Trèbes : récit d'une nouvelle journée de terreur en France

Fin prise d'otages à Trèbes, France.
Fin prise d'otages à Trèbes, France.
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Par Joël Chatreau
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La France vit en permanence sous la menace terroriste du groupe Etat islamique. Mais cette fois, la menace a pris une nouvelle dimension. Une petite commune sans histoire du sud du pays a été frappée : plusieurs attaques ont fait au moins trois morts.

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Redouane Lakdim allait avoir 26 ans en avril. Ce Franco-Marocain, qui vivait dans le quartier populaire d'Ozanam, situé tout près de la Cité de Carcassonne, dans le département de l'Aude, était connu de la police locale comme petit délinquant. Mais les services de renseignements français s'y intéressaient toutefois. "Nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation, mais il est passé à l'acte brusquement", a expliqué le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.

L'homme qui ne ressemblait pas à un jihadiste est pourtant mort les armes à la main. Il a transformé ce vendredi 23 mars 2018 en nouvelle journée de terreur en France. Cette fois, le drame ne s'est pas déroulé dans la capitale, Paris, ou dans une autre grande ville. Trèbes, une petite localité sans histoire à moins d'une dizaine de kilomètres de Carcassonne, s'est retrouvée sans le vouloir une cible du groupe Etat islamique. Ce dernier a revendiqué les actes terroristes qui ont fait trois morts et au moins trois blessés, dont l'un est dans un état critique.

Un acte terroriste en trois temps

Le parcours sanglant commence à Carcassonne. Vers 10 heures du matin, Redouane Lakdim vole une voiture. Il ne fait pas de détails : avec une arme de poing, il tire sur le conducteur et le blesse grièvement, il tue son passager.

Aux alentours de 10H30, toujours à Carcassonne, il tombe sur un groupe de CRS en train de faire un footing non loin de leur caserne. Ils sont quatre gendarmes en tout. Le terroriste fait de nouveau feu, il touche l'un des CRS à l'épaule.

11 heures et quart, l'homme est arrivé à Trèbes, il a garé la voiture volée sur le parking d'un petit supermarché de l'enseigne Super U, implanté à l'extérieur du centre-ville. Quand il fait irruption dans le magasin, plusieurs dizaines de personnes s'y trouvent, les employés et des clients. La plupart d'entre eux réussissent à s'enfuir mais dès son entrée, l'islamiste a abattu froidement un client et un salarié qui sont décédés sur le coup.

Le geste héroïque d'un gendarme

Des témoins ont affirmé que Redouane Lakdim était fortement armé, d'un pistolet, de grenades et de couteaux. Il a jeté le fameux cri des jihadistes "Allah Akbar !" en entrant dans le supermarché. Une femme, qui n'a pas pu s'échapper, reste son otage.

Un lieutenant-colonel du groupement de gendarmerie de l'Aude, Arnaud Beltrame, âgé de 45 ans, qui a été dépêché sur les lieux, va alors proposer au preneur d'otages de remplacer la dame qui est encore détenue. Il y consent. A l'intérieur du magasin, a révélé le ministre de l'Intérieur, le militaire avait laissé son téléphone ouvert sur une table. "Nous avons pu entendre ce qu'il s'est passé, a expliqué Gérard Collomb, et c'est lorsqu'on a pu entendre les coups de feu que le GIGN est intervenu".

C'est autour de 14H20 que le terroriste tire sur le lieutenant-colonel, qui est durement touché. L'unité d'élite de l'antenne du GIGN basée à Toulouse donne aussitôt l'assaut. Le tueur est rapidement abattu. Au cours de l'opération, un gendarme a été blessé par balles à la jambe. Arnaud Beltrame, le gradé de la gendarmerie qui s'est sacrifié, est dans un état jugé critique.

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