septembre.

Un convoi de soldats français a rejoint Niamey, la capitale du Niger, mardi à la mi-journée, avec des camions transportant du matériel et des véhicules blindés, selon des informations de l'AFP. Un avion transportant du matériel français et un premier groupe de militaires prioritaires (évacuations médicales notamment) a également décollé de Niamey lundi, a indiqué une autre source militaire.

La destination finale des convois français n'a pas été officiellement annoncée. Selon des sources proches du dossier, ils se dirigent vers le Tchad, traversant plus de 1 600 kilomètres de routes et de pistes pour atteindre la capitale, N'Djamena, où se trouve le centre de commandement des forces françaises au Sahel.

La junte a annoncé vendredi dernier que le retrait des soldats français se ferait "en toute sécurité".

Lors du coup d'État de cet été au Niger, des foules se sont rassemblées devant l'ambassade de France pour exiger que son personnel et les forces militaires qui lui sont associées quittent le pays. De nombreuses personnes présentes brandissaient des drapeaux russes et des pancartes à la gloire du groupe mercenaire Wagner, soutenu par le Kremlin, qui est devenu un acteur majeur de la sécurité dans de nombreux pays africains.

Toutefois, il est difficile de savoir si la base de soutien de la Russie au Niger est réellement large ou profonde.

Le siège du parti au pouvoir brûlant à l'arrière, des partisans de la junte au pouvoir au Niger manifestent à Niamey, Niger, le 27 juillet 2023
Le siège du parti au pouvoir brûlant à l'arrière, des partisans de la junte au pouvoir au Niger manifestent à Niamey, Niger, le 27 juillet 2023Fatahoulaye Hassane Midou/AP

La fin d'une époque

Depuis une dizaine d'années, environ 1 400 soldats et aviateurs français ont été déployés au Niger pour combattre les djihadistes aux côtés des Nigériens, dont un millier à Niamey et 400 dans la zone des "trois frontières", à l'ouest du pays, entre le Mali et le Burkina Faso.

À partir de l'été 2022, après le départ de la France du Mali puis du Burkina Faso, le Niger était devenu le partenaire clé des opérations anti-djihadistes françaises au Sahel, où sévissent des groupes armés affiliés à l'État islamique et à Al-Qaïda.

Après avoir conclu un partenariat de combat avec le Niger contre les groupes djihadistes, la France a discrètement agrandi le complexe de Niamey avec des véhicules blindés et des hélicoptères, pour renforcer les cinq drones armés Reaper et au moins trois avions de chasse Mirage déjà sur place.

Situé dans la base 101 du Niger, dans la capitale, le complexe abrite des centaines de bâtiments préfabriqués utilisés comme bureaux, des équipements informatiques, des hangars et des abris modulaires pour les avions, des tentes pour les quartiers d'habitation, des cockpits pour les drones, des bulldozers et des camions de pompiers.

La France affirme qu'elle n'a pas l'intention de remettre du matériel à l'armée nigérienne.

Ce nouveau retrait pose aux Français un défi majeur en termes de logistique et de sécurité. Les possibilités de déplacement sont limitées, voire dangereuses, avec le risque de manifestations anti-françaises et la présence de djihadistes liés à Boko Haram et à la branche ouest-africaine de l'État islamique dans la région de Diffa, à l'est du Tchad.

Les frontières terrestres du Niger avec le Bénin et le Nigéria sont également fermées depuis le coup d'État nigérien du 26 juillet qui a destitué le président Mohamed Bazoum, allié de la France. Les Nigériens ont interdit aux avions civils et militaires français de survoler leur territoire sans dérogation officielle.

En revanche, le Niger a rouvert ses frontières avec l'Algérie, la Libye, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad.

Si les conteneurs français sont transportés au Tchad, le voyage sera long, pénible et dangereux. Ils devront ensuite transiter par le port de Douala, au Cameroun, au terme d'un autre convoi compliqué, selon une source proche du dossier.

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