Meurtre de Thomas : le gouvernement veut dissoudre plusieurs groupes d'extrême droite

Le cercueil de Thomas, un adolescent poignardé lors d'une bagarre dans le village de Crépol, le 19 novembre
Le cercueil de Thomas, un adolescent poignardé lors d'une bagarre dans le village de Crépol, le 19 novembre Tous droits réservés OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP
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Par Euronews avec AFP
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Cet article a été initialement publié en anglais

Plusieurs personnes ont été arrêtées lors d'un défilé de l'ultra-droite à Lyon lundi soir.

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Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé aujourd'hui sur France Inter qu'il allait demander la dissolution de trois groupes d'extrême droite, à la suite d'une attaque de militants le week-end dernier et de l'arrestation de plusieurs manifestants lors d'un défilé à Lyon.

"Je vais proposer la fin de divers groupuscules", a déclaré Gérald Darmanin sur France Inter, avertissant qu'une réaction "ferme" était nécessaire pour éviter "un scénario de guerre civile".

Parmi les organisations visées, il a cité "un groupe qui s'appelle la Division Martel, rien que le nom nous fait peur, et deux autres dont je ne peux pas citer les noms".

L'annonce du ministre fait suite à une série d'affrontements entre l'extrême droite et la police, après qu'un adolescent, Thomas, a été mortellement poignardé lors d'une bagarre qui a éclaté après une soirée dansante dans le village de Crépol. Dix suspects, dont trois mineurs, ont été placés en détention provisoire à la suite de cet incident, qui a donné lieu à des discours de haine islamophobe de la part de l'extrême droite.

L'Assemblée Nationale observera une minute de silence en signe de deuil cet après-midi.

Le week-end dernier, une centaine de militants d'extrême droite venus de différentes villes ont défilé cagoulés dans la ville de Romans-sur-Isère, dans le sud-est du pays, pour "en découdre" avec des jeunes du quartier de La Monnaie, où vivent plusieurs des personnes accusées de la mort du jeune Thomas.

Les manifestants se sont heurtés à la police qui leur a barré la route. Lundi, six personnes ont été condamnées par le tribunal correctionnel de Valence à des peines allant de six à dix mois de prison ferme pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences" ou "dégradations".

Gérald Darmanin s'est félicité de ces condamnations, estimant que la réaction des autorités et des forces de l'ordre avait permis "d'éviter un scénario à l'irlandaise", en référence aux émeutes qui ont touché Dublin la semaine dernière après une attaque au couteau qui a fait quatre blessés.

"La France, parce qu'elle a été ferme, a évité un scénario de petite guerre civile", considère le ministre de l'Intérieur, ajoutant que la mort de Thomas, un "drame ignoble", ne devait pas "permettre que quelqu'un d'autre s'érige au nom de l'Etat pour faire justice".

"Il y a une mobilisation dans l'ultra-droite qui veut nous faire basculer dans la guerre civile", poursuit-il, soulignant que 13 projets d'attentats d'extrême droite ont été enregistrés par le Parquet national antiterroriste (PNAT) depuis 2017.

Gérald Darmanin a appelé les forces de l'ordre et les responsables locaux en général à prendre des mesures préventives contre tout rassemblement susceptible de déboucher sur une action violente.

Son annonce intervient alors que huit personnes ont été interpellées lundi soir, soupçonnées d'avoir participé à un cortège d'ultra-droite non déclaré dans le centre-ville de Lyon.

Treize personnes ont également été arrêtées samedi dans le 17ème arrondissement de Paris, soupçonnées d'avoir tagué des croix gammées sur le sol. Plusieurs d'entre elles doivent être présentées à un juge mardi matin.

Politique identitaire

Selon un récent rapport parlementaire, les mouvements identitaires français d'extrême droite compteraient près de 3 300 personnes, dont 1 300 inscrites sur la "Fiche S".

Composée d'anciens membres des Zouaves Paris et du Bastion Social, deux groupes déjà dissous, la Division identitaire Martel s'est constituée au cours du second semestre 2022.

Elle s'est fait connaître en décembre lors d'une tentative d'agression contre des supporters maghrébins lors de la demi-finale de la Coupe du monde France-Maroc.

Plusieurs militants du groupe étaient également présents fin avril à Saint-Brévin, où une manifestation contre un centre d'accueil pour demandeurs d'asile a donné lieu à des affrontements.

Selon le ministère de l'intérieur, au moins un membre du groupe est soupçonné d'être impliqué dans les violences de Romans-sur-Isère.

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"Depuis plusieurs mois, les services travaillent sur ce groupuscule qui vise à promouvoir l'usage de la violence pour favoriser l'avènement d'une suprématie nationaliste et xénophobe", a déclaré le ministère de l'Intérieur à l'AFP.

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