L'administration de Donald Trump cite de "nouveaux renseignements" de la CIA pour appuyer son affirmation initiale selon laquelle les frappes américaines sur l'Iran ont été "une réussite totale".
Le directeur de la CIA, John Ratcliffe, affirme que les frappes américaines ont causé de "graves dégâts" aux installations nucléaires iraniennes, un jour après qu'une évaluation d'une autre agence, la DIA, a minimisé l'efficacité de l'opération.
John Ratcliffe estime que des sites clés ont été détruits et qu'il faudrait les reconstruire "au fil des ans", mais n'est pas allé jusqu'à assurer que le programme nucléaire iranien avait été purement et simplement éliminé, comme l'a initialement prétendu Donald Trump.
Deux évaluations contradictoires d'agences de renseignement américaines
Cette annonce de la CIA intervient un jour après qu'une fuite d'une évaluation préliminaire de l'Agence de renseignement de la défense (DIA) a minimisé l'ampleur des destructions et conclu que des éléments clés du programme nucléaire iranien pourraient être relancés "en quelques mois".
Cette évaluation mentionnait également qu'une grande partie du stock d'uranium hautement enrichi de l'Iran avait été déplacée avant que les États-Unis ne frappent les sites au cours du week-end.
Donald Trump a d'abord déclaré que l'utilisation par les États-Unis de bombes à fragmentation sur les sites d'enrichissement d'uranium de Fordo et de Natanz était un "succès militaire spectaculaire" qui avait "anéanti" les installations clés.
Le président américain a ensuite contesté les informations diffusées par les médias au sujet de l'évaluation de la DIA, affirmant sur les réseaux sociaux mercredi que des médias "fake news" avaient "menti et totalement déformé les faits".
Donald Trump entretient le doute sur l'impact réel des frappes
Mercredi également, Donald Trump et son secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, ont toutefois semblé mettre en doute l'ampleur des dégâts infligés aux sites.
Lors d'un sommet de l'OTAN à La Haye, le président américain a en effet déclaré aux journalistes que les "renseignements n'étaient pas concluants".
"Les renseignements disent que nous ne savons pas. Les dégâts auraient pu être très importants. C'est ce que suggèrent les renseignements", a-t-il déclaré, avant de revenir sur ses propos en affirmant que le programme iranien avait été retardé de "plusieurs décennies".
Pete Hegseth a quant à lui qualifié les dégâts subis par les installations de "modérés à graves", tout en rejetant le rapport de la DIA, qu'il a qualifié de faux.
Les responsables américains ont également évoqué les conclusions des Israéliens.
Mercredi, le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait déclaré que la frappe américaine sur l'installation de Fordo l'avait "rendue inopérante" et que l'effort combiné des frappes israéliennes et américaines avait "fait reculer de plusieurs années la capacité de l'Iran à développer des armes nucléaires".
Il est encore trop tôt pour évaluer l'impact des frappes, selon les experts
Selon les experts, il est difficile de tirer des conclusions fiables sur l'impact des frappes américaines après quelques jours seulement.
Un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que les installations avaient subi des dégâts importants, mais il a refusé de préciser quelles étaient les installations les plus endommagées et dans quelle mesure.
Rafael Grossi, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'organe des Nations unies chargé des questions nucléaires, a également déclaré mardi que les sites avaient subi des "dégâts considérables" dans les frappes.
L'AIEA estime que les routes d'accès proches de l'installation souterraine et une entrée du site de Fordo ont été touchées. Sur le site de Natanz, l'AIEA a indiqué dans son évaluation initiale que deux trous d'impact des frappes américaines avaient été identifiés au-dessus des halls souterrains utilisés pour l'enrichissement et le stockage.
L'Iran souhaite suspendre sa coopération avec l'AIEA
Alors que les spéculations vont bon train quant à l'étendue exacte des dégâts, les efforts diplomatiques visant à empêcher l'Iran de reconstruire son programme nucléaire gagnent également du terrain.
Donald Trump a déclaré que les responsables américains et iraniens se rencontreraient bientôt pour reprendre un dialogue qui a été interrompu par près de deux semaines de conflit ouvert entre Israël et l'Iran.
"Je me fiche de savoir si j'ai un accord ou non", a toutefois déclaré mercredi le président américain, car l'Iran est selon lui trop gravement endommagé pour envisager de reconstruire son programme. "Ils ne le feront pas de toute façon. Ils en ont assez".
Selon Rafael Grossi, l'Iran dispose cependant toujours des "connaissances techniques" et de la "capacité industrielle" nécessaires pour reconstruire son programme. Le chef de l'AIEA estime que la priorité est de permettre aux inspecteurs de l'agence de retourner sur les sites afin de procéder à une évaluation approfondie.
Mais une telle visite paraît quelque peu compromise à court terme. Le Conseil des gardiens de la Constitution iranienne a en effet approuvé jeudi un projet de loi visant à suspendre toute coopération avec l'AEIA, lui reprochant de ne pas avoir condamné les frappes américaines de dimanche.
Ce texte avait été approuvé la veille à une écrasante majorité par le Parlement iranien.