Italie : manifestations et veillées après la mort violente de Giulia Cecchettin âgée de 22 ans

Des manifestants s'étreignent lors d'une manifestation contre la violence envers les femmes, à Rome, le samedi 27 novembre 2021.
Des manifestants s'étreignent lors d'une manifestation contre la violence envers les femmes, à Rome, le samedi 27 novembre 2021. Tous droits réservés AP Photo/Gregorio Borgia
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Par Giulia Carbonaro
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Cet article a été initialement publié en anglais

Filippo Turetta, qui avait disparu il y a une semaine, a été arrêté dimanche en Allemagne après la découverte du corps de son ex-petite amie, Giulia Cecchettin.

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Pendant toute la semaine le visage souriant de Giulia Cecchettin a fait la une de la presse.

Cette étudiante en ingénierie de 22 ans, originaire de Vénétie, a disparu le 11 novembre avec son ex-petit ami, Filippo Turetta, 22 ans.

Samedi, le corps de Giulia Cecchettin a été retrouvé au fond d'un ravin avec au moins 20 coups de couteau à la tête et au cou, recouvert de plusieurs sacs noirs.

Cette découverte a été faite peu après la diffusion d'une vidéo où l'on voit Filippo Turetta battre Giulia Cecchettin. Les autorités soupçonnent Filippo Turetta d'avoir assassiné son ancienne compagne, avant de fuir le pays.

Dimanche, Flippo Turetta a été arrêté près de Leipzig, en Allemagne, à près de 1 000 km du lieu du crime, où il s'était enfui avec sa voiture.

Alors qu'un mandat d'arrêt international avait été lancé contre lui, le jeune homme de 22 ans est finalement arrêté grâce à un automobiliste allemand qui a appelé la police, après avoir constaté que Filippo Turetta était garé sur l'autoroute, tous feux éteints, sans même savoir qu'il était recherché pour meurtre.

Selon les journaux italiens, il n'avait plus d'argent pour payer l'essence.

Flippo Turetta est actuellement détenu en Allemagne, mais il devrait être extradé vers l'Italie, où il sera jugé pour homicide volontaire.

'Un digne héritier du patriarcat'

L'affaire a suscité une grande colère en Italie, où le meurtre de Giulia Cecchettin est qualifié de "féminicide", bien que le pays ne reconnaisse pas légalement le meurtre d'une femme en raison de son sexe, comme un crime distinct.

Selon les données du ministère italien de l'intérieur, Giulia Cecchettin est la 102e victime d'un féminicide dans le pays depuis le début de l'année. 52 de ces femmes ont été tuées par un partenaire ou un ancien partenaire.

Elena Cecchettin, la sœur de Giulia, s'est adressée au public et aux médias pour établir un lien entre le meurtre de Giulia et une culture patriarcale de violence et de contrôle à l'égard des femmes, qui normalise le comportement toxique d'hommes comme Filippo Turetta.

Au cours de la semaine passée à rechercher les deux étudiants, des détails troublants sur leur relation ont été révélés. Il est apparu que Filippo Turetta était manipulateur, jaloux et obsessionnel.

Selon ces sources il consultait fréquemment le téléphone de Giulia Cecchettin, lui envoyait des SMS ou l'appelait constamment lorsqu'elle n'était pas avec lui, et aurait été jaloux qu'elle obtienne son diplôme avant lui. Il aurait refusé d'accepter que Giulia Cecchettin mette fin à leur relation.

" Filippo Turetta est souvent décrit comme un monstre, mais ce n'est pas un monstre", confie Elena Cecchettin dans des interviews, ainsi que dans un éditorial du journal italien, "Corriere".

"Un monstre est une exception, une personne qui est en dehors de la société, une personne pour laquelle la société n'a pas besoin d'assumer la responsabilité. Mais il y a une responsabilité. Les monstres ne sont pas malades, ce sont les dignes héritiers du patriarcat et de la culture du viol", ajoute-t-elle. 

"Le féminicide est un meurtre commis par l'État parce que l'État ne nous protège pas. [...] Nous devons financer des centres anti-violence et donner la possibilité à ceux qui en ont besoin de demander de l'aide. Pour Giulia, ne faites pas une minute de silence, mais brûlez tout".

Plusieurs manifestations et veillées ont eu lieu dimanche dans toute l'Italie, tandis qu'une manifestation plus importante est prévue le 25 novembre à Rome, à l'occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes. Mardi, les écoles de toute l'Italie observeront une minute de silence en hommage à Giulia Cecchettin.

Des promesses de changement

"Nous avons tous souhaité que Giulia soit encore en vie, mais malheureusement nos pires craintes se sont réalisées. Elle a été tuée. Je ressens une grande colère et une grande tristesse", a déclaré Giorgia Meloni, Première ministre d'Italie, après la découverte du corps de Giulia Cecchettin, samedi.

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La dirigeante italienne a promis une nouvelle campagne d'éducation dans les écoles, afin d'éradiquer la culture toxique de la violence, qui subsiste dans le pays.

Giorgia Meloni a également souligné qu'elle avait déjà augmenté les fonds alloués aux refuges pour femmes et aux centres de lutte contre la violence. Elly Schlein, secrétaire du Parti démocrate (PD), cheffe de file de l'opposition, a assuré qu'elle était disposée à collaborer avec le gouvernement, pour adopter davantage de réglementations visant à lutter contre le féminicide et les violences faites aux femmes en Italie.

Un projet de loi visant à renforcer les mesures de lutte contre les violences sexistes en Italie sera présenté au Sénat, mercredi.

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