Pologne: un migrant syrien blessé par le tir d'un soldat qui aurait "trébuché"

DOSSIER - Un garde-frontière polonais se tient à côté du mur frontalier à Nomiki, en Pologne, le novembre 2022\.
DOSSIER - Un garde-frontière polonais se tient à côté du mur frontalier à Nomiki, en Pologne, le novembre 2022\. Tous droits réservés Maciek Luczniewski/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.
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Par Joshua Askew
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Cet article a été initialement publié en anglais

Les procureurs ont qualifié l'événement, survenu à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, d'"accident malheureux".

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Un Syrien a été touché par balle, près de la frontière avec la Biélorussie, par un soldat polonais qui aurait prétendument "trébuché".

Annonçant que la police militaire enquêtait, Radoslaw Wiszenko, adjoint aux affaires militaires du procureur du district de Bialystok-Polnoc, a déclaré dimanche à l'agence de presse polonaise (PAP) que "l'accident malheureux" résultait de la perte d'équilibre d'un soldat".

Le demandeur d'asile a été transporté à l'hôpital de Hajnówka, une ville du nord-est de la Pologne, située près de la frontière biélorusse.

Par ailleurs, le corps d'un autre homme, qui serait lui aussi originaire de Syrie, a été découvert à proximité. Rien n'indique que ces deux incidents soient liés.

Lundi, l'ONG Grupa Granica (Border Group), qui aide les réfugiés et les migrants en Pologne, a déclaré qu'elle soutenait le Syrien de 22 ans à l'hôpital, en lui fournissant une assistance juridique et psychologique.

Il serait dans un état stable, en attente d'une intervention chirurgicale, mais risquerait d'être paralysé.

Selon Grupa Granica, l'homme a reçu une balle dans le dos, après avoir traversé quelques kilomètres, pour entrer en Pologne avec un groupe d'autres Syriens.

"Il a entendu un seul cri incompréhensible venant de derrière lui, suivi immédiatement d'un coup de feu qui l'a fait tomber à terre", écrit l'ONG sur Facebook.

L'homme aurait entendu trois autres coups de feu après s'être effondré.

"Au moment de l'incident, il faisait jour, bien avant le coucher du soleil, et les soldats ont donc dû les voir clairement", affirme encore Grupa Granica.

On ignore ce qu'il est advenu des autres membres du groupe avec lequel il se trouvait.

Les soldats sont arrivés et ont appelé une ambulance pour le demandeur d'asile. Celui-ci souhaite maintenant demander une protection internationale, en Pologne.

Piotr Czaban, un militant humanitaire polonais, a d'abord signalé samedi qu'un Syrien avait été blessé par balle, "la balle étant restée coincée dans sa colonne vertébrale".

Le soldat anonyme risque jusqu'à trois ans de prison, voire huit ans, si l'homme est gravement blessé ou décède, pour avoir manipulé des armes sans précaution et avoir causé involontairement des blessures à une autre personne, rapporte PAP, l'agence de presse polonaise officielle.

La crise migratoire oubliée de l'Europe

La Pologne, tout comme la Lituanie voisine, est aux prises avec une crise migratoire qui, selon elle, est facilitée par la Biélorussie dans le cadre d'une forme de "guerre hybride".

Des fonctionnaires biélorusses ont été accusés de percer des trous dans les clôtures frontalières, de faire passer de grands groupes de migrants et de les guider vers les points faibles, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.

Depuis 2021, des dizaines de milliers de migrants ont tenté de passer dans cet État d'Europe de l'Est, et des dizaines de personnes ont été blessées ou tuées à la frontière.

Les gardes-frontières polonais ont été accusés à plusieurs reprises de repousser violemment les migrants vers la Biélorussie, une pratique illégale au regard du droit international.

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Même si la Biélorussie instrumentalise les migrations, les observateurs affirment que les États doivent respecter les droits de l'homme et s'acquitter de leurs obligations internationales.

Les militants affirment que le corps de l'homme trouvé à la frontière biélorusse est le 55e décès confirmé au cours de ce qui a été appelé la crise migratoire oubliée de l'Europe.

La police et les procureurs ont déclaré à PAP qu'ils essayaient actuellement de confirmer l'identité de l'homme et les circonstances de sa mort.

On pense toutefois qu'il s'agit d'un Syrien que les militants et les autorités recherchaient déjà.

Selon les estimations des gardes-frontières polonais, il y a déjà eu 24 000 tentatives de traversée illégale cette année.

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