Sakena Yacoobi, la mère de l'éducation en Afghanistan

Sakena Yacoobi, la mère de l'éducation en Afghanistan
Par Euronews
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Sakena Yacoobi a touché les vies de plus de douze millions de personnes à travers ses efforts inlassables pour faire progresser l‘éducation en

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Sakena Yacoobi a touché les vies de plus de douze millions de personnes à travers ses efforts inlassables pour faire progresser l‘éducation en Afghanistan. Son travail vient d‘être récompensé par le Sommet mondial pour l’innovation en éducation, qui lui a remis le prix WISE de l’année.

WISE Prize winner Sakena Yacoobi #WISE15ail_education</a> <a href="https://t.co/1jvDaVTjni">pic.twitter.com/1jvDaVTjni</a></p>&mdash; learning world (euronews_LW) 4 Novembre 2015

Valoriser les femmes, fonder des écoles, changes des vies… Autant de raisons qui expliquent pourquoi Sakena Yacoobi a reçu ce prix, qui s’accompagne d’un chèque de 500.000 dollars. Fondatrice en 1995 de l’Institut d’apprentissage afghan, elle a consacré sa vie à l‘éducation, en particulier des filles. Elle a donné des cours clandestins sous le régime des talibans. Depuis, elle a ouvert des écoles privées, un hôpital, et même une station de radio. Nous l’avons rencontrée en Afghanistan où elle nous raconte son histoire.

Le centre d’apprentissage d’Herat, en Afghanistan, est l’une des nombreuses écoles fondées par Sakena Yacoobi. Ce jour-là, elle rend visite aux élèves. « Mes chères soeurs, écoutez-moi : vous acquérez ici des compétences qui, à l’avenir, vont seront utiles de plusieurs façons et vous permettront d‘être autonomes. Mais ne venez pas ici seulement pour la couture. Je vous encourage à échanger des idées et à apprendre l’une de l’autre.”

Sous le régime des talibans, Sakena Yacoobi a fondé l’Institut d’apprentissage afghan, qui fournit une éducation et des formations d’enseignement. Aujourd’hui, son organisation vient en aide, chaque année, à plus de 350.000 femmes et enfants.

“Chaque femme doit pouvoir être autonome, doit pouvoir affirmer sa valeur. C’est l’objectif de ces centres, dit-elle. Dès lors qu’elles deviennent autonomes, elles honorent cette organisation et nous pouvons ainsi ouvrir de nouveaux centres. Nous les formons, nous leur donnons en enseignement, nous les assistons, ce qui leur permet de gagner en confiance.’‘

Ruquia Panahi est une ancienne étudiante de l’Institut d’apprentissage afghan : “La première fois que je suis venue ici, je ne savais rien, j‘étais analphabète. J’ai donc commencé à apprendre à lire et à écrire, puis je me suis inscrite à la classe de couture. Maintenant, j’ai un magasin, où j’enseigne moi-même la couture. J’ai tout appris ici et, aujourd’hui, je suis une bonne couturière. Je ne demande plus d’argent à mon mari.”

480 personnes, principalement des femmes, travaillent pour l’Institut d’apprentissage afghan, qui compte quelque 340 centres.

“L‘éducation vous confère un pouvoir, un statut, explique Sakena Yacoobi. Je voyais que ces femmes étaient intelligentes, mais elles n’avaient pas d’opportunité. Si elles n‘étaient pas venues dans ce centre, elles seraient chez elles en train de cuisiner ou de faire le ménage. Ici, elles échangent des idées, elles rigolent, elles blaguent, elles prennent du plaisir et elles acquièrent aussi des compétences comme savoir lire et écrire. Tout cela me procure énormément de plaisir et de joie.”

Sakena Yacoobi nous conduit à présent dans l’une de ses écoles privées dans le quartier de Sufiabad, au nord de Herat. Elle est accueillie comme une star par les 600 étudiants.
En plus du programme habituel, les élèves apprennent aussi les valeurs de leadership. Et elles doivent s’investir pleinement durant les cours et participer. “Pendant toute mon enfance, de la première à la dernière classe, je ne faisais que mémoriser, répéter ce que j’apprenais, explique-t-elle. Je ne souhaitais pas cela pour les générations suivantes. Je veux que les élèves développent un esprit critique. Je veux qu’elles posent des questions, qu’elles se sentent libres dans la classe. Aussi, je ne voulais pas que les professeurs battent les enfants. Un enseignant qui arrive dans une classe avec amour, passion, et sagesse saura mieux captiver un enfant, qu’un enseignant qui est trop sévère.”

Arifa Olomi travaille au sein de l’Institut : “La méthodologie proposée par Sakena Yacoobi en Afghanistan est basée sur la pédagogie active, qui se démarque des anciennes méthodes d’enseignement. Il y a une citation célèbre qui dit : si j’entends seulement, j’oublie. Si je vois, j’apprends. Et si je fais, je comprends. Quand les étudiants utilisent cette méthode d’apprentissage, leurs cinq sens sont activés. Ils apprennent bien mieux s’ils sont actifs à la fois mentalement et physiquement.”

“Quand j‘étais enfant, l’Afghanistan était un pays magnifique, raconte Sakena. Malheureusement, nous avons totalement démoli toute notre beauté naturelle. C’est pour cela qu’aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir une mission, une responsabilité. Ma motivation vient de l’amour que j’ai pour mon pays. J’aime profondément l’Afghanistan et le peuple afghan.”

L‘éducation à la santé. C’est l’une des autres missions de Sakena Yacoobi. Son Institut a formé des infirmières, des sage-femmes afin qu’elles contribuent à diffuser des messages de prévention. “L‘éducation à la santé et l‘éducation font partie d’une même châine. Les deux sont liés, souligne Sakena Yacoobi. Je voulais mettre en place des cliniques où les patients puissent obtenir des informations utiles pour leur santé. Comment bien manger, comment avoir une bonne hygiène, comment traiter des maladies bénignes, comment prendre soin des enfants…”

Le prochain objectif de Sakena est d’ouvrir une université en Afghanistan.
“Beaucoup de petites filles n’ont pas eu ma chance, dit-elle. J’ai eu un père fantastique ; nous avions une relation très spéciale. Aujourd’hui, tout ce que j’ai accompli, je le dédie à mon père. Il voulait que chacun de ses enfants aille à l‘école. Et il ne faisait aucune différence entre les filles et les garçons”, conclut-elle.

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