Pornhub, Stripchat et XVideos feront l'objet d'un contrôle plus strict de l'UE

La société canadienne Pornhub est l'un des trois sites pornographiques désignés comme "très grande plateforme en ligne" (VLOP) dans le cadre de la loi européenne sur le service numérique.
La société canadienne Pornhub est l'un des trois sites pornographiques désignés comme "très grande plateforme en ligne" (VLOP) dans le cadre de la loi européenne sur le service numérique. Tous droits réservés LIONEL BONAVENTURE/AFP or licensors
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Par Mared Gwyn Jones
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Cet article a été initialement publié en anglais

Pornhub, Stripchat et XVideos devront se conformer aux réglementations numériques les plus strictes de l'Union européenne après avoir été désignées, mercredi, "très grandes plateformes en ligne" par la Commission européenne.

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Les trois sociétés spécialisées dans le contenu pour adultes rejoignent Facebook, Instagram, Google et X d'Elon Musk sur la liste des plateformes de l'Union européenne comptant en moyenne plus de 45 millions d'utilisateurs mensuels.

La Commission européenne pourra désormais veiller à ce que les sites respectent les règles les plus strictes prévues par la loi sur les services numériques (DSA) notamment en matière de protection des mineurs et de lutte contre la diffusion de contenus illicites.

"Je me félicite que Pornhub, XVideos et Stripchat aient été désignés comme de très grandes plateformes en ligne. Cela permettra un examen plus approfondi et une plus grande responsabilité de leurs algorithmes et processus", souligne Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission.

Il s'agit d'une étape importante dans les efforts déployés par l’Union pour sévir contre un secteur déréglementé, alors que les mécanismes de vérification de l'âge, la circulation de matériel pédopornographique et le "revenge porn" généré par l'intelligence artificielle suscitent de plus en plus d'inquiétudes.

La société canadienne Pornhub et le service mondial de webcams Stripchat, dont le siège européen se trouve à Chypre, ont affirmé que leurs utilisateurs mensuels n'atteignaient pas le seuil des 45 millions. Pornhub évoque 33 millions d'utilisateurs mensuels dans l'Union européenne.

Un haut fonctionnaire de la Commission européenne a confirmé mercredi que, sur la base d'autres données, l’insititution avait une "certitude raisonnable" que les méthodes utilisées par les plateformes pour calculer le nombre d'utilisateurs étaient erronées et que les deux avaient des utilisateurs mensuels "au-dessus et au-delà" de 45 millions.

Mais en réponse à la décision de mercredi, le site pornographique canadien réfute une nouvelle fois l'évaluation de la Commission et maintient son analyse initiale. "Au 31 juillet 2023, Pornhub compte 33 millions de destinataires mensuels moyens du service dans l'Union européenne, calculés comme une moyenne sur la période des six derniers mois", défend l’entreprise dans une déclaration.

Après avoir initialement refusé de publier ses chiffres d'utilisateurs en février, l’entreprise française XVideos a confirmé en juin que ses visites mensuelles s'élevaient à 160 millions d’utilisateurs, et n'a pas contesté sa désignation de très grandes plateformes. Fondée à Paris en 2017, XVideos est désormais enregistrée sous une holding tchèque.

Cette qualification, décidée par la Commission, déclenche de nouvelles règles pour les trois entreprises dans le but de lutter contre les risques liés aux contenus illégaux, aux droits fondamentaux et à la sécurité publique. Les nouvelles obligations doivent entrer en vigueur le 17 février 2024, et l’institution européenne devrait examiner les rapports d'atténuation des risques des trois sites pornographiques d'ici la fin du mois d'avril.

La Commission affirme que la liste des entreprises soumises aux règles les plus strictes va s'allonger, d'autres plateformes telles que Only Fans et Telegram sont dans son collimateur.

Les sites de divertissement pour adultes sont jugés difficiles à contrôler pour les régulateurs, mais un haut fonctionnaire de la Commission européenne assure que le dialogue progresse.

"Ils décrochent le téléphone quand l'Europe les appelle", résume le fonctionnaire.

La protection de l'enfance en ligne de mire

L'une des principales préoccupations de l'Union européenne est le risque encouru par les mineurs en l'absence d'outils efficaces de vérification de l'âge lorsqu'ils accèdent à des contenus pour adulte.

Les sites pornographiques sont tenus de s'assurer que les mineurs ne peuvent pas accéder à ces contenus en vertu de la directive européenne de 2018 sur les services de médias audiovisuels, mais les règles ne sont pas appliquées de manière efficace.

"J'ai été très clair sur le fait que la création d'un environnement en ligne plus sûr pour nos enfants est une priorité de mise en œuvre dans le cadre du DSA", souligne Thierry Breton, commissaire européen en charge du Marché intérieur.

L'absence de solution technique solide pour empêcher les mineurs de contourner les contrôles de vérification de l'âge est l'une des principales pierres d'achoppement, y compris pour les régulateurs nationaux. Un projet de loi français adopté en octobre permet au gouvernement de bloquer les sites pornographiques qui ne disposent pas de mesures de vérification de l'âge et de l'identité suffisantes pour empêcher les mineurs d'accéder à leur contenu.

D'autres pays, comme l'Australie et le Royaume-Uni, ont éprouvé des difficultés à trouver une solution technique solide de vérification de l'âge qui soit également conforme aux normes de protection de la vie privée.

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