Jan Zahradil le chef des conservateurs et réformistes veut une Europe plus souple

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Par Joanne Massard
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Le candidat de l'Alliance des conservateurs et réformistes, Jan Zahradil, était l'invité de notre émission #RawQuestions. L'eurodéputé veut une Europe plus décentralisée.

Dans cette édition de Raw Questions, notre série d'émissions à l'approche des élections européennes dans laquelle vous posez vos questions aux candidats à la présidence de la prochaine Commission. Jan Zahradil est le candidat de l’Alliance des Conservateurs et Réformateurs en Europe (ACRE), pour remplacer l'actuel président, Jean-Claude Juncker.

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L'eurodéputé tchèque Jan Zahradil est président de l'Alliance des Conservateurs et Réformateurs en Europe (ACRE) et candidat à la présidence de la prochaine Commission Européenne.

L'homme politique a grandi à Prague sous le régime communiste. Pour lui, l'Europe, comme l'ancienne Tchécoslovaquie, devrait écouter ses citoyens... "L'unité forcée pourrait briser l'Union Européenne plutôt que de la réparer".

Ingénieur et chercheur dans le domaine de l'environnement, il est entré en politique alors que son pays passait à la démocratie, et devient conseiller du Premier Ministre Tchèque. Élu au Parlement européen en 2004, il prend la tête de l'alliance des conservateurs et des réformistes cinq ans plus tard.

Jan Zahradil se dit réaliste face à l'euro. Il veut une Europe plus décentralisée et plus souple, qui doit apprendre du Brexit.

Bénéficiant du soutien de groupes d'extrême droite comme Law and Justice en Pologne, Jan Zahradil a été critiqué pour ne pas avoir condamné les rebelles de l'UE. Il a aussi été qualifié de climato-sceptique car il ne soutient pas l'objectif Zéro Carbone.

"Un euroréaliste est quelqu'un qui veut améliorer, changer l'Europe"

Tesa Arcilla : Beaucoup de gens de votre parti utilisent le mot "Euroréaliste", mais pourquoi ne pas simplement dire que vous êtes eurosceptique. Quelle est la différence ?

Jan Zahradil : Je pense qu'il y a une différence de sens. Ce que je comprend, c'est que l'euro sceptique est quelqu'un qui rejette complètement l'idée de l'intégration européenne et qui veut dissoudre l'Union européenne ou quitter l'Union européenne. Alors qu'un euro-réaliste, à mon sens, est quelqu'un qui veut l'améliorer, la changer, l'élargir différemment.

Nous ne sommes pas les mêmes. Nos sociétés sont différentes, certaines sont plus libérales, d'autres plus conservatrices et nous ne devrions pas essayer de les mettre sur une même ligne."
Jan Zahradil

Tesa Arcilla : Une autre question a été soumise sur notre site web et cette personne veut savoir : pourquoi pensez-vous que le nationalisme et le populisme ont réapparu dans la politique européenne avec une telle force ?

Jan Zahradil : Je pense que, de nos jours, il n'est pas très difficile d'obtenir le label des nationalistes et des populistes. Peut-être que quelqu'un me qualifiera moi aussi sous ce terme.

Darren McCaffrey : Vous êtes nationaliste ?

Jan Zahradil : Non, je suis patriote et c'est différent.

Darren McCaffrey : Quelle est la différence ?

Jan Zahradil : " Eh bien, je pense que les Patriotes comprennent que leur État ou leur nation, au sens politique, et non au sens ethnique, a des intérêts particuliers, et qu'il est absolument légitime de poursuivre ces intérêts sur la scène mondiale et même au sein de l'Union européenne. Ce que je comprends sous le mot nationaliste, c'est quelqu'un qui est absolument ennemi des autres nations et qui croit peut-être que sa nation est meilleure que les autres."

Tesa Arcilla :L'euroscepticisme est-il de nouveau en force ?

Jan Zahradil : " Je crois qu'en partie, peut-être paradoxalement, c'est la cause d'un peu trop d'intégration européenne. Certaines personnes ou certains segments de la société, certains groupes sociaux, certains groupes d'âge ont peut-être le sentiment que l'Union interfère dans ce qu'ils considèrent être leurs traditions. Nous ne sommes pas les mêmes. Nos sociétés sont différentes, certaines sont plus libérales, d'autres plus conservatrices et nous ne devrions pas essayer de les mettre sur une même ligne."

"L'extrême droite sera définitivement au Parlement Européen"

Darren McCaffrey : Considérez-vous l'extrême droite comme une menace dans ces élections ?

Jan Zahradil : Et bien ... Ils seront là. Ils seront définitivement au Parlement européen. Et c'est un phénomène qui ne peut être négligé. Et s'ils parlent d'un phénomène, il ne suffit pas de dire qu'il est mauvais et comment s'en débarrasser.

Tesa Arcilla : Mais vous êtes prêt à traiter avec des gens comme Matteo Salvini et Vox en Espagne par exemple?

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Jan Zahradil : Oui, nous devons comprendre, nous devons comprendre quelles sont les racines, quelles sont les raisons du succès de ces politiciens, quelle est la véritable raison de cette poussée? Nous devrions essayer d'identifier ces raisons et nous y attaquer.

Darren McCaffrey : Y a-t-il un parti en Europe avec lequel vous ne voudriez pas traiter , ne pas parler ?

Jan Zahradil : Nous ne traiterions pas avec Mme Le Pen. Si vous me permettez de prendre un exemple, pour des raisons particulières : elle est plutôt protectionniste contre le libre-échange, contre les accords commerciaux. Venant d'Europe centrale et orientale, j'ai certains soupçons sur ses relations avec la Russie, je dirais que, elle est aussi....

Darren McCaffrey : Mais pas Mr. Salvini ?

Jan Zahradil : Euh, c'est aussi un grand point d'interrogation s'agissant de M. Salvini. Oui, Je dois l'admettre.

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Darren McCaffrey : Nous savons tous que Viktor Orban a été suspendu du PPE. Parlez-vous avec lui ? Pour que son parti rejoigne votre groupe après l'élection ?

Jan Zahradil : Non, pas encore. Je dirais que non. Le problème, c'est qu'il s'agit d'une affaire purem entre entrer le PPE et M. Orban, nous n'intervenons pas. Et quand les choses changeront, notre attitude changera peut-être aussi. Mais pour l'instant, ce n'est plus à l'ordre du jour.

Sur l’accord nucléaire avec l’Iran :

Clara Houin dans le public : "Comme nous le savons, certains États membres vendent à l'Arabie saoudite des armes qui sont utilisées dans le conflit avec le Yémen, notamment la France ou la Belgique. Si vous devenez président, allez-vous condamner le commerce avec les pays qui ne respectent pas les droits fondamentaux ?"

Jan Zahradil : "Je ferais probablement une distinction,  en particulier en Arabie saoudite, mais aussi en Iran. Je crois que nous devrions être plus sévères et franchement, je n'ai jamais été, par exemple, un grand ami de ce genre de politique d'apaisement de Mme Mogherini vis-à-vis de l'Iran. Et si j'étais responsable, je conseillerais probablement à la commission ou au haut représentant, avant toute politique étrangère et de sécurité, d'être plus sévère envers ce pays."

Darren McCaffrey : Alors, vous pensez que, l'action contre l'accord nucléaire iranien que Donald Trump poursuit est la bonne politique par rapport à ce que l'UE semble poursuivre ?

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Jan Zahradil : C'est ce que je crois. Je pense que nous devrions plutôt poursuivre une politique stricte. Ce que nous avons fait jusqu'à présent, parce qu'il semble maintenant que l'Iran ne nous prend pas au sérieux parce que le pays s'est retiré, au moins partiellement de l'accord nucléaire de toute façon //

Darren McCaffrey  : "Même si cela mène à la guerre ?"

Jan Zahradil : "Non. Euh, je pense que nous avons bien sûr besoin de diplomatie, mais nous devons aussi être en mesure de faire preuve d'une certaine capacité de pression diplomatique. Et j'ai bien peur que nous n'ayons pas été en mesure de le faire."

Tesa Arcilla : Mais l'Iran n'est pas le seul pays ayant un bilan douteux en matière de droits de l'homme.

Jan Zahradil : "Absolument".

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Arnaud Gillard du public : Comment pouvons-nous rester pertinents sur la scène internationale alors que ne pouvons même pas nous mettre d'accord sur une position unifiée face aux questions du changement climatique, des migrations, des conflits, et de l'économie ?

**Jan Zahradil : ** "Nous devons trouver un nouvel équilibre entre ce qui pourrait être mieux exécuté au niveau national et ce qui pourrait être mieux exécuté au niveau européen...En ce qui concerne, par exemple, la lutte contre le réchauffement climatique ou le changement climatique. Je crois toujours que nous nous en sortons plutôt bien. On a pris des engagements. Nous essayons de rester ensemble et si d'autres suivent, comme la Chine et les États-Unis, alors je pense que nous irons dans le bon sens au niveau mondial. Mais je ne pense pas que nous devions essayer de trouver une solution européenne dans tous les cas. Nous sommes assez efficaces lorsqu'il s'agit d'économie, lorsqu'il s'agit d'un marché unique, ou de politique commerciale commune en matière d'union douanière. Mais je l'ai toujours dit, et j'ai encore de sérieux doutes quant à notre capacité de créer une union politique entière. Il y a des limites !

Dans certains cas et dans certaines circonstances, nous devons simplement respecter les positions nationales des différents États membres.

**Migration :

**

Tesa Arcilla : Nous avons une question qui vient d'Israël. Joseph est entré en contact,via whatsapp. Il demande ce que l'Europe va faire pour protéger vos pays des immigrants qui refusent de s'intégrer dans la vie européenne.

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Jan Zahradil : Je pense que c'est très clair. Il n'existe pas de code pénal européen universel. Il existe différents codes pénaux dans différents pays. Mais je dirais que tout le monde, toute personne qui veut obtenir l'asile, une installation permanente ou temporaire, ou même la citoyenneté doit obéir aux règles et doit respecter la loi. Je pense donc que les États, les gouvernements nationaux et les ministères doivent simplement insister pour s'en tenir aux règles et à la législation nationale.

Sur le réchauffement climatique :

Jan Zahradil : Avec l'accord de Paris sur le climat, nous avons pris certains engagements. Nous devons les garder. Mais, je dois être très franc et très ouvert lorsqu'il s'agit de l'appel de la Commission et du Parlement en faveur d'une économie sans carbone jusqu'en 2050. Je crois que c'est une bonne chose, mais c'est un peu irréalisable. Je pense que nous devrions d'abord remplir les engagements actuels que nous avons pris. Une fois que nous l'aurons fait, nous pourrons peut-être déclarer de nouvelles stratégies et de nouveaux programmes audacieux et d'autres choses du genre.

La Commission de l'UE dépense près de 40% du budget pour l'agriculture. Nous devrions changer le système, la manière dont nous payons les subventions d'un chapitre de la politique agricole commune. Je dirais que nous devrions passer d'un soutien axé sur la production à une agriculture biologique, soutenant les petites exploitations agricoles. Il y a d'ailleurs une très bonne initiative, déjà déclarée par la Commission, qui s'appelle un hectare. Vous avez entendu parler de ça ? Et bien chaque agriculteur qui convertit un hectare de son terrain en forêt sera subventionné pour cela. Je pense que c'est un très bon exemple de ce que l'Union européenne peut faire.

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