Olivier Elu, l'homme-poisson loin de la mer

Olivier Elu en dynamique avec palmes
Olivier Elu en dynamique avec palmes Tous droits réservés © Laurent Farges
Par Cyril Fourneris
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A l'approche de l'Open Apnée Lyon, le Champion du monde nous parle de son sport qui espère figurer aux Jeux olympiques de Paris 2024.

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A l’approche de l’Open Apnée Lyon ce week-end, Euronews a rencontré le Lyonnais Olivier Elu, Champion du monde et ex-recordman du monde d'apnée dynamique sans palmes. L’occasion de faire le point sur un sport qui connaît un fort engouement ces dernières années et espère figurer aux Jeux olympiques de Paris 2024.

©Cyril Fourneris
Olivier Elu devant la Piscine de Vaise©Cyril Fourneris

Euronews : On a tous essayé de nager le plus loin possible en un seul souffle et abandonné après quelques dizaines de mètres. Quelles sensations ressentez-vous pendant votre performance, longue de près de 200 mètres ?

Olivier Elu : La phase de confort précède une phase de lutte précoce. Plus tôt celle-ci arrive, mieux c'est. Ensuite, on a des fourmillements dans les bras, le champ de vision se rétrécit. C'est comme marcher dans une cave dans le noir, on sait qu'il y a un mur mais on ne sait pas où il est. Et on essaye de s'en rapprocher. L'apnée est le seul sport ou l'athlète décide de mettre fin à sa performance lui-même.

Plus tôt vous avez envie de respirer, plus longtemps vous tenez ? C'est paradoxal…

Tous les mammifères ont un réflexe physiologique de protection pour l'apnée. Pour optimiser ce réflexe, on ne s'échauffe pas, on se décontracte, si l’eau est froide c'est mieux. Tout cela fait qu'on a envie de respirer plus tôt et notre corps se défend plus vite. Le cœur bat plus lentement et la vasoconstriction périphérique, qui permet d’envoyer du sang au cerveau et au cœur, se fait plus forte. J'ai envie de respirer dès les 40 premiers mètres, ce n'est pas plus tard que tout un chacun !

©Henri Fanton
Une apnéiste en dynamique sans palme©Henri Fanton

C'est à dire que lorsqu'on ressent l'envie de respirer, ce n'est pas qu'on manque d'oxygène ?

Le cerveau ne sait pas nous dire qu'on manque d'oxygène. La seule chose qui donne envie de respirer, c'est le dioxyde de carbone qui s'accumule dans les poumons. On a l'habitude de vivre avec un taux de CO2 très bas. Quand on le garde, le cerveau s'énerve et il nous demande de l'expirer. Mais on a toujours beaucoup d'O2 au moment où on ressent cela.

Est-ce vrai que les apnéistes rentrent dans un état de transe, presque spirituel, pendant l'effort ?

Beaucoup d'athlètes sont en effet très spirituels, personnellement je suis très cartésien : je pense à ma technique de nage et je me "vérifie" : je me demande en permanence combien de temps je peux tenir. "Ça va, tu fais encore 10 mètres", puis tu te reposes la question.

Le stress de la compétition est-il compatible avec l'état de relaxation nécessaire à l'apnée ?

Le stress n'est pas bon car il augmente le rythme cardiaque et fait qu’on consomme plus d'oxygène. Mais le stress aide à se surpasser. Je fais toujours des meilleures performances en compétition qu'à l'entraînement.

Pouvez-vous nous parler de l'Open de Lyon, ce week-end ?

Les compétition d'apnée sont assez austères, il n'y pas de bruit. L'apnéiste, un jour de compétition, n’est pas sociable. Il s'allonge dans son coin, se concentre, se repose… Ce n’est pas drôle ! L'idée de cet Open, c'est tout le contraire. Le fait que ce soit un format par équipes de cinq mixtes rend l’ambiance beaucoup plus détendue. De grands apnéistes français et étrangers seront présents et le cadre est magnifique (La piscine du Rhône, ndlr).

©Sylvain Mestre
L'Open Apnee Lyon 2017©Sylvain Mestre

Quelles sont les grandes nations de l'apnée ?

Les plus belles performances sont en Europe. La France et l'Italie se tirent souvent la bourre, comme dans Le Grand Bleu ! Mais les États-Unis et la Chine ont rejoint la CMAS (Confédération Mondiale des Activités Subaquatiques, ndlr)... Certaines nations sentent qu'il y a peut-être des médailles à prendre dans les prochains JO !

Beaucoup de gens jouent au football, font vélo ou du jogging... Mais comment devient-on apnéiste ?

Je faisais de la natation et du volley-ball, mais à l’approche de la quarantaine, c'est devenu compliqué physiquement. J'ai pris une licence au club d'apnée Cyrnéa à Lyon en 2011 et quatre ans plus tard j'ai été sélectionné aux Championnats du monde. Je me suis entraîné comme un forcené de peur d'être ridicule. J'ai décroché la médaille d'argent en dynamique sans palmes. L'année suivante, je suis devenu Champion du monde avec un record mondial à 189,60 mètres.

Que diriez-vous à ceux qui peuvent être tentés d'essayer ?

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Déjà, allez-y ! Il n'y a pas de limite d'âge car ce pas stressant pour les muscles et les squelettes. La première règle, c'est de ne jamais en faire seul. L'idéal est de trouver un club et de se faire plaisir. Quand on sort d'une séance d'apnée, on est zen, car on apprend à se relâcher. Dans le monde stressant dans lequel on vit, c'est un excellent remède. On n’a pas besoin de beaucoup de matériel, on est au plus près de la nature. L’idée est d’être efficient, d’économiser ses ressources pour faire plus avec autant, ce sont des préoccupations de notre temps.

© Sylvain Mestre
Epreuve d'apnée statique, Open Apnée Lyon 2017© Sylvain Mestre

L'OPEN APNÉE LYON

Douze équipes, soit soixante apnéistes, participeront à cette troisième édition de l’Open Apnée Lyon, le 26 mai 2018 à partir de 10h au centre nautique Tony Bertrand ("Piscine du Rhône"). Entrée libre et gratuite.

  • STATIQUE de 10h15 à 11h25 (5 séries)

  • DYNAMIQUES PALMES de 11h45 à 12h57 (8 séries)

  • 16×50 de 13h25 à 15h05 (4 séries)

  • DYNAMIQUE SANS PALMES de 15h15 à 16h35 (8 séries)

  • SPEED 100 de 16h50 à 17h32 (5 séries)

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