Comment les pays européens s'attaquent au problème des jeunes hackers

Comment les autorités européennes veulent s'attaquer aux jeunes hackers
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Par Nichola DauntonEuronews
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Les pays européens cherchent de nouveaux moyens de lutter contre le piratage informatique des mineurs, en privilégiant de plus en plus les programmes de réhabilitation et de prévention.

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Les politiques élaborées pour lutter contre la hausse de la cybercriminalité varient d'un pays à l'autre. Certains prévoient des peines sévères pour le piratage informatique illégal. Mais de nombreux hackers ayant moins de 30 ans, une vie derrière les barreaux est-elle vraiment la réponse appropriée ?

"La cybercriminalité ne connaît pas d'âge", explique Mike Jones, ancien pirate informatique qui se fait appeler H4UNT3D Hacker.Et malheureusement, les enfants étant naïfs et vulnérables, ils représentent la majorité des cybercriminels".

Plutôt que d'envoyer de jeunes délinquants souvent naïfs en prison, de nombreux pays se tournent désormais vers la réadaptation et la prévention. Les agences de lutte contre la criminalité et les forces de police de toute l'Europe mettent en place des programmes visant à orienter les jeunes hackers vers des formes légales et souvent bien rémunérées de piratage informatique.

Ces emplois peuvent les aider à éviter une vie dans le système pénal et même leur permettre d'aider les institutions qu'ils menaçaient auparavant.

Comment les pays européens s'attaquent à la cybercriminalité ?

Le modèle néerlandais

Après avoir constaté qu'un nombre croissant de jeunes délinquants entraient dans le système de justice pénale en raison de piratages informatiques illégaux, la police néerlandaise a décidé qu'il était temps d'adopter une approche différente.

"La police néerlandaise a pris l'initiative d'apporter des réponses sous la forme d'une brigade de prévention des cyberdélinquants (COPS)", explique Floor Jansen, responsable de cette brigade.

"Nous travaillons avec des entreprises privées, le secteur public et des enseignants pour sensibiliser ces jeunes et les informer de ce qui est illégal ou pas et des conséquences pour eux-mêmes et pour les victimes", ajoute-t-elle.

"De cette manière, ils sont au moins en mesure de faire un choix éclairé, qu'ils deviennent des criminels ou des pirates informatiques éthiques."

Afin d'impliquer les jeunes, COPS a mis en place HACK_Right, un programme de réhabilitation pour les primo-délinquants âgés de 12 à 30 ans.

"L'objectif du projet est d'enseigner aux jeunes hackers qui maîtrisent la technologie comment utiliser leurs compétences informatiques à bon escient. Ce faisant, nous essayons de les empêcher de récidiver à l'avenir", explique Floor Jansen.

En réhabilitant les jeunes cybercriminels au lieu de les enfermer, la police néerlandaise est en mesure de préserver les compétences de ces individus, et de les utiliser au service de l'économie, du gouvernement ou des entreprises locales et internationales.

Le projet "Cybercrime Exit" de la Finlande

Le modèle néerlandais a depuis été reproduit dans des pays tels que le Danemark et la Finlande. La police finlandaise a par exemple lancé le projet "Cybercrime Exit" en 2020. Ciblant les jeunes âgés de 12 à 25 ans, l'opération vise à leur apprendre la différence entre les activités de piratage légales et illégales et à les détourner d'une activité criminelle.

Le programme "Cyber Choices" du Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, l'Agence nationale de lutte contre la criminalité (NCA) a organisé son premier camp de week-end pour les cybercriminels en 2017. Un cours organisé par Cyber Security Challenge UK a présenté aux anciens délinquants des moyens légaux d'utiliser leurs compétences, comme le travail dans la cybersécurité.

La NCA a également mis en place Cyber Choices, un portail en ligne destiné à sensibiliser les parents et les tuteurs aux risques de la cybercriminalité et à la manière de guider les enfants techniquement doués sur la bonne voie, tout en veillant à ce qu'ils soient conscients de ce qui se passera s'ils s'engagent dans une activité illégale.

Le piratage informatique crée-t-il une dépendance ?

Pourquoi tant de jeunes ont-ils besoin d'être réhabilités ? M. Jones, qui tente aujourd'hui de les aider, pense que les hackers peuvent facilement tomber dans la dépendance.

"Le piratage et la dépendance vont de pair, affirme-t-il.Toute personne ayant une faiblesse pour les addictions peut facilement devenir dépendante d'une poussée d'adrénaline. Et c'est exactement ce que le piratage fournit".

L'étude "Youth Pathways into Cybercrime" réalisée en 2016 par Europol suggère qu'il existe des parallèles entre le piratage informatique et la dépendance à des substances telles que les drogues et l'alcool, en raison de la libération rapide de dopamine induite par le piratage informatique.

Rendre des emplois aussi excitants que le piratage informatique est donc un défi pour les entreprises qui espèrent recruter d'anciens pirates informatiques, comme l'explique Erik van Oosbree.

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"Mon métier consiste principalement à effectuer des tests d'intrusion sur des applications web et des réseaux internes pour de grandes organisations et des gouvernements", dit-t-il.

"Je change quasiment chaque semaine d'entreprise, je teste des systèmes différents, ce qui me permet de répondre à la demande. Je peux le faire légalement et je trouve ce choix de carrière vraiment intéressant."

Outre les tests d'intrusion, les anciens jeunes délinquants peuvent également envisager des emplois dans le domaine de la cybersécurité, du piratage éthique et même travailler en tant qu'informateurs de gouvernements, pour aider à interpeller d'autres cybercriminels.

Le travail de prévention

Floor Jansen estime que des interventions de prévention sont toujours préférables à l'incarcération des jeunes délinquants.

"Les enfants repoussent toujours les limites, que ce soit hors ligne ou en ligne, dit-elle.En tant que forces de l'ordre, nous devrions être présents dès le début, avec des interventions préventives. Et pas seulement avec des arrestations, parce que c'est vraiment une perte de temps, d'argent et de talent."

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Si certains jeunes hackers savent que ce qu'ils font est illégal, pour d'autres, la prévention d'une vie criminelle peut être aussi simple que de leur donner des conseils sur la frontière entre activité légale et illégale afin qu'ils ne la franchissent pas.

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