La guerre en Ukraine aura aussi un impact environnemental considérable

La destruction du barrage de Kakhovka en Ukraine a eu un impact considérable sur l'environnement
La destruction du barrage de Kakhovka en Ukraine a eu un impact considérable sur l'environnement Tous droits réservés Evgeniy Maloletka/Copyright 2020 The AP. All rights reserved
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Par euronews avec agences
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En pleine conférence sur le climat à Dubaï, des experts ont calculé l'énorme coût environnemental de la guerre en Ukraine causé par la Russie. Moscou devra aussi répondre de crime écocide après la destruction du barrage de Kakhovka.

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Carburant, incendies, reconstructions futures ... le bilan carbone de l'invasion russe en Ukraine est estimé à 150 millions de tonnes d'émissions équivalent CO2, plus que celui de la Belgique en un an, a déclaré lundi à Dubaï une vice-ministre ukrainienne, s'appuyant sur une analyse d'experts.

"La guerre a eu des conséquences dévastatrices sur l'environnement, l'air, la terre et l'eau ont été pollués à cause des combats", s'est indignée Viktoria Kireïeva, vice-ministre de la Protection de l'environnement et des ressources naturelles, en marge de la COP28.

Cette estimation a été menée par une équipe d'experts, l'Initiative on GHG Accounting of War, conduite par un spécialiste des émissions de carbone, Lennard de Klerk.

"La guerre elle-même est à l'origine de 25% de ces émissions", a détaillé M. de Klerk lors d'une conférence de presse commune avec la vice-ministre ukrainienne, expliquant que celles-ci sont majoritairement dues à la consommation d'énergies fossiles par les armées russe et ukrainienne.

Les nombreux incendies, particulièrement courants près de la ligne de front et provoqués par les combats, comptent eux pour 15% du bilan, a ajouté l'expert.

Les émissions dues aux déplacements des réfugiés, mais aussi aux détours que doivent faire les avions civils pour contourner les zones qui ne peuvent plus être survolées, ont également été pris en compte.

Destruction du barrage de Kakhovka

Mais 36% du total est attribué à la reconstruction des bâtiments et infrastructures détruits en Ukraine, qui "sera, à l'avenir, la plus grande source d'émissions", a indiqué Lennard de Klerk.

De nombreuses villes sont désormais en ruine et les rebâtir risque d'être long et polluant, selon les spécialistes. 

A elle seule, la destruction du barrage de Kakhovka en juin dernier, dans le sud de l'Ukraine, a causé des dégâts très importants.

Cette catastrophe fait désormais l'objet d'une enquête officielle pour le premier écocide attribué à l'armée russe.

La rupture d'une partie de l'édifice avait provoqué d'importantes inondations dans la partie méridionale du territoire ukrainien, fait des dizaines de morts, et 13 milliards d'euros de dégâts, selon l'ONU.

Moscou et Kyiv se sont rejetés la responsabilité de cette catastrophe mais le barrage se trouve en zone contrôlée par les Russes, et l'armée ukrainienne estime que ceux-ci cherchaient à freiner une contre-offensive en inondant la région.

"On est des pionniers", explique le procureur ukrainien Ignatenko, 32 ans. "On va utiliser toutes les méthodes possibles pour collecter les preuves".

A la tête d'une équipe composée d'écologistes et supervisée par la police scientifique, le magistrat, droit comme un I dans son T-shirt militaire, pose son doigt sur une carte.

Pollution des sols

Le chef d'accusation d'écocide a été intégré au code pénal ukrainien depuis 2001.

Pour enquêter sur les conséquences de la destruction du barrage, Maksym Popov, conseiller spécial pour les crimes environnementaux auprès du procureur général ukrainien, a déployé "172 procureurs et 285 enquêteurs" et a l'intention de poursuivre la Russie "dans les juridictions ukrainienne et internationale".

Cependant, le statut de Rome régissant les lois de la Cour pénale internationale ne prévoit pas le crime d'écocide, mais son article 8 définit des crimes de guerre dommageable à l'environnement. Et la plainte pourrait difficilement aboutir notamment car il faudrait prouver que la Russie voulait intentionnellement détruire l'environnement.

Pour que sa plainte aboutisse, l'Ukraine devra aussi prouver la responsabilité de la Russie dans l'explosion du barrage. "C'est notre conviction" et "une autre investigation est ouverte en ce sens", assure M. Ignatenko, en scellant de la terre dans un sac au logo de police.

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