Plusieurs ministres (Ukraine, Pologne et pays baltes) ont boycotté une rencontre de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.
Signe des vives tensions qui opposent durablement la Russie à l'Occident en raison de l'agression russe en Ukraine, la réunion de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'est ouverte ce jeudi en Macédoine du Nord, mais en l'absence remarquée des ministres des Affaires étrangères de l'Ukraine, de la Pologne et des pays baltes qui protestent contre la présence de Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe.
Ce dernier est arrivé sur place jeudi matin "malgré les intrigues des ennemis", a réagit sur Telegram la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
La Bulgarie, qui a d'abord autorisé M. Lavrov - visé par des sanctions occidentales pour le conflit en Ukraine - à survoler son espace aérien, a ensuite révoqué cette autorisation en raison de la présence dans son avion de Mme Zakharova, sanctionnée elle aussi et interdite d'entrée dans l'Union européenne, selon la même source.
L'avion de M. Lavrov est finalement arrivé en Macédoine du Nord via l'espace aérien grec, selon les agences de presse russes.
La décision "d'autoriser [Sergueï] Lavrov à participer est conforme à notre objectif commun de maintenir le multilatéralisme en vie", a estimé de son côté le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.
M. Lavrov "a besoin d'entendre de tout le monde, à nouveau, pourquoi la Russie est condamnée et isolée. Ce sera pour lui une bonne occasion d'écouter les participants à cette réunion lui dire pourquoi la Russie est condamnée et isolée. Il pourra alors rapporter au maître du Kremlin que l'Union européenne et l'OSCE restent unies pour déplorer le comportement agressif et illégal de la Russie", a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis, représentés mercredi à l'OSCE par le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken qui s'est rendu jeudi en Israël pour tenter d'obtenir la prolongation de la trêve à Gaza, soutiennent également mordicus ce forum européen installé dans le palais impérial des Habsbourg.
Ce forum de dialogue entre Est et Ouest traverse la plus grave crise depuis sa création il y a 48 ans, paralysé par l'invasion russe de l'Ukraine.
Estoniens, Lettons, et Lituaniens estiment que la présence de M. Lavrov "risque de légitimer l'agresseur qu'est la Russie en tant que membre à part entière de notre communauté de nations libres".
L'Ukraine a également fustigé la présence "d'un État qui a déclenché la plus grande agression armée en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale".
Une présence aussi jugée "inacceptable" par Varsovie, qui avait refusé en 2022 de permettre au ministre russe des Affaires étrangères de participer à la réunion de l'OSCE qu'elle accueillait, suscitant des protestations de Moscou.
L'OSCE a failli se retrouver sans présidence en 2024 --et partant, sans budget. Malte a accepté in extremis de prendre la présidence à la place de l'Estonie, Moscou ne voulant pas entendre parler d'un membre de l'Otan à ce poste stratégique.
Cette décision devrait être entériné à Skopje.
La France y est représentée par sa secrétaire d'État chargée de l'Europe, Laurence Boone. "Je suis ici pour rappeler notre soutien à l'Ukraine" a-t-elle dit à l'AFP, et pour "montrer que malgré l'obstruction russe, nous arrivons à faire fonctionner l'OSCE ".
L'OSCE a été crée en 1975, lorsque les blocs des Occidentaux et des Soviétiques s'étaient entendus pour créer une plateforme de dialogue entre les deux camps ennemis. Elle réunit aujourd'hui 57 pays.