Jamshid Assadi : "La situation en Iran va encore se détériorer"

Jamshid Assadi : "La situation en Iran va encore se détériorer"
Par Euronews
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Jour après jour, la monnaie iranienne perd du terrain face au dollar. En une semaine, le rial a cédé environ un tiers de sa valeur. Depuis plus d’un an, ce sont deux tiers qu’il a perdu. De plus en plus critiqué par le Parlement, le président iranien a décidé de monter au créneau ce mardi. Mahmoud Ahmadinejad a accusé les puissances occidentales de mener une “guerre psychologique” contre l’Iran. “Les ennemis ont réussi à réduire nos ventes de pétrole, a-t-il déclaré, mais nous allons compenser ce manque à gagner”. Le président iranien affirme que la banque centrale a suffisamment de devises pour payer la facture des importations, mais les experts économiques étrangers en doutent. Et la population iranienne se pose de plus en plus de questions.

Reihaneh Mazaheri, pour Euronews,
a interrogé le professeur Assadi, chercheur et enseignant en économie à Paris.
La valeur de la monnaie iranienne ces dernières années a beaucoup fluctué, mais elle
a atteint un record sur le marché, pour quelle raison?

Dr. Jamshid Assadi, professeur-chercheur Burgundy Business School:
Cette crise a commencé il y a environ un an. Cela dit, on a observé une baisse régulière de la valeur du Rial par rapport au Dollar ou à l’Euro. La raison principale, c’est le manque de confiance des Iraniens, que ce soit les familles ou les entrepreneurs, à l‘égard du régime. Avec
l’instabilité du rial, les gens ont préféré investir en dollar. C’est logique : la demande en dollar augmente et comme l’offre baisse, le taux de change augmente de plus en plus.

Euronews:
Le porte-parole du Département d’Etat américain voit dans cette crise du rial un lien avec les sanctions imposées par la communauté internationale contre le programme nucléaire iranien. A votre avis, est-ce que les sanctions ont touché l‘économie iranienne?

Dr. Jamshid Assadi:
Depuis la révolution, les politiques économiques du gouvernement ont malheureusement toujours echoué. C’est un point faible de l‘économie iranienne. En outre, aujourd’hui, il y a les sanctions internationales, des sanctions qui ont aggravé la situation. Pourtant l’inflation importante, le chômage existaient déjà avant les sanctions. Mais à présent, les sanctions stigmatisent le poids de la crise économique.
D’un coté, la crise est liée à la structure d’une économie complètement malade, la politique
économique de la république islamique est contre le progrès économique depuis le début. Mais avec l’arrivée d’Ahmadinejad au pouvoir, tout a empiré : par exemple, du fait d’une mauvaise
politique en matière d’import-export, la plupart des entreprises iraniennes ont fait faillite ces dernières années. Et la corruption du gouvernement n’arrange pas les choses.

Euronews:
Une partie de l’opposition iranienne estime que le gouvernement et particulièrement Mahmoud Ahmadinejad sont la raison principale de cette fluctuation sur le marché. Selon elle, ils tirent bénéfice des turbulences des marchés. Etes-vous d’accord?

Dr. Jamshid Assadi:
C’est vrai qu’Ahmadinejad a une part importante dans cette crise, même s’il ne faut pas oublier la responsabilité des autres dirigeants du régime. Mais depuis qu’il est arrivé au pouvoir, la crise s’est intensifiée. En fait, Ahmadinejad tire parti de cette situation. Le gouvernement possède encore des devises et profite de la différence entre le taux de change officiel et le taux de change du marché noir.

Euronews:
A votre avis, cette crise va t-elle durer longtemps?

Dr. Jamshid Assadi:
Malheureusement, je crois que la situation va encore se détériorer. La raison est simple : il y a le manque de confiance des Iraniens envers le régime dans tous les domaines, économique, politique… Mais le spectre de la guerre avec Israel fait aussi que la plupart des gens veulent soit émigrer, soit mettre leurs économies à l’abri à l‘étranger.

Euronews:
Selon vous, quel est le point faible de l‘économie iranienne à l’heure actuelle et combien de temps le gouvernement peut il tenir avec cette crise?

Dr. Jamshid Assadi:
Tant que la colonne vertébrale de l‘économie iranienne reste le pétrole et que celui-ci ne peut pas être vendu sur le marché international à cause des tensions avec la communauté internationale, il n’y aura aucune solution pour résoudre cette crise. Le régime est obligé de négocier avec la communauté internationale, surtout sur le dossier du nucléaire iranien, et d’accepter les conditions proposées par la communauté internationale. Surtout, n’oublions pas que les Iraniens n’ont pas besoin de l‘énergie nucléaire pour l’instant.

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