La justice brésilienne entame les procès des émeutes pro-Bolsonaro du 8 janvier

Des manifestants, partisans de l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro, 8 janvier 2023
Des manifestants, partisans de l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro, 8 janvier 2023 Tous droits réservés Eraldo Peres/Copyright 2023 The AP. All rights reserved
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Par euronews avec AFP
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La Cour suprême du Brésil a ouvert mercredi le premier de plus de 200 procès prévus contre des sympathisants de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro accusés d'avoir saccagé les lieux de pouvoir le 8 janvier à Brasilia.

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La haute juridiction elle-même, mais aussi le palais présidentiel et le Parlement, avaient été attaqués, dans des scènes saisissantes rappelant l'assaut du Capitole à Washington par des partisans de Donald Trump. Fenêtres brisées, meubles détruits, oeuvres d'art vandalisées: les dégâts avaient été considérables.

Ce procès marque un "nouveau tournant dans l'histoire brésilienne", a déclaré le procureur Carlos Frederico dos Santos à l'ouverture.

"Nous avons tourné la page des coups d'Etat et tous ceux qui restent attachés à cette idée de prendre le pouvoir par la violence et en dehors du cadre de la Constitution doivent répondre de leurs délits", a ajouté le procureur, alors que le pays est encore marqué par plus de vingt ans de régime militaire (1964-1985).

Les émeutes du 8 janvier étaient survenues une semaine après l'investiture du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, revenu au pouvoir après deux précédents mandats (2003-2010). Face à des milliers de manifestants, les forces de l'ordre avaient paru totalement dépassées.

Au total, le parquet du Tribunal suprême fédéral (STF) a engagé des poursuites contre 232 personnes. Parmi elles, les quatre premiers accusés, des hommes âgés de 24 à 52 ans, encourent des peines qui, cumulées, peuvent leur valoir jusqu'à 30 ans de prison.

Ces quatre prévenus -trois sont incarcérés et un autre est en liberté- sont accusés entre autres d'"association criminelle armée, abolition violente de l'Etat démocratique de droit et déprédation de lieux publics".

"Intervention militaire"

Le premier à affronter un procès est Aecio Costa Pereira, 51 ans, ex-employé de l'entreprise de traitement des eaux de l'Etat de Sao Paulo, selon la presse.

Premier à voter, le juge Alexandre de Moraes, rapporteur dans cette affaire, s'est prononcé pour une peine de 17 ans de prison contre l'accusé qui, selon lui, a pris part à une "invasion criminelle pour la prise illégale du pouvoir à travers une intervention militaire".

Il a montré une vidéo partagée par Aecio Costa Pereira sur les réseaux sociaux, dans laquelle il s'était filmé dans l'enceinte du Sénat en train de célébrer l'invasion.

Le second juge a, lui, demandé une peine beaucoup plus légère, de 2 ans et demi en régime ouvert.

L'avocat de la défense a affirmé que son client était victime d'un "procès politique". Selon lui, contrairement à d'autres bolsonaristes, il n'a "pas commis le moindre acte de violence".

Le procès doit reprendre jeudi. Neuf juges doivent encore voter.

Au-delà des 232 procès prévus pour les accusés des délits les plus graves, le parquet se penche sur le cas de plus de 1 000 autres personnes qui pourraient échapper à des poursuites pénales et se voir infliger des amendes ou des peines alternatives à la prison.

Les enquêteurs cherchent également à identifier les financeurs présumés de ces attaques, tout en se penchant sur les responsabilités au sein de l'armée et de la police.

Le mois dernier, sept membres du haut commandement de la police militaire de Brasilia ont été arrêtés pour "omission", le parquet évoquant par ailleurs une "profonde contamination idéologique" au sein des forces de l'ordre.

Enquête sur le rôle de Jair Bolsonaro

Jair Bolsonaro, condamné récemment à huit ans d'inéligibilité pour avoir disséminé de fausses informations sur le système électoral avant le scrutin, est sous le coup d'une enquête visant notamment à découvrir s'il a joué un rôle d'instigateur des violences.

L'ex-président se trouvait aux Etats-Unis au moment des saccages à Brasilia. Il nie toute implication et dénonce "l'obsession de certains" pour tenter de l'incriminer.

"À partir du moment où j'ai accédé à la présidence, on m'a constamment accusé de vouloir fomenter un coup d'Etat (...). Mais je n'ai jamais agi en dehors des limites de la Constitution", a-t-il dit dans un entretien publié mercredi par le quotidien Folha de S. Paulo.

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Il a par ailleurs accusé le gouvernement Lula d'avoir "au minimum" laissé faire les émeutiers le 8 janvier.

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