Politique de l'UE. Les actionnaires de Nestlé font pression sur l'entreprise après le scandale du sucre

Les actionnaires de Nestlé demandent à la société d'augmenter le nombre de produits alimentaires sains
Les actionnaires de Nestlé demandent à la société d'augmenter le nombre de produits alimentaires sains Tous droits réservés LAURENT GILLIERON/AP2009
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Par Marta Iraola Iribarren
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Cet article a été initialement publié en anglais

Les actionnaires de Nestlé demandent à l'entreprise de proposer davantage d'aliments sains, suite à un scandale concernant des aliments pour bébés à forte teneur en sucre. La résolution sera votée lors de l'assemblée générale de la société aujourd'hui (18 avril).

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Un large groupe d'investisseurs, comprenant Legal and General Investment Management (LGIM) - dont les investissements s'élèvent à un total de 1,68 trillion de dollars d'actifs sous gestion - soutient la résolution qui sera votée lors de l'assemblée générale annuelle de Nestlé à Lausanne, en Suisse.

"Comme Nestlé n'a pas encore expliqué comment ils envisagent de modifier leur stratégie de vente en faveur d'aliments plus sains, les investisseurs concernés n'ont pas d'autre choix que de présenter une résolution lors de l'assemblée générale annuelle de la société en avril", déclare Catherine Howarth, directrice générale de ShareAction, l'ONG qui a coordonné la résolution.

L'année dernière, Nestlé a annoncé de nouveaux objectifs en matière de santé, s'engageant à augmenter de 50 % les ventes de produits plus nutritifs d'ici à 2030, ce qui, selon les actionnaires, n'est pas assez ambitieux.

La résolution demande qu'un objectif internationalement reconnu soit fixé pour réduire de manière significative les ventes d'aliments non sains dans le monde.

Sur la page web de Nestlé, on peut lire que "guidés par l'objectif de notre entreprise - améliorer la qualité de vie et contribuer à un avenir plus sain - nous concentrons nos efforts pour que nos marques de produits permettent des vies plus saines".

Catherine Howarth affirme dans un communiqué de presse que, malgré les affirmations de l'entreprise, des produits contenant des niveaux élevés de sel, de sucre et de graisses représentent les trois quarts des ventes mondiales de Nestlé.

L'entreprise au cœur d'un scandale

L'appel des investisseurs intervient dans le cadre d'un scandale sur les aliments pour bébés à forte teneur en sucre vendus par Nestlé dans les pays à revenus faibles et moyens, révélé par une enquête de Public Eye et de l'International Baby Food Action Network (IBFAN).

L'entreprise contrôle 20 % du marché mondial des aliments pour bébés, qui représente près de 70 milliards de dollars (65 milliards d'euros). Dans les pays à faibles et moyens revenus, les marques d'aliments pour bébés de Nestlé ont rapporté plus de 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros) en 2022, selon Euromonitor.

L'enquête montre que ces marques d'aliments pour bébés présentées comme saines et "essentielles au développement des jeunes enfants" contiennent en réalité des niveaux élevés de sucre ajouté.

Par ailleurs, l'enquête révèle une différence de quantité de sucre dans les produits en fonction des pays, et conclut que "pour Nestlé, tous les bébés ne sont pas égaux en ce qui concerne le sucre ajouté".

L'étude montre qu'en Suisse, Nestlé promeut ses céréales au goût de biscuit pour les bébés âgés de six mois et plus avec la mention "sans sucre ajouté", alors qu'au Sénégal et en Afrique du Sud, ces mêmes céréales contiennent 6 grammes de sucre ajouté par portion.

Les chercheurs ont analysé 115 produits vendus par Nestlé sur ses principaux marchés d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine et ont constaté qu'au moins 94 % d'entre eux contenaient des sucres ajoutés

Ils ont déterminé la quantité exacte de sucre ajouté dans 67 de ces produits, qui s'élevait en moyenne à près de 4 grammes par portion, soit l'équivalent d'un morceau de sucre. La quantité la plus élevée - 7,3 grammes par portion - a été identifiée dans un produit destiné aux bébés de six mois aux Philippines.

Dans son communiqué de presse, ShareAction avertit que le modèle d'entreprise actuel de Nestlé repose trop fortement sur la vente d'aliments malsains et que "l'absence d'adaptation de ce modèle a un coût humain".

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande d'éviter la consommation de boissons sucrées et d'aliments contenant des sucres ajoutés au cours de la première année de vie.

L'OMS conseille également d'interdire les sucres ajoutés dans tous les aliments pour bébés et précise que l'apport total en sucre doit être limité à 15 % de l'apport énergétique.

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