Comment l'UE combat les campagnes de désinformation de la Chine

Le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping
Le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping Tous droits réservés Li Xueren/Xinhua via AP Photo
Tous droits réservés Li Xueren/Xinhua via AP Photo
Par euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Après avoir traqué les campagnes de désinformation pro-Kremlin, l'agence européenne de lutte contre les fake news tente désormais de contrer la propagande chinoise.

PUBLICITÉ

Après avoir passé sept ans à traquer et à dévoiler les campagnes de désinformation pro-Kremlin dans l'Union européenne, l'agence européenne de lutte contre les fake news tente désormais de contrer la propagande chinoise.

Ces dernières semaines, deux rapports d'EUvsDisinfo ont été publiés en chinois. Il s'agit une première pour la Task Force qui publie habituellement ses rapports dans une ou plusieurs langues, principalement européennes.

Les deux rapports portent sur des fake news concernant la guerre en Ukraine.

"EUvsDisinfo a publié ces deux articles en chinois pour fournir au public sinophone des informations fondées sur des faits, afin de sensibiliser à la désinformation entourant la guerre en Ukraine", a expliqué un porte-parole de la Commission européenne à Euronews.

"Par le passé, EUvsDisinfo a rendu compte de l'alignement entre les sources pro-Kremlin et les sources chinoises contrôlées par le régime, par exemple sur le Covid-19, les violations des droits de l'homme au Xinjiang, en Afghanistan et en Ukraine. Le groupe de travail s'est également intéressé à la position de la Chine concernant l'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine", a-t-il ajouté.

Pékin a jusqu'à présent refusé de condamner Moscou pour son agression militaire et a réaffirmé son attachement à une relation bilatérale solide entre les deux pays.

Bruxelles, ainsi que Londres et Washington, ont mis en garde Pékin contre toute forme d'assistance qui aiderait Moscou à mener une guerre en Ukraine. Ils ont également condamné les commentaires des officiels chinois relayant les lignes officielles du Kremlin, bien que la Chine ait assuré vouloir rester neutre.

Le Kremlin estime notamment qu'il ne s'agit pas d'une guerre ni d'une invasion, mais d'une "opération militaire spéciale", et affirme que plusieurs usines d'armes biologiques parrainées par les États-Unis en Ukraine travaillaient sur des plans visant à attaquer la Russie en injectant des agents chimiques à des animaux migrateurs vivants.

La Chine cible l'UE avec des "messages anti-système"

Cette attitude a gravement porté atteinte à l'influence déjà réduite de Pékin au sein de l'UE, et ce malgré les sommes considérables investies au cours de la dernière décennie pour renforcer les liens.

Début mars, les législateurs européens ont appelé l'Union à s'armer de "sanctions spécifiques liées à l'ingérence étrangère et aux campagnes de désinformation". La résolution du Parlement européen désigne la Russie et la Chine comme les pires contrevenants.

"L'UE s'est lentement rendu compte, lors de la pandémie du Covid-19 et de la guerre en Ukraine, que ce n'était pas seulement la Russie mais aussi la Chine qui ciblait depuis des années le public européen avec des messages anti-système", a déclaré à Euronews Ivana Karaskova, fondatrice et directrice de MapInfluenceEU, qui cartographie l'influence chinoise et russe en Europe.

La bonne nouvelle, selon elle, est que le bloc européen a déjà légiféré pour rendre plus difficile pour les acteurs étatiques non européens d'investir dans les médias européens. Il devrait maintenant envisager de créer une loi visant à cibler les plateformes numériques et à promouvoir la liberté des médias.

"La Chine utilise les chaînes russes en Europe depuis un certain temps déjà. Toute mesure visant les sites de désinformation pro-Kremlin aura donc des effets secondaires sur la Chine également", a souligné Ivana Karaskova.

Selon la Commission, EUvsDisinfo dispose désormais d'une équipe dédiée qui se concentre spécifiquement sur la Chine, avec trois experts.

"Cette équipe, petite mais en pleine croissance, travaille en étroite collaboration avec la division Chine du Service européen pour l'action extérieure (SEAE) et avec d'autres zones géographiques, ce qui reflète la nature globale et intersectorielle des activités d'influence du Parti communiste chinois", a conclu sa porte-parole.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

"Il y a une guerre dans l'espace de l'information menée contre nous", prévient Vera Jourova

Relation Chine-Russie : “Le risque est de voir l’Occident s’isoler à son tour”

En Europe centrale, la Chine gagne en influence