Bonus interview : un homosexuel iranien en exil

Bonus interview : un homosexuel iranien en exil
Par Euronews
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En Iran, l’homosexualité est passible de la peine de mort. Depuis la révolution islamique de 1979, les organisations de défense des droits de l’homme estiment que plusieurs centaines d’homosexuels ont été exécutés.
Nous donnons la parole à l’un d’entre eux, réfugié en Turquie il y a quelques mois, après que lui et son compagnon aient été menacés par les autorités. Il tient à cacher son identité, pour des raisons de sécurité.

Interview.

“On avait commencé notre vie commune ; on partageait un appartement. Cela faisait quatre ou cinq ans que l’on vivait ensemble. Un beau jour, quelqu’un a dénoncé notre relation, sur le lieu de travail de mon ami.

Il avait des photos de nous sur son ordinateur. Un de ses collègues les a vues et en a informé le bureau se sécurité de son entreprise, liée aux services de renseignements du ministère de l’intérieur.

Il était fonctionnaire. Il a été interrogé durement. Ils voulaient l’envoyer au tribunal ; pour eux, c‘était très grave. Avec tout ce qui se passait dans le pays, notre situation était de plus en plus difficile. On a décidé de partir.

Pas mal de nos amis ont été arrêtés lors de soirées, et emprisonnés, certains ont eu des peines de prison de longue durée. Ou ils ont été fouettés, plusieurs fois, torturés, cela tout le monde le sait. Une grande partie d’entre eux étaient menacés de mort. Il y a eu par exemple un cas célèbre, lors d’une grande soirée à Ispahan. Des amis ont été arrêtés ; le régime voulait les tuer. Mais grâce au soutien d’organisations internationales, bien qu’ils aient été emprisonnés et torturés pendant quelques temps, le régime a finalement été contraint de les libérer. Ils sont libres, mais ils porteront toujours les traces de la torture. Et ils sont sans cesse surveillés par les services de sécurité, et contrôlés dès qu’ils essaient de quitter l’Iran…

Après qu’on soit partis avec mon copain, lui au bout d’une semaine a été obligé de rentrer en Iran, à cause d’un incident très grave. Les forces de l’ordre étaient allés chez ses parents, pour les interroger. Et finalement ils ont arrêté son père. Sa mère a fait un arrêt cardiaque. Ils ont mis la pression sur mon ami en lui disant ‘si tu ne reviens pas, c’est ta famille qui va en subir les conséquences’. Il a dû rentrer en Iran et cela fait trois ou quatre mois que je n’ai plus aucune nouvelle.

Je ne sais pas ce qui lui est arrivé. J’ai demandé à tout le monde, et personne ne m’a répondu clairement. Je ne peux pas appeler sa famille. A chaque fois que j’ai essayé, on m’a raccroché au nez, ou la ligne a été coupée dès que je disais bonjour.
Je ne sais pas ce qui se passe. J’ai essayé via Facebook, de contacter nos amis communs. Mais tous me disent qu’ils ont peur d’aller se renseigner à son sujet. Je ne sais pas quoi faire. Je n’ai aucune information. Mon plus grand souci est de savoir ce qu’il lui est arrivé.

Nous sommes venus ici pour demander l’asile dans un pays tiers, auprès du HCR. Pour aller dans un pays ou nous pourrions vivre un peu plus librement. On ne demandait pas grand chose. Juste d’aller dans un pays où même si les gens découvraient notre tendance, sans qu’on aille le crier sur les toits, on n’ait pas peur d‘être persécutés ou même tués, ou de devoir quitter le pays parce qu’on est homosexuel. Ou d’attendre qu’on vienne nous chercher, qu’on nous arrête, toutes ces choses qui arrivent en Iran.

J’espère qu’un jour en Iran nous aurons la liberté. Et que tout le monde pourra vivre sa vie tranquillement et confortablement. Que les homosexuels comme moi n’auront plus de problèmes et pourront vivre librement. J’espère qu’un jour on m’acceptera comme je suis, sans préjugés, que je sois homosexuel, hétérosexuel, ou bi-sexuel. Et que les gens m’accepteront comme quelqu’un qui veut vivre décemment, et peut être utile à notre société.”

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