Au Royaume-Uni, Liz Truss relance la très controversée fracturation hydraulique

Archive - Site de fracturation hydraulique de Barton Moss à Manchester, en Angleterre, en janvier 2014.
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Par Euronews
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Les associations de défense de l'environnement rappellent que cette technique comporte d'importants risques de pollution et provoque des séismes, le tout pour un faible potentiel de production énergétique.

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Avec la guerre en Ukraine, la crise énergétique éclipse l'urgence climatique. Au Royaume-Uni, la Première ministre Liz Truss a annoncé ce jeudi la levée du moratoire sur la fracturation hydraulique, trois ans après la suspension dans le pays de cette technique très controversée.

Pour Liz Truss, l'urgence est de "renforcer la sécurité énergétique du pays", alors que la Russie a coupé le robinet du gaz et que les prix de l'énergie explosent.

100 nouvelles licences d'exploration et forage seront donc accordées à partir du mois d'octobre. La cheffe du gouvernement conservateur assure toutefois que ces autorisations seront délivrées uniquement là "où il existe un soutien local".

Cette annonce a provoqué la colère de l'opposition travailliste. Cela "montre que (les Britanniques) ne peuvent jamais croire un mot de ce gouvernement", a tancé Ed Miliband, responsable du changement climatique au Parti travailliste, rappelant que les conservateurs avaient promis en 2019 qu'ils ne "soutiendraient pas la fracturation hydraulique à moins que la science ne montre catégoriquement qu'elle peut être effectuée en toute sécurité".

Maladies graves et séismes

Colère aussi des associations de défense de l'environnement, qui rappellent que la fracturation hydraulique comporte d'importants risques de pollution, néfastes pour l'environnement et pour la santé humaine, notamment infantile. Une étude publiée en août par des chercheurs américains montre en effet que les enfants habitant à moins de 2 km d’un site de fracturation hydraulique sont deux fois plus susceptibles de développer une leucémie aiguë lymphoblastique.

Par ailleurs, cette technique provoque des tremblements de terre, le tout pour un faible potentiel de production énergétique. Le moratoire suspendant l'activité avait justement été pris en 2019, après un séisme dans le nord de l'Angleterre d’une magnitude de 2,9 sur l’échelle de Richter, dû à des travaux d'exploration hydraulique. "La fracturation hydraulique aura un impact négligeable sur les factures d'énergie, tout en envoyant davantage d'émissions néfastes pour le climat dans l'atmosphère", résume Danny Gross de Friends of the Earth.

En empêchant de mettre l'accent sur le développement des renouvelables, "les nouvelles licences torpillent la sécurité énergétique", estime pour sa part Greenpeace UK. "Elles mettront des décennies à démarrer, et les carburants seront simplement vendus au plus offrant sur le marché international", ajoute l'ONG, qui envisage de saisir la justice.

Alors que la plupart des pays européens ont banni depuis plusieurs années l’exploitation du gaz de schiste, certains reconsidèrent cette technique. En Hongrie, Viktor Orban a autorisé cet été l'exploitation d'un champs gazier dans l'ouest du pays.

Et le lobby du gaz de schiste a aussi trouvé des soutiens auprès du Parti libéral démocrate (centre droit) en Allemagne - membre de la coalition gouvernementale - comme le révèle Investigate Europe. 

Selon le GIEC pourtant, aucun nouveau projet impliquant des énergies fossiles ne doit voir le jour sur terre, pour pouvoir maintenir le réchauffement climatique à des niveaux soutenables.

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