Eve Bécache : "La Covid-19 infiltre le quotidien"

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Par Valérie Gauriat
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Eve Bécache est psychiatre, et responsable de la plateforme téléphonique d’information et d’orientation LIVE à l’Hôpital psychiatrique du Vinatier à Lyon. Au micro de Valérie Gauriat, elle explique la manière dont la Covid-19 exacerbe les maux des personnes souffrant déjà de troubles mentaux.

Eve Bécache est psychiatre, et responsable de la plateforme téléphonique d’information et d’orientation LIVE à l’Hôpital psychiatrique du Vinatier à Lyon. Au micro de Valérie Gauriat, elle explique la manière dont la Covid-19 exacerbe les maux des personnes souffrant déjà de troubles mentaux, et les angoisses de tout un chacun.

Eve Bécache:

« Les effets de la crise sanitaire, c'est essentiellement l'isolement qui va avoir un impact sur les gens qui, naturellement, n’ont pas obligatoirement de troubles mentaux,

mais l'exacerbation de l'angoisse, le risque de l'expérience de la maladie, l'expérience de la maladie elle-même, qui peut être très déstabilisante, avec à ce moment là, la peur de mourir et la rencontre avec quelque chose de très inquiétant pour soi.

Et puis, chez des gens qui ont déjà des troubles mentaux, il y a l'isolement, il y a l'atténuation des réseaux par rapport au soin, des soins peut être moins en présentiel, et l'infiltration de la maladie et du Covid-19 dans la symptomatologie déjà existante.

Ce sont des gens qui sont très déprimés. Cela va risquer d'exacerber les troubles dépressifs, les troubles anxieux. Chez les gens qui sont délirants, il peut y avoir une entrée de la Covid-19 dans les thèmes délirants.

On l'entend, on le voit aux urgences, par exemple, des gens qui pensent qu'il y a un complot. Alors, la théorie du complot, on la rencontre déjà dans la presse. Mais si en plus, cela rentre dans des thèmes de persécution, de complot ou de toute puissance, de dire « c'est moi qui ai créé cette maladie » ou « c'est moi qui suis le grand organisateur », ou « c'est moi qui vais trouver le traitement » aussi bien, parce que il peut aussi avoir quelques idées grandioses.

On l'a trouvé chez d'autres gens, mais on peut aussi l'entendre chez nos patients.

Donc on trouve une exacerbation dans la maladie mentale, et une exacerbation des angoisses chez des gens qui n'ont pas obligatoirement de maladie mentale. Mais cela vient infiltrer quelque chose du quotidien. Et puis, des choses qui sont de l'ordre du normal.

C'est normal que l'on soit triste. C'est normal qu'on soit inquiet. C'est normal qu'on ait envie d'aller voir des amis et qu'on se sente enfermés à la maison.

Et tout cela, ce n'est pas de la maladie mentale, mais cela vient rentrer dans le quotidien. C'est normal qu'on s'inquiète parce qu'on risque de perdre son travail ou que son entreprise, dans laquelle on a mis tout son argent et toute sa vie, risque de s'effondrer.

Tout cela, c'est une constellation qui fait que la Covid-19 nous occupe au quotidien. Qu'on soit malade ou pas.

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