Gaza : l'hôpital al-Chifa évacué, sauf 120 patients et des bébés prématurés

Dans un hôpital de Gaza
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Par Christelle Petrongari avec AFP
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Des centaines de personnes ont quitté samedi l'hôpital al-Chifa de Gaza assiégé depuis plusieurs jours par l'armée israélienne, selon un journaliste de l'AFP, le ministère de la Santé du Hamas précisant que "120 blessés" et des bébés prématurés n'avaient pu être évacués.

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Des responsables de l'établissement avaient auparavant indiqué que 450 malades et blessés n'avaient pu être évacués. Des médecins sont restés dans al-Chifa pour prendre soin des patients, ont-ils précisé.

L'armée israélienne, elle, assure n'avoir donné aucun ordre d'évacuation mais avoir "répondu à une requête" du directeur de l'hôpital.

Actuellement, selon l'ONU, 2300 patients, soignants et déplacés se trouvent dans cet établissement et l'inquiétude internationale va grandissante pour leur sort. Israël, lui, assure que le Hamas au pouvoir à Gaza se sert de cet établissement comme base militaire.

Depuis des jours, des soldats israéliens entrent dans les services d'al-Chifa pour interroger les personnes présentes à l'intérieur et fouillent "bâtiment par bâtiment" selon l'armée israélienne le complexe médical, le plus grand de la bande de Gaza.

Le directeur de l'hôpital avait déjà refusé cette semaine un précédent ordre d'évacuation reçu par téléphone, invoquant notamment la complexité de l'opération.

L'électricité a cessé d'y fonctionner il y a plusieurs jours et ses chefs de service rapportent que plusieurs dizaines de patients sont décédés "parce que les équipements médicaux vitaux ont cessé de fonctionner en raison de la coupure du courant".

Livraison quotidienne de carburant

A la demande des Etats-Unis, Israël a autorisé l'entrée quotidienne de deux camions-citernes dans la bande de Gaza. L'Autorité palestinienne, responsable du terminal de Rafah à la frontière égyptienne, a annoncé vendredi soir que 17 000 litres de carburant avaient été livrés pour alimenter les générateurs de la compagnie de télécommunications gazaouie.

Israël refusait jusqu'ici de laisser passer le carburant, affirmant que cela pourrait profiter aux activités militaires du Hamas, mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007 et classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

La population du petit territoire, prise au piège de la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, est confrontée "à un risque immédiat de famine", a averti le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

Dans la nuit de vendredi à samedi, une frappe contre trois immeubles de Khan Younès a encore fait 26 morts et 23 blessés graves, selon le directeur de l'hôpital Nasser de cette ville du centre de la bande de Gaza.

"On ne demande pas la lune. Nous demandons des mesures de base nécessaires pour répondre aux besoins essentiels de la population civile et juguler le cours de cette crise", s'est insurgé pour sa part le patron des opérations humanitaires de l'ONU Martin Griffiths, dans une intervention vidéo à New York.

Les livraisons annoncées ne représentent qu'une petite partie des quantités de carburant, soit 50 camions, qui pénétraient quotidiennement dans la bande de Gaza avant le début de la guerre, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Cette agence avait annoncé vendredi qu'elle ne serait bientôt plus en mesure de coordonner la distribution de l'aide humanitaire à Gaza en raison de la coupure des communications.

"Catastrophe" à l'hôpital

Dans l'hôpital al-Chifa, le plus grand du territoire pris d'assaut mercredi par l'armée israélienne, la situation est "catastrophique" pour les patients, les déplacés et les soignants qui s'y entassent sans électricité "ni eau, ni nourriture", a affirmé à l'AFP son directeur, le docteur Mohammed Abou Salmiya. Selon l'ONU, 2.300 personnes se trouvent actuellement dans l'enceinte de cet hôpital.

L'armée israélienne, dont les chars encerclent toujours l'hôpital, a indiqué à l'AFP qu'elle continuait à fouiller l'immense complexe abritant, selon elle, un repaire du Hamas installé notamment dans un réseau de tunnels, ce que le mouvement islamiste dément.

Depuis que le Hamas a mené le 7 octobre une attaque d'une ampleur inédite sur le sol israélien, tué 1.200 personnes, en majorité des civils, et enlevé avec d'autres groupes armés environ 240 personnes, selon les autorités israéliennes, les bombardements de représailles sur la bande de Gaza sont incessants. Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 12.000 civils palestiniens ont été tués, dont 5.000 enfants.

Israël a juré "d'anéantir" le Hamas. En parallèle à ses bombardements, l'armée israélienne mène depuis le 27 octobre des opérations terrestres concentrées pour l'essentiel dans le nord du territoire, dans la ville de Gaza transformée en champ de ruines et autour des hôpitaux, accusant le Hamas de les utiliser comme des bases et de se servir des malades comme de "boucliers humains".

Le territoire est placé depuis le 9 octobre en état de "siège complet" par Israël, qui a coupé les livraisons de nourriture, d'eau, d'électricité et de médicaments. Selon le Hamas, 24 des 35 hôpitaux de Gaza ont cessé fonctionner.

Egoûts qui débordent

Selon l'ONU, plus des deux tiers des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre. La plupart ont fui vers le sud en emportant le minimum et survivent dans le froid qui s'installe.

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Selon l'Unrwa, 70% de la population n'a pas accès à l'eau potable dans le sud du territoire, où les égouts ont commencé à se déverser dans les rues.

Vendredi à Rafah, des enfants blessés attendaient dans des ambulances de pouvoir être évacués vers les Emirats arabes unis via l'Egypte, selon des images de l'AFP.

"Au début, on nous ont dit qu'elle allait mourir. Elle a des fractures au crâne, au bassin et à la cuisse", raconte Adam al-Madhoun, le père de Kenza, une fille de quatre ans amputée de la main droite après une frappe israélienne contre le camp de réfugiés de Jabaliya.

Dans le centre de la bande de Gaza, Azhar al-Rifi, mère de famille de 36 ans, cherche toujours la sécurité que promettait Israël en ordonnant aux Palestiniens de fuir le nord du territoire.

"Ils disaient que le sud était plus sûr, alors on s'est déplacés", lâche-t-elle à l'AFP. Mais vendredi à l'aube, un avion israélien a largué plusieurs bombes sur le camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre du territoire, tuant 18 personnes dont sept proches d'Azhar al-Rifi.

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A huit ans, Nada Abou Hiya en est aussi à son troisième bombardement. "D'abord, ils ont bombardé la maison de mon grand-père où on vivait à Gaza, puis on est allés à Deir el-Balah, ils nous ont bombardé. Donc on est venus ici et ils nous ont encore bombardé", dit-elle à l'AFP.

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