Tremblement de terre politique et économique en Argentine. Après la victoire de l’ultralibéral et anti-système Javier Milei aux primaires, le peso argentin a été dévalué d'environ 20% en deux jours.
Les autorités monétaires ont choisi l’autodéfense et l’anticipation de la réaction des marchés, après les résultats aux primaires de dimanche dernier.
"La question est de savoir si lui ou quelqu'un d'autre peut vraiment redresser l'économie argentine, car la tâche s'annonce ardue", affirme d'emblée Christopher Sabatini, chercheur à l'institut de réflexion Chatham House.
Par exemple, les dépenses publiques représentent 40% du PIB du pays : "cela signifie que si nous voulons résoudre le problème de la dette, de l'inflation et de la tendance de la banque centrale à imprimer de la monnaie, il faudra réduire considérablement les subventions", explique le chercheur.
Dans un pays aux prises avec une inflation annuelle de plus de 100%, une pauvreté croissante et une monnaie qui se déprécie rapidement, le résultat des primaires reflète la colère des Argentins contre la classe politique. Mais représente-t-il vraiment un changement idéologique en Argentine ?
Pour C. Sabatini, une victoire surprise de Javier Milei aux primaires ne serait pas représentatif d'un changement global de l'électorat argentin vers la droite ou une sorte de vision libertaire, comme prônée par Javier Milei.
"Il se qualifie lui-même d'anarcho-capitaliste d'une sorte d'État très réduit, qui reflèterait les valeurs populaires fondamentales de l'Argentine. Je pense que l'Argentine reste un pays de centre gauche dans son orientation", ajoute l'expert.
La corruption et le manque de renouveau de la classe politique ont eu des conséquences dans toute la région. Cela a pu être observé Etats-Unis, au Brésil et dans une grande partie de l'Amérique latine. Et face au sentiment d'insécurité, les gens se tournent vers des alternatives parfois extrêmes.
"Les gens ont le sentiment qu'il n'y a pas eu de renouveau politique, que les hommes et femmes politiques n'ont pas de comptes à rendre. Mais il y a aussi le sentiment d'une profonde insécurité économique qui est à l'origine de cette situation", précise Christopher Sabatini.
Il donne pour exemple des enquêtes menées en Amérique latine par l'université Vanderbilt, où plus de 80 % des personnes interrogées pensent que la moitié ou plus de leurs hommes politiques sont corrompus. "Lorsque les gens ne font pas confiance à leurs représentants politiques et aux institutions, ils cherchent des réponses extrêmes en dehors du système", conclue-t-il.