Attentat près de la Tour Eiffel : l'assaillant "assume" son acte

Des anonymes ont déposé des fleurs sur les lieux de l'agression mortelle près de la Tour Eiffel
Des anonymes ont déposé des fleurs sur les lieux de l'agression mortelle près de la Tour Eiffel Tous droits réservés DIMITAR DILKOFF/AFP or licensors
Tous droits réservés DIMITAR DILKOFF/AFP or licensors
Par euronews avec agences
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

L'auteur de l'attaque mortelle au couteau samedi près de la tour Eiffel "assume et revendique totalement son geste" lors de sa garde à vue toujours en cours lundi.

PUBLICITÉ

L'auteur de l'attaque au couteau qui a fait un mort et deux blessés samedi près de la Tour Eiffel "assume et revendique totalement son geste" et "tout laisse à penser qu'il a agi tout seul", a indiqué lundi à l'AFP une source proche de l'enquête.

Lors de sa garde à vue, il dit avoir agi en "réaction à la persécution des musulmans dans le monde". Il apparaît "très froid et clinique et désincarné", a ajouté cette source.

Les faits

L'attaque s'est passée en bord de Seine vers 21 h 30 entre le quai de Grenelle et Bir Hakeim, dans les cossus 15e et 16e arrondissements. A quelques encablures à peine de la tour Eiffel et autres lieux prisés des touristes, particulièrement animés le week-end.

L'assaillant, Armand Rajabpour-Miyandoab, âgé de 26 ans, s'en est d'abord pris à un groupe de trois personnes d'origine philippine quai de Grenelle, selon les faits rapportés par le procureur antiterroriste Jean-François Ricard lors d'une conférence de presse dimanche soir.

L'attaquant a porté deux coups de marteau et quatre coups de couteau à l'une des trois personnes, un homme à la double nationalité philippine et allemande, qui est décédé.

Les deux autres personnes n'ont pas été blessées physiquement, a souligné le procureur.

Un chauffeur de taxi, voyant la scène, a crié sur l'agresseur qui a alors pris la fuite, passant de l'autre côté du pont après avoir lancé "Allah Akbar", a souligné Jean-François Ricard.

Des policiers rapidement dépêchés sur place l'ont poursuivi. Face à eux, Armand Rajabpour-Miyandoab a de nouveau crié "Allah akbar", faisant croire qu'il portait une ceinture d'explosifs.

Il a alors frappé de nouveau deux passants au niveau de la tête avec un marteau. Il s'agit d'un Français de 60 ans et d'un Britannique de 66 ans, blessé à l'oeil, selon le parquet national antiterroriste (Pnat).

L'assaillant a été ensuite interpellé près d'un square après avoir reçu deux coups de pistolet à impulsion électrique.

Il se trouve depuis en garde à vue à la section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne.

Trois membres de sa famille ou de son entourage ont également été placées en garde à vue, selon le procureur antiterroriste.

Les victimes

Il y a d'abord un groupe de trois personnes d'origine philippine : un homme de 23 ans, qui a aussi la nationalité allemande, est décédé après avoir reçu des coups de couteau et de marteau. Sa compagne n'a pas été attaquée "physiquement" mais est "extrêmement choquée", selon M. Darmanin.

Le médecin urgentiste qui a pris les victimes en charge a précisé à l'AFP que l'homme décédé était infirmier, tout comme sa compagne.

Selon Jean-François Ricard, les deux personnes qui accompagnaient la victime décédée "restent particulièrement choquées". "Elles sont encore sous surveillance médicale et n’ont pu être entendues pour le moment", a dit le procureur.

De leur côté, les deux hommes attaqués au marteau "sont aujourd'hui en bonne santé" physique, a précisé dimanche le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau. Ils ont eu des "traumatismes superficiels", mais leurs "traumatismes psychologiques vont être immenses".

Ils sont rentrés chez eux, a indiqué M. Ricard.

Le portrait de l'assaillant

Armand Rajabpour-Miyandoab est un Franco-iranien de 26 ans, né à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) de parents réfugiés iraniens.

PUBLICITÉ

Dans un décret de naturalisation publié au Journal officiel en 2002, il est présenté avec le prénom "Iman", mais dans la sphère jihadiste il se faisait appeler "Amine" et demandait à ses parents de faire de même.

Cet homme au "profil très instable, très influençable", selon une source sécuritaire à l'AFP, avait déjà été interpellé en 2016 par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour un projet d'action violente à La Défense, un quartier d'affaires à l'ouest de Paris.

A l'époque étudiant en biologie, il avait été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme, dont un an avec sursis et mise à l'épreuve pendant trois ans.

Sorti de prison en 2020, il était suivi pour des troubles psychiatriques importants et était inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infraction terroriste (Fijait).

Compte tenu de certains incidents, en particulier d'une prise de contact via les réseaux sociaux avec (...) le futur auteur de l'assassinat de Samuel Paty, le Pnat avait obtenu un renforcement des obligations auxquelles l'individu était soumis, a rapporté le procureur.

PUBLICITÉ

Après une nouvelle expertise psychiatrique, il était soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur, jusqu'à fin avril 2023.

Fin octobre, sa mère avait signalé aux services de police son inquiétude quant au comportement de son fils, qui "se renfermait sur lui-même", a relaté le procureur antiterroriste.

Armand Rajabpour-Miyandoab est issu d'une famille sans aucun engagement religieux. Il s'était converti à l'islam à l'âge de 18 ans en 2015 et a très rapidement versé dans l'idéologie islamiste, selon le récit de Jean-François Ricard.

Il avait noué des liens avec des individus ancrés dans l'idéologie djihadiste dont certains déjà actifs en zone irakienne.

L'assaillant, fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT), a publié une vidéo de revendication en arabe sur les réseaux dans laquelle il fait allégeance au groupe Etat islamique.

PUBLICITÉ

Cette vidéo était mise en ligne sur son compte X (ex-Twitter), qui comportait "de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine", selon le procureur antiterroriste. 

Plus de 5000 personnes radicalisées en France

Environ 5 200 personnes sont connues pour radicalisation en France, dont 1 600 personnes sont particulièrement surveillées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon une source au sein du renseignement, qui précise que 20% de ces 5.000 personnes ont des troubles psychiatriques.

La France est "durablement sous le coup de la menace islamiste radicale", a insisté dimanche soir Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur a envoyé un télégramme aux préfets, leur demandant une "extrême vigilance" lors de Hanouka, la fête juive des lumières, de jeudi au 15 décembre.

L'attaque est survenue moins de deux mois après celle d'Arras (Pas-de-Calais). Un enseignant avait été tué et le plan Vigipirate relevé au niveau maximal "urgence attentat".

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Le Moulin rouge à Paris privé de ses ailes après un incident

Les journalistes ont eu un accès rare au sous-marin français à propulsion nucléaire de classe Rubis

Elections européennes : les Républicains font campagne sur l'immigration à Menton