"Le secret c'est la passion" : à la rencontre du phénomène Cecilia Bartoli

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Par Katharina Rabillon
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La légendaire mezzo-soprano italienne ouvre les portes de son quotidien à l'émission d'Euronews "Musica".

Elle est l’une des plus grandes artistes de notre époque, lauréate de cinq Grammy Awards et directrice artistique visionnaire. La légendaire mezzo-soprano italienne Cecilia Bartoli a ouvert les portes de son quotidien à l'équipe de Musica, l'émission d'Euronews.

C'est à Florence, berceau de l'opéra et centre culturel depuis la Renaissance,que Cecilia Bartoli a interprété le chef-d'œuvre baroque "Alcina" de l'un de ses compositeurs préférés, Georg Friedrich Händel.

"Florence est magique, c’est une ville merveilleuse, dit-elle. Le tout premier opéra a été créé et a été chanté ici même, à Florence."

Aux origines du phénomène

Cécilia doit son prénom à Sainte-Cécile, la patronne de la musique. Elle a toujours été entourée de musique. Ses deux parents étaient chanteurs d'opéra.

"C’est venu naturellement parce que ma mère chantait, raconte-t-elle. J'étais dans son ventre et elle chantait. C'était même peut-être plus naturel d'entendre chanter que d’entendre parler à la maison."

Sa mère, Silvana Bazzoni Bartoli, lui a transmis la passion de la musique. Elle a été son seul professeur. C’est grâce à son enseignement que Cecilia a trouvé sa voix unique.

"J'avais déjà réalisé, lorsqu'elle était enfant, qu'elle était très musicale, se souvient Silvana Bazzoni Bartoli. J'avais des facilités pour les notes hautes et je lui ai appris. Mais elle avait des prédispositions pour manier les aigus. Quand je jouais au piano, elle s'échappait avec sa voix et je n'arrivais pas à la suivre."

Cecilia est reconnaissante de la "solide technique" que lui a apporté sa maman. Née à Rome, la chanteuse est partie faire une carrière internationale. Elle est également connue pour ses enregistrements visionnaires. Elle a vendu plus de 10 millions d'albums et de DVD - plus que tout autre artiste de musique classique.

Instruments d'époque

En 2016, Cecilia Bartoli a réalisé un rêve en créant son propre orchestre d'instruments d'époque - "Les Musiciens du Prince", faisant revivre le son original de l'ère baroque.

"C'est devenu une équipe, un peu comme une famille, dit le chef d'orchestre Gianluca Capuano. Nous nous comprenons musicalement. Il suffit d’un seul regard, Cecilia avec nous et moi avec les musiciens."

"Nous nous connaissons, nous respirons ensemble, confirme Cecilia Bartoli. Et je pense que c'est vraiment fondamental : respirer ensemble et faire de la musique, c'est le secret."

Les musiciens de l'orchestre utilisent essentiellement des instruments ou des copies d'instruments qui étaient utilisés à l'époque du compositeur.

Le flûtiste de l'orchestre, Jean-Marc Goujon, est admiratif.

"Pourquoi est-elle si unique ? Parce que tout est simple avec elle, explique-t-il. Elle a ce privilège des très grands, qui est la simplicité. Quand elle arrive, automatiquement, elle capte la lumière et je dirais que chaque fois que l'on joue ensemble un morceau, on le recrée, c'est à dire qu'on est dans la magie de l'instant du concert. Il n'y a pas deux concerts identiques.“

Il y a encore de la musique qu'on ne connaît pas à découvrir.
Cecilia Bartoli

Cecilia Bartoli est une archéologue musicale passionnée. Elle a déniché des compositeurs et des chefs-d'œuvre longtemps oubliés.

"De grands musiciens ont eux-mêmes eu la curiosité d'aller chercher du répertoire et ils m'ont transmis ce désir de recherche, dit-elle. Je pense qu’il y a encore de la musique qu'on ne connaît pas à découvrir et que ça en vaut la peine."

La musique composée à l'origine pour les voix des castrats a suscité son intérêt, elle interprète certains de ces chefs-d'œuvre, comme ceux de Farinelli.

"Il avait une flexibilité dans la voix, explique-t-elle. Il arrivait à faire de choses tellement magnifiques dans la douceur, dans la grande agilité et aussi la pyrotechnie. Il pouvait vraiment dialoguer avec les instruments de l'orchestre."

Directrice de l'Opéra de Monte-Carlo

Cecilia Bartoli a récemment ouvert un nouveau chapitre de son époustouflante carrière. De la scène aux coulisses : elle est désormais la directrice de l'Opéra de Monte-Carlo. Elle est la première femme à occuper ce poste.

"C'est la première fois que je dirige un théâtre, dit-elle. Je viens de diriger un festival à Salzbourg, c'est un festival très important, celui de Pentecôte. Mais c'est vrai que diriger un théâtre, c'est autre chose et finalement, le secret, c'est la passion dans tout. C'est l’ingrédient le plus important, il y a la vision et passion.”

La nouvelle résidence artistique de Cecilia Bartoli est un joyau architectural inauguré en 1879. Il est l’œuvre de Charles Garnier, le célèbre concepteur de l'Opéra de Paris.

"Dès qu’on rentre, on arrive à ressentir tout de suite cette tradition incroyable, explique Cecilia Bartoli. C’est magnifique. C’est un lieu magique."

Pour l'ouverture de sa première saison, elle a invité le contre-ténor français de renommée mondiale Philippe Jaroussky.

"Je crois que je chantais avec Cecilia avant même de la rencontrer, dit-il. Mais je pense que je ne suis pas le seul chanteur. C'est à dire qu’effectivement, il y a eu un choc esthétique et émotionnel en découvrant ses albums. Je n'imaginais pas forcément partager la scène avec elle un jour."

"On a beaucoup de plaisir à jouer ensemble, poursuit-il. Il y a une alchimie entre tous les chanteurs. Il y a une volonté de se surpasser pour elle aussi, d'être à la hauteur de sa confiance, tout simplement. Et puis d'être inspirée par ce qu'elle propose qui est de toute façon, je pense, unique dans l'histoire de la musique."

Cecilia Bartoli a des projets ambitieux : son objectif est d'emmener le public dans un voyage musical à travers trois siècles. Sa passion pour la scène reste plus forte que jamais.

"Être sur scène, on ne peut pas comparer ça, confie-t-elle. Il n'y a pas de mots pour ça. On s’arrête. Tout le monde s’arrête de respirer. On est suspendu et c'est une autre dimension. On peut même parler d'un moment sacré."

Et de conclure : "Il faut se projeter vers la modernité, vers le futur, bien sûr, mais aussi avec un petit œil sur le passé. Le rêve, c'est d'être là et de continuer de faire de la belle musique, de continuer de vivre cette passion et de la partager.“

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