À l'approche des législatives anticipées au Portugal le 30 janvier, le mécontentement s'exprime dans l'opinion, sur le bilan social du gouvernement socialiste sortant.
C'est une matinée comme les autres pour la famille Machado à Barreiro, une ville située en périphérie de Lisbonne. Ancienne avocate, Ana est aujourd'hui mère au foyer. Son compagnon Ricardo, diplômé en ingénierie électrique, travaille comme consultant informatique. Le couple a deux enfants. Le plus jeune pratique le basket et fréquente l'école de jazz.
Au niveau politique, c'est une toute autre musique qui a sonné la dissolution du Parlement portugais cet automne après des désaccords autour du budget 2022. D'où la tenue d'élections anticipées le 30 janvier en pleine pandémie. Ricardo et Ana y voient l'occasion de réclamer un changement.
"Ce gouvernement n'a pas réagi comme il aurait dû"
"On a pu se rendre compte qu'il y avait beaucoup de misère dans notre pays," affirme Ana, "et on voit aujourd'hui que pas grand-chose, voire rien du tout n'a été fait au niveau social."
Ricardo renchérit : "Les gens sont déçus parce qu'ils pensent que ce gouvernement n'a pas réagi au bon moment comme il aurait dû."
"Au départ, on pouvait se dire que personne n'était préparé à cela," fait remarquer Ana avant d'ajouter : "Mais deux ans plus tard, il y a encore des médecins dont les conditions de travail sont mauvaises et des établissements de santé qui ne sont pas opérationnels."
Si comme d'autres, ils pourraient exprimer leur mécontentement dans les urnes, Ricardo ne s'attend pas à un grand bouleversement à l'issue du scrutin. "Je crois que le Parti socialiste va gagner, mais que cette fois, António Costa devra trouver un accord avec les partis de droite," avertit le père de famille.
"Rien ne va changer"
Au café du centre-ville de Barriero, l'opinion est la même du côté de Veríssimo Morais, propriétaire de restaurant."Je crois que rien ne va changer," confie-t-il.
Les entreprises ont été frappées par la crise, en particulier dans le centre de Lisbonne**,** où les touristes se pressaient par le passé.
António Sousa, propriétaire d'un restaurant traditionnel, l'assure : "Sur mes trente ans de carrière, y en a vraiment deux à oublier !"
Alors qu'avant la crise, il avait à peine le temps de souffler, aujourd'hui, il attend désespérément les clients. Selon lui, le futur gouvernement devra baisser les impôts.
"On vit déjà dans la pauvreté"
"Je crois que l'argent est mal géré, la charge fiscale est énorme," estime-t-il. "On est pauvre, il faut baisser les impôts," insiste-t-il.
Quand on lui demande s'il pense que le gouvernement va changer, "je pense que oui," répond-il, "parce que les gens vivent déjà dans la pauvreté."
Dans les rues de Lisbonne, de nombreux passants expriment leur déception à l'égard de l'équipe sortante en raison des difficultés économiques de ces deux dernières années. Mais c'est une désillusion forte et un sentiment de fatalité qui a gagné ceux qui veulent un changement de gouvernement.