Les États-Unis relancent la course à l'espace en finançant des entreprises privées

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Par Anna Desmarais
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Cet article a été initialement publié en anglais

La mission lunaire réussie par Intuitive Machines le mois dernier a été en partie subventionnée par la NASA - et ce n'est qu'un début.

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L'alunissage réussi d'Intuitive Machines le mois dernier sera le premier d'une série de tentatives menées par des entreprises privées aux États-Unis jusqu'à la fin de la décennie.

La mission lunaire a tourné court après cinq jours, en raison d'une perte d'énergie de l'atterrisseur lunaire Odysseus, le soleil s'étant éloigné du dernier panneau solaire situé à l'arrière de l'appareil.

Joel Kearns, administrateur associé adjoint chargé de l'exploration au sein de la direction des missions scientifiques de la NASA, a déclaré lors d'une conférence de presse, quelques jours après le début de la mission : "On peut considérer cette mission comme un test de vol".

En effet, le projet Intuitive Machines a été en partie financé par un programme relativement nouveau et peu connu de la NASA, l'initiative Commercial Lunar Payload Services (CLPS). Son objectif : confier pour la première fois la responsabilité et les aspects techniques d'un alunissage à des entreprises privées.

Nicholas Peter, président de l'Université internationale de l'espace (ISU) en France, estime que ce nouveau programme de la NASA marque le début d'une "nouvelle course à la Lune" pour les États-Unis, qui tentent de rivaliser avec les récents atterrissages réussis de l'Inde, du Japon et de la Chine.

"Le programme [CLPS] offre davantage de possibilités de développer des missions scientifiques sur la Lune, maintenant que cela n'est plus réservé aux organismes gouvernementaux", explique Nicholas Peter à Euronews Next.

La nouvelle mission de la NASA

Le 3 mai 2018, la NASA a publié un nouveau communiqué dans lequel elle avance que l'exploration de la surface de la Lune se poursuivrait à l'avenir, mais d'une manière différente.

Dans la foulée, l'agence américaine a annoncé un investissement de 2,6 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros) jusqu'en 2028 dans des contrats à durée indéterminée, destiné à un nombre restreint d'entreprises privées, afin d'"accélérer" le retour américain sur la Lune.

"Nous nous appuierons sur les intérêts et les capacités de l'industrie américaine et de nos partenaires internationaux pour que l'innovation américaine ramène les astronautes sur la Lune et vers des destinations plus lointaines dans le système solaire, y compris Mars", déclarait Jim Bridenstine, administrateur de la NASA, dans un communiqué de presse publié à l'époque.

L'astronef d'Intuitive Machines est le deuxième à être lancé dans le cadre du programme CLPS.

En janvier, la mission d'Astrobotic Technology, une entreprise basée à Pittsburg, a échoué en raison d'une fuite de propergol qui a empêché l'appareil d'atterrir. D'autres entreprises financées par la NASA, telles que Draper et Firefly Aerospace, travaillent sur les missions à venir.

Plusieurs d'entre elles devraient avoir lieu dans le courant de l'année, parmi lesquelles la mission VIPER d'Astrobotic vers le pôle sud lunaire, une livraison de technologie de Firefly Aerospace vers une plaine basaltique de la Lune, et une autre mission d'Intuitive Machines vers Reiner Gamma, un tourbillon lunaire.

La NASA n'a pas souhaité répondre aux questions d'Euronews Next.

Il ne s'agit plus de planter un drapeau

Chris Boger, directeur des vols spatiaux habités et de l'exploration à Draper, déclare qu'avant le nouveau programme CLPS de la NASA, il était rare qu'une mission spatiale d'une entreprise privée soit soutenue par le gouvernement.

L'agence spatiale confiait plutôt aux entreprises privées la tâche de développer une partie de l'engin spatial. Le premier contrat de Draper avec la NASA remonte à 1959 et concernait le développement du système de navigation pour le célèbre atterrissage d'Apollo.

Récemment, Chris Boger a avancé qu'il y avait eu une nouvelle "explosion" de l'intérêt commercial pour le retour sur la Lune. Selon lui, la NASA est donc incitée à financer davantage de missions et, par extension, à créer un espace plus porteur pour les start-ups.

Il existe d'autres raisons de vouloir retourner sur la Lune, selon Nicholas Peter de l'Université internationale de l'espace, parmi lesquelles le stockage de données dans l'espace lointain.

Il s'agit aussi d'établir une nouvelle frontière pour l'extraction des ressources. La Lune possède de l'eau et de l'hydrogène en abondance, qui, selon Nicholas Peter, deviendront de plus en plus importantes sur Terre.

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"L'exploration spatiale ne consiste plus à planter un drapeau", ajoute-t-il, faisant référence aux objectifs de l'alunissage de 1969.

Un relais, pas un sprint vers la Lune

La mission de Draper en 2025 ciblera le bassin de Schrodinger, une région de la Lune qui présente une activité volcanique récente.

Chris Boger a déclaré qu'il était "très heureux" pour ses collègues d'Intuitive Machines lorsqu'il a appris la nouvelle de leur atterrissage en douceur.

Il maintient que cette course à l'espace moderne est moins un sprint qu'un relais, nécessitant beaucoup de collaboration entre toutes les entreprises qui mènent les lancements.

"C'est une communauté soudée, il y a beaucoup de transparence et de partage d'informations que nous pouvons prendre en compte dans les objectifs de chaque mission", conclut-il.

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