Halte au gaspillage alimentaire : les clés pour faire attention

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Farm to Fork
Farm to Fork Tous droits réservés Roberto Serra / Iguana Press/Roberto Serra / Iguana Press
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Par Natalia Oelsner
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Le #gaspillage alimentaire est un fléau mondial qui a un impact sur l'économie et le réchauffement climatique. Le professeur Andrea Segré de l'université de Bologne nous explique pourquoi il est si important d'arrêter de gaspiller la nourriture.

Ce professeur explique comment réduire le gaspillage alimentaire (et pourquoi c’est si important !)

Après des décennies de déclin, la faim dans le monde est de nouveau en hausse. En 2019, 8.9% de la population mondiale souffrait de niveau de faim extrême et c’était avant la pandémie de Covid-19. L’augmentation de la population ne va pas arranger les choses. D’ici à 2050, il y aura environ 10 milliards de personnes sur la planète. Pour nourrir tout le monde, la production alimentaire devra augmenter de 60%.

Les calculs sur le gaspillage alimentaire présentent une contradiction : un tiers de tout ce qui est produit pour la consommation de l’homme est perdu ou gaspillé. Dans l’UE, ce chiffre atteint 20%. Les ménages sont responsables de plus de la moitié de ces déchets et il incombe à nos actions individuelles de résoudre ce problème. "Nous devons éviter le gaspillage alimentaire et ensuite penser à l’augmentation de la production", explique le professeur Andrea Segre de l’Université de Bologne. Ses recherches sur le gaspillage alimentaire aident à identifier de meilleures pratiques et à comprendre pourquoi autant de nourriture termine à la poubelle. Le gaspillage alimentaire est plus qu’une question éthique, la science nous apprend aussi qu’il a un impact sur l’économie et le changement climatique.

"Nous devons apprendre que la nourriture est une valeur et qu’elle a un impact sur l’environnement et notre santé".
Andrea Segré
professeur à l'Université de Bologne

Comment réduire le gaspillage alimentaire ? De la préparation d’une liste de courses à la compréhension des marques : l’éducation alimentaire est la clé.

Pour le professeur Segré, l’éducation alimentaire est la première solution. "L’innovation devrait être dans l’éducation, ainsi que dans la technologie“. Il est persuadé que les étudiants devrait apprendre que la nourriture est un investissement à la fois pour la planète et notre santé.

"Cela serait innovant", et pourtant il concède que "cela devrait être normal". Apprendre aux étudiants à préparer une liste de courses ou comment manger de manière équilibrée sont des pratiques qui pourraient les aider à n’acheter que ce qui est nécessaire. "Ne laissez pas le chariot de courses vous guider. Conduisez-le et n’achetez que ce dont vous avez besoin“, explique-t-il. Pour illustrer cela il décrit comment les offres des supermarchés encouragent une consommation excessive. Il utilise l’exemple de l’achat de deux yaourts avec une offre pour le troisième gratuit. Des offres attractives de ce type incitent les consommateurs à faire des dépenses imprudentes. Si ce troisième yaourt est périmé et jeté à la poubelle l’acheteur se sentira moins coupable parce qu’il ne la pas payé.

Le gaspillage alimentaire a aussi un impact sur notre portefeuille. En Italie, il coûte près de 250 euros par ménage chaque année. Dans l’UE, les coûts associés au gaspillage alimentaire étaient estimés à près de 143 milliards d’euros en 2016. Le professeur Segré insiste aussi sur l’importance de savoir lire l’étiquetage des produits comme les dates d’expiration par exemple.

"Il est important d’apprendre aux étudiants quelques règles comme : regarder les étiquettes ou savoir que s’ils lisent 'à consommer de préférence avant', ils peuvent manger le produit un jour après et rien ne leur arrivera“. Il recommande aussi de soutenir des commerces et des producteurs durables. Les gens devraient apprendre à éviter le greenwashing ( procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation dans le but de se donner une image de responsabilité écologique trompeuse) et à savoir si un produit est vraiment durable. Un produit marqué "vert“, "eco“ ou "naturel“ ne garantit pas des pratiques durables ou des bienfaits sur la santé.

La mise en place de meilleurs systèmes locaux pour promouvoir une meilleure gestion des déchets alimentaires est essentielle pour la durabilité. Last Minute Market est un excellent exemple du succès que cela pourrait entraîner. Cette entreprise sociale a été créée par le professeur Segré et développe des projets locaux pour récupérer les invendus et les distribuer à des associations caritatives. "C’est un projet qui allie durabilité et solidarité en évitant le production de déchets", explique-t-il. L’initiative existe avec la nourriture, mais aussi dans d’autres domaines comme les produits pharmaceutiques ou les livres. Il vérifie également que les produits répondent aux exigences de sécurité.

La proximité entre les producteurs et les consommateurs est la clé de la durabilité du projet. La nourriture et les bénéficiaires sont au même endroit, il n’y a pas de transport, de stockage ou de frais de réfrigération. Les clients en revanche, sont encouragés à évaluer comment leurs habitudes de dépenses font appel des processus nuisibles. "Il ne s'agit pas seulement de nourriture récupérée“ explique le professeur. "C’est un projet de logistique. Nous avons besoin d’un système alimentaire plus efficace. Cela résoudra, avec l’aide d’autres instruments, le problème mondial qu'est la faim".

Les technologies pour sauver la nourriture et les ressources naturelles

La lutte contre le gaspillage alimentaire est aussi une bataille contre le changement climatique. Quand nous produisons de la nourriture, des ressources naturelles comme de la terre, de l’eau et de l’énergie sont nécessaires.

A travers la chaîne d’approvisionnement, ces ressources sont souvent perdues. Cela a un impact sur l’environnement et le changement climatique. "La pollution est la conséquence la plus importante du gaspillage alimentaire“, pour le professeur Segré. Il explique que si le gaspillage alimentaire était un pays, ce serait la troisième source d’émission de gaz à effet de serre au monde, après la Chine et les Etats-Unis. Néanmoins, les nouvelles technologies peuvent aider à rendre l’agriculture plus durable et à réduire les pertes. "Les technologies doivent utiliser les ressources naturelles plus efficacement".

L’UE prend des mesures pour réduire le gaspillage alimentaire

Réduire de moitié le gaspillage alimentaire par habitant au niveau du commerce de détail et des consommateurs est l’un des principaux objectif de l’UE pour 2030. Elle s’est aussi engagée à réduire les pertes alimentaires tout au long de la production alimentaire et des chaînes d’approvisionnement.

"_Je crois que c’est très positif. Si vous lisez le Green Deal, la nouvelle stratégie ‚Farm to Fork est claire"_, explique le professeur Segré. Dans cette stratégie, l’UE cherche également à améliorer la sécurité alimentaire et à rendre une alimentation saine et durable plus accessible et abordable à tous les Européens.

La route est encore longue, mais le professeur Segré croit que l’Europe est sur la bonne voie. Il est optimiste sur le fait que la solution est désormais à l'agenda mondial. "Aujourd’hui, il y a même une journée internationale consacrée à la sensibilisation au gaspillage alimentaire“, explique-t-il. Des événements comme celui-ci peuvent être dénigrés par certains militants mais le professeur Segré n’est pas d’accord. Selon lui, plus il y a de personnes qui prêtent attention à un problème, plus il y a des possibilités de solutions.

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