Retour sur la candidature historique de Christiane Taubira et l'attitude des médias

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Par Euronews
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Christiane Taubira a donné son nom à la loi qui reconnaît la traite des Noirs et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Une loi votée le 10 mai 2001.

Un an plus tard, la députée de Guyane fut porteuse d’espoir pour des dizaines de milliers de Français lassés d‘être ignorés par la classe politique, économique, ainsi que par le petit et le grand écran. Candidate du PRG, parti radical de gauche, Christiane Taubira obtint 660 447 voix, soit 2,32 % des suffrages. Mais pendant sa campagne, sa candidature ne fut pas présentée par les principaux médias français comme historique, aucune personne non blanche n’ayant été, jusqu‘à cette année-là, candidate officielle à une élection présidentielle sous la Vème République. Seuls des magazines ayant notamment comme lecteurs des Afro-Antillais soulignèrent ce caractère inédit.

« C’est tout à fait vrai, nous a confirmé Christiane Taubira, mais il y a deux choses. La première, c’est qu’il y a une véritable endogamie dans l’aristocratie politique et médiatique. Et cette endogamie les conduit à rester sur leurs codes et sur leurs repères. Donc, j’ai été perçue comme candidate de minorités, comme candidate d’outre-mer, comme une candidate marginale et c’est bien ainsi qu’ils m’ont présentée tout le long de la campagne. Donc, forcément, c’est ce que ça renvoyait aussi comme image dans la société. Mais il y a un autre aspect tout à fait intéressant, c’est qu’au niveau des parrainages par exemple, j’en ai reçus de toute la France. Et au niveau du scrutin lui-même, j’ai eu des voix dans pratiquement toute la France. C’est-à-dire qu’on a quand même, d’un côté, ce que j’appelle une aristocratie politique et médiatique qui fonctionne sur des codes communs et puis, de l’autre côté, une société qui est plus ouverte, plus poreuse, plus perméable, plus réceptive à des voix qui contribuent à la pluralité justement de la France ».

Le contraste a été flagrant entre le quasi-silence de la classe médiatique et politique autour du caractère historique de la candidature de la députée de Guyane -qui, après le premier tour, fut même considérée comme « une des responsables » de l‘échec du premier ministre socialiste Lionel Jospin – et le déluge d’enthousiasme de ces mêmes milieux autour de la percée du métis Barack Obama aux primaires démocrates aux Etats-Unis.

Michèle Bouchet

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