"La Turquie finance Daech, le Qatar et l'Arabie Saoudite financent le Front Al Nosra"

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Par Beatriz Beiras avec Faiza Garah, Sandrine Delorme
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Le retrait russe de Syrie est un revirement stratégique de taille du Kremlin. Il constitue bel et bien un revers pour Bachar al-Assad. Sur le plan

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Le retrait russe de Syrie est un revirement stratégique de taille du Kremlin. Il constitue bel et bien un revers pour Bachar al-Assad. Sur le plan militaire, l’armée syrienne aura sans doute beaucoup de mal à se passer du soutien de Moscou. Même si la Russie devrait maintenir sur place 800 soldats et a livré des équipements militaires à son allié, le retrait va malgré tout favoriser les différentes forces d’opposition.

Sur le plan diplomatique, ce retrait pourrait être interprété comme un abandon de Bachar al-Assad. A Genève, la délégation qui représente la principale force d’opposition réclame toujours son départ comme préalable à la transition. Reste à savoir si Vladimir Poutine a l’intention de faire pression en ce sens sur le président syrien.

A Genève où se tiennent les pourparlers de paix sur la Syrie, notre envoyé spéciale Faiza Garah a pu rencontrer le négociateur en chef du régime de Damas, Bachar al-Jaafari. C‘était l’occasion d’avoir son point de vue sur l’opposition ou plutôt “les oppositions”, le terrorisme et sur les décisions de l’Union européenne.

Faiza Garah, euronews :
Dans ces négociations, l’opposition réclame une période transitoire et le départ du président Bachar al Assad. Est-ce que cette demande fera échouer les négociations ?

Bachar Al-Jaafari, négociateur en chef de Damas :

“Vous parlez d’une seule opposition, ceci sous-entendrait qu’elle représente toutes les oppositions. Si ces oppositions parviennent à un dénominateur commun, on pourra considérer que cette demande est acceptable. Mais toutes les oppositions n’adhérent pas à cette demande.
Poser des conditions au préalable, c’est imposer l’impossible à l’art du dialogue et faire en sorte de mener ces négociations à l‘échec. Et puis, ceux qui réclament ce départ sont en train de suivre un agenda occidental, parce que l’exigence du départ de Monsieur le Président Bachar al Assad vient de l’extérieur.

Vous dîtes que les demandes de l’opposition viennent de l’extérieur, pouvez-vous préciser ?

Bachar Al-Jaafari :
“Cette patrie appartient à tous les Syriens, ni moi, ni personne d’autre n’a le droit d’offrir une partie de cette patrie à un autre pays.
Il y en a certains dans l’opposition qui essayent de faire le jeu des Turcs en voulant créer une zone d’exclusion, une zone tampon dans le nord de la Syrie. Ceux qui la réclament, font le jeu des Turcs. Et les Frères Musulmans font la même chose en faisant le jeu du Qatar.

Qui encourage l’infiltration des terroristes en Syrie ?

Bachar Al-Jaafari :

“La pensée Takfirie est liée directement à la pensée wahhabite des Saoudiens. Uniquement.
C’est pour cela que nous disons que les pays du Golfe sont impliqués dans l’effusion de sang syrien. Parce que ce sont eux qui ont fourni les bases de ce courant qui traite les autres musulmans de mécréants. Ce qui les autorise par conséquent à décapiter les autres.

La pensée de Daech, c’est aussi la pensée wahhabite, car couper les mains, les bras et les têtes au sabre, c’est une tradition wahhabite d’Arabie saoudite.

Ces groupes (ndrl : Daech et Takfir wal Hijra) sont sur la liste des organisations terroristes, et il y a des Etats qui les financent. Aujourd’hui, ce n’est plus un secret pour personne que la Turquie finance Daech et facilite le passage de ces membres en Syrie. Et ce n’est plus un secret pour personne non plus que le Qatar et l’Arabie Saoudite financent le Front Al Nosra. Ils financent les entraînement et l’armement.
Ça, ce n’est pas nous qui le disons, mais ça a été confirmé par le rapport du Conseil de Sécurité (de l’ONU).”

Comment vous voyez l’avenir de la crise syrienne ?

Bachar Al-Jaafari :
“Nous sommes fiers de notre indépendance à prendre des décisions en tant que nation, et nous refusons toute ingérence. Notre seul ennemi, c’est Israël, et ce n’est pas parce que c’est Israël, mais parce qu’il occupe des territoires arabes, y compris un territoire de notre chère patrie : le Golan.”

De quelle manière la trêve a-t-elle contribué à l’acheminement de l’aide humanitaire ?

Bachar Al-Jaafari :

“Le gouvernement syrien donne 75 % de l’aide humanitaire au peuple syrien. Toutes ces conférences dont on entend parler un peu partout à Londres, à Rome et à Paris sont en vérité des façades. Derrière, il y a une volonté de financer autre chose, non pas pour aider le peuple syrien à l’intérieur, mais pour maintenir les réfugiés à l’extérieur.”

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Comment l’Europe devrait traiter la crise syrienne selon vous ?

Bachar Al-Jaafari :
“Premièrement, il faut qu’elle arrête de s’immiscer dans les affaires internes syriennes. Deuxièmement, il faut lever les sanctions imposées au peuple syrien. Troisièmement, il faut rouvrir les ambassades européennes à Damas pour que les Européens soient témoins de ce qui se passe et non pas qu’ils prennent leurs informations des sources de l’opposition. Il y a beaucoup d’erreurs stratégiques que l’Europe a commises.”

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