À Madrid, un patient concerné à quatre reprises ces dix dernières années par une résistance aux antimicrobiens nous raconte le sentiment d'impuissance qu'il a enduré en y étant confronté. Cette inefficacité de ce type de médicaments représente un défi sanitaire d'ampleur dans l'UE.
Alors que la Commission européenne a fait des propositions en vue de réduire la consommation d'antimicrobiens de 20%, un patient nous apporte son témoignage sur la résistance à ces produits qui peuvent être des antibiotiques, antiseptiques ou antifongiques.
À Madrid, Iñaki Morán, 63 ans, directeur d'une entreprise de livraison à la retraite, a été confronté au cours des dix dernières années, à quatre épisodes de résistance à ces médicaments. Son combat contre les bactéries multirésistantes était loin d'être simple alors qu'il est aujourd'hui atteint d'une bronchopneumopathie chronique obstructive (ou BPCO) et qu'il a été traité pour des cancers du colon et du poumon.
"Je n'ai pas pu retrouver mon état d'avant la crise"
"Il s'agit généralement d'un traitement administré par voie intraveineuse, vous restez à l'hôpital pendant quelques jours pour les premiers examens," raconte le président de l'association de patients EPOC España. "Ensuite, on vous renvoie chez vous avec une petite machine accrochée à votre bras ; toutes les huit heures, le médicament est injecté dans vos veines et le lendemain, le médecin de l'hôpital de départ se rend à votre domicile pour s'occuper de vous," indique-t-il.
"En tant que patient respiratoire, du fait de ma bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), chaque fois que j'ai été admis pour une résistance aux antimicrobiens, je n'ai en toute logique pas pu retrouver à 100% l'état dans lequel j'étais avant la crise," fait remarquer Iñaki Morán.
"Vous vous sentez impuissant"
"Au final, vous prenez des médicaments, vous prenez tout, vous êtes isolé parce que vous ne sortez pas de chez vous ou alors, vous êtes isolé dans une chambre d'hôpital," poursuit-il. "Vous vous sentez impuissant et surtout, moralement, cela vous affecte et cette impuissance s'accroît," affirme-t-il.
"Loin de vous dire : 'Bon, je m'en suis sorti, c'est fini', vous finissez par vous poser cette question : quand est-ce que cela se produira à nouveau ?" interpelle Iñaki Morán. "Donc, en fin de compte, cela vous diminue, cela vous laisse impuissant face à ces circonstances et vous ne pouvez absolument rien y faire," dit-il.
"Même si vous prenez des mesures préventives dont les médecins vous parlent toujours - lavage des mains, propreté -, la réalité est là malgré tout : c'est triste, mais c'est comme cela," conclut-il.