Bélarus : ouverture du procès d'Ales Bialatski, prix Nobel de la paix 2022

Alex Bialiatski, lors de son procès à Minsk en 2011.
Alex Bialiatski, lors de son procès à Minsk en 2011. Tous droits réservés Sergei Grits/AP
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Par Margaux Racaniere
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Fondateur de l'association de défense des droits de l'homme au Bélarus, Viasa, Ales Bialatski risque jusqu'à 12 ans de prison.

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Ce jeudi s'ouvre le procès du défenseur des droits de l'Homme bélarusse Ales Bialatski. Fondateur de l'organisation Viasna (en français : printemps) d'information et de défense des droits des prisonniers politiques, il s'est vu décerner le prix Nobel de la paix en 2022.

Ales Bialatski assiste à son procès depuis la cage réservée aux accusés, aux côtés de deux autres membres de l'association Viasna. Un quatrième opposant, en exil à l'étranger, est également jugé à distance. D'après des membres de Viasna, le procès est mené en russe, en dépit de leurs demandes de le tenir en biélorusse.

Les trois prisonniers politiques sont détenus depuis le 14 juillet 2021, ils risquent 7 à 12 ans d'emprisonnement. Ils sont accusés d'avoir fait transiter par la frontière bélarusse "une grande quantité d'espèces en groupe organisé" et d'avoir "financé des actions collectives portant gravement atteinte à l'ordre public". Pour l'organisation de défense des droits de l'homme Viasna, le pouvoir bélarusse leur reproche de financer leurs activités, qui consistent notamment à payer une partie des amendes attribuées à des prisonniers politiques et à financer des frais d'avocat. 

À l'origine créée en 1996 comme un groupe de soutien aux prisonniers politiques, Viasna est progressivement devenu un important lieu d'opposition. Elle recense tous les prisonniers politiques et les violations des droits de l'homme commises par le régime d'Alexandre Loukachenko.

Bélarus : un climat de répression des opposants politiques

L'affaire est largement perçue comme une vengeance du président bélarusse Alexandre Loukachenko. L'homme de 60 ans était au cœur du mouvement de contestation qui s'opposait à sa réélection en août 2020, qualifiée de frauduleuse. 

Cette vague de protestation a rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Minsk et d'autres villes pendant des semaines. Cette contestation a été matée à coups d'arrestations massives, d'exils forcés et d'emprisonnements d'opposants. Une répression condamnée par plusieurs organisations internationales dont l'Union européenne, qui a imposé des sanctions économiques à Minsk.

La cheffe de l'opposition bélarusse a déclaré sur Twitter que "le monde entier regarde le Bélarus prendre sa revanche sur ceux qui disent la vérité".

Un Prix Nobel derrière les barreaux

Ales Bialatski a remporté cette année le prix Nobel de la Paix en reconnaissance de son combat en faveur des droits de l'homme, aux côtés du centre russe Memorial et de l'ONG Centre ukrainien pour les libertés civiles. Les autorités du Bélarus avaient alors dénoncé ce prix comme une "décision politisée".

Déjà incarcéré, il n'avait pas pu récolter son prix lui-même. Sa femme Natallia Pinchuk, a dû prononcer un discours en son nom lors de la cérémonie à Oslo. "Chez moi, le pays tout entier est en prison", avait-elle déclaré. "Ce prix appartient à tous mes amis défenseurs des droits de l'homme, aux activistes des droits civils, aux dizaines de milliers de Bélarusses battus, torturés, arrêtés, emprisonnés".

Elle avait rappelé à l'audience de ne pas laisser la guerre en Ukraine leur faire oublier la souffrance du peuple Bélarusse où "une guerre d'un autre genre a lieu,  une guerre, cachée et invisible, durant laquelle la population est tellement étouffée et écrasée qu'elle n'a presque plus de voix".

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