Qui est Javier Milei, le président élu de l'Argentine ?

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Javier Milei. Tous droits réservés Euronews, AP
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Par Rory Elliott ArmstrongOlivier Tolachides et Laura Vandormael avec AP
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Cet article a été initialement publié en anglais

L’économiste ultralibéral Javier Milei a remporté le second tour de la présidentielle, avec 55,95 % des voix contre 44,04 % à son rival, le ministre de l’Economie, Sergio Massa.

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En quelques années seulement, le populiste Javier Milei est passé du statut de polémiste à la télévision à celui de futur président d'Argentine. 

Sa devise : "Je ne suis pas venu pour guider les agneaux, je suis venu pour réveiller les lions".

Un partisan de Javier Milei participe à son meeting de clôture de campagne à Cordoba, en Argentine, le jeudi 16 novembre 2023.
Un partisan de Javier Milei participe à son meeting de clôture de campagne à Cordoba, en Argentine, le jeudi 16 novembre 2023.Nicolas Aguilera/Copyright 2023 The AP. All rights reserved

C'est sa capacité à canaliser la colère des Argentins à l'égard de la classe dirigeante, dans un contexte d'inflation à trois chiffres (140%) et d'augmentation de la pauvreté, qui semble avoir séduit les électeurs. Plus de 40 % de la population peine à boucler ses fins de mois.

"Il parle comme quelqu'un de la rue, comme l'un d'entre nous, c'est pourquoi il est si populaire", affirme Rodrigo Agüera, un serveur argentin installé à Barcelone.

"Je suis en faveur d'un changement", dit-il, "mais nous devrons voir ce qui se passera après cela, parce qu'en fin de compte, les politiciens seront toujours des politiciens, ils vous disent une chose et en font une autre".

Javier Milei salue ses partisans lors de son meeting de clôture de campagne à Cordoba, en Argentine, le jeudi 16 novembre 2023.
Javier Milei salue ses partisans lors de son meeting de clôture de campagne à Cordoba, en Argentine, le jeudi 16 novembre 2023.Nicolas Aguilera/Copyright 2023 The AP. All rights reserved

Les Argentins à la recherche d'une alternative

Le chercheur Alan Ríos semble penser que la partie de la population qui soutient Javier Milei "ne se reconnaît pas dans le discours actuel."

"Ils ont vécu des expériences avec les deux types de gouvernement et rien n'a changé. En fait, la situation a empiré", explique-t-il.

Non à l'avortement

Souvent appelé le Donald Trump argentin, Javier Milei défend les idéaux du capitalisme et prône des politiques socialement conservatrices. Il s'oppose notamment à l'avortement, que l'Argentine a légalisé en 2020.

 Il est également favorable à la vente libre d'armes à feu et d'organes humains : "pourquoi tout doit-il être réglementé par l'État ? Ma première propriété est mon corps", affirme-t-il.

L'introduction du dollar américain et la fermeture de la Banque centrale sont deux des mesures qu'il promet, ainsi que la privatisation des entreprises publiques.

Certains de ses partisans utilisent également des accessoires pour imiter la tronçonneuse que Javier Milei a souvent brandie, lors de ses rassemblements pour symboliser ce qu'il veut faire des dépenses de l'État. L'économiste a clairement indiqué qu'il y aurait des coupes dans les principaux domaines sociaux tels que la santé, l'éducation et le développement social.

Selon Luis Klejzer, professeur d'histoire, "il représente un danger pour la liberté démocratique et les droits de l'homme".

Javier Milei brandit une tronçonneuse lors d'un événement de campagne à La Plata, en Argentine, le mardi 12 septembre 2023.
Javier Milei brandit une tronçonneuse lors d'un événement de campagne à La Plata, en Argentine, le mardi 12 septembre 2023.Natacha Pisarenko/Copyright 2023 The AP. All rights reserved

La mémoire historique en danger

Un autre point qui a suscité un débat public est la candidate à la vice-présidence, Victoria Villarruel.

Fille d'officiers militaires, elle a été critiquée pour avoir remis en question les crimes commis pendant la dictature militaire qui a régné sur l'Argentine de 1976 à 1983, notamment la torture et la disparition de milliers de personnes par les forces de sécurité.

"Il y a un grand secteur de la société, les familles de militaires, les gens des cercles militaires, les gens plus à droite, qui sont tous impliqués dans la politique en Argentine et qui jusqu'à présent n'ont pas eu leur lieu de représentation", explique Alan Ríos.

"Javier Milei, en venant ici et en revendiquant toutes ces choses, donne aussi ouvertement une place à tous ces gens", ajoute-t-il.

Rassemblement de campagne à Buenos Aires, Argentine, lundi 25 septembre 2023.
Rassemblement de campagne à Buenos Aires, Argentine, lundi 25 septembre 2023.Rodrigo Abd/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.

Selon Luis Klejzer, le personnage de Javier Milei "est capable de canaliser tout le mécontentement que porte cette société. Surtout chez les jeunes", que la crise économique frappe de plein fouet.

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"Ils ne voient pas d'avenir. Ils essaient donc de sortir de cette situation par le biais de l'extrême droite".

Le professeur d'histoire de Buenos Aires se dit inquiet si Javier Milei devait être élu président, car "nous sommes déjà à un pas de la perte des libertés constitutionnelles de notre chère Argentine". Javier Milei prendra ses fonctions à la tête de l'Argentine, le 10 décembre prochain.

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