La valeur réelle de la PAC "a baissé de 30 % en raison de l'inflation"

Manifestation d'agriculteurs à Bruxelles le 26 février 2024
Manifestation d'agriculteurs à Bruxelles le 26 février 2024 Tous droits réservés Lukasz Kobus/ EC - Audiovisual Service
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Par Isabel Marques da Silva
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Les agriculteurs européens ont à nouveau fait entendre leur voix à Bruxelles. Près d’un millier de tracteurs se sont rassemblés dans le quartier européen provoquant des échauffourées. Ils réclament des moyens supplémentaires pour vivre de leurs productions.

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Des scènes de quasi-bataille se sont à nouveau déroulées à Bruxelles avec comme protagonistes les agriculteurs et la police. Environ un millier de tracteurs sont revenus dans le quartier européen.

Les manifestants ont brûlé des pneus, des poubelles pour attirer l'attention des ministres de l'Agriculture de l'UE qui se réunissaient au même moment à quelques dizaines de mètres de là. Les agriculteurs dénoncent la faiblesse de leurs revenus, l'excès de bureaucratie et l'utilisation inefficace des subventions européennes.

Euronews a interrogé João Pacheco, chercheur au centre de réflexion Farm Europe, sur la situation du secteur agricole européen.

Euronews :

Quelles sont les mesures envisageables à court et à moyen terme pour les agriculteurs ?

João Pacheco :

Je pense qu'ils ont raison, car leurs revenus ont baissé. C'est absolument incroyable. Si vous regardez ce qui s'est passé au cours des 20 dernières années, les revenus ont diminué de deux chiffres dans la plupart des Etats membres. Je pense donc qu'il est important de faire deux choses. La première est d'augmenter la demande pour leurs produits en Europe. Et ils doivent répondre à une demande accrue, principalement dans le secteur de la bioéconomie. Deuxièmement, il existe un certain nombre de pratiques dans la chaîne de commercialisation qui ne tiennent pas compte du fait que les agriculteurs sont des individus. Il y a des millions d'agriculteurs par pays, mais trois ou maximum cinq grandes chaînes de supermarchés qui ont un pouvoir de marché extraordinaire.

Euronews :

Les fonds de la Politique agricole commune (PAC) sont accusés de profiter aux grandes entreprises agroalimentaires. Une réforme est envisageable pour ajuster cette situation ?

João Pacheco :

Le problème est que la valeur réelle des subventions de la Politique agricole commune a baissé de 30 % en raison de l'inflation. Elle n'a pas été ajustée en fonction de l'inflation. En termes réels, les agriculteurs reçoivent donc moins de subventions alors que l'Europe leur demande d'en faire plus en termes de protection de l'environnement, de normes, etc. Le problème en Europe est qu'il y a un très grand nombre de petites et très petites exploitations, qui malheureusement ne sont pas rentables et ne le seront jamais.

Euronews :

L'UE a lancé cette stratégie, "De la ferme à la table", mais elle a toujours été très contestée. Pourquoi ?

João Pacheco :

La loi SURE sur les pesticides a été proposée, puis elle a été retirée par la Commission. Il devait y avoir une réduction de 50 % de l'utilisation des pesticides, indépendamment du fait qu'il existe ou non des alternatives. Une autre proposition sur le thème "De la ferme à la fourchette" consistait à réduire de 20 % l'utilisation d'engrais chimiques. Les plus grandes universités, le ministère américain de l'Agriculture, sont arrivés à la conclusion que cela réduirait la production en Europe de 15 à 20 %. La solution serait, à mon avis, de produire davantage en Europe mais de manière plus durable. Et la réponse est une meilleure technologie. On peut réduire l'utilisation de pesticides, d'engrais, etc, par unité de production.

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