"Un mauvais message au mauvais moment" d'Emmanuel Macron

Le président français, Emmanuel Macron, et le président chinois, Xi Jinping (de droite à gauche)
Le président français, Emmanuel Macron, et le président chinois, Xi Jinping (de droite à gauche) Tous droits réservés Jacques Witt/AP
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Par Efi Koutsokosta
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Les propos du président français concernant la sécurité de l'île continuent de provoquer des tensions.

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Lors de son déplacement en Chine, le président français voulait afficher l’unité de l’UE. Emmanuel Macron avait invité pour l’occasion la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Mais les propos du dirigeant français qui appelle à ne pas "_être suivist_e" des Etats-Unis ou de la Chine concernant Taïwan ont froissé Washington et plusieurs capitales européennes.

Euronews a interrogé Zsuzsa Anna Ferenczy, chercheuse à l' Institute for Security and Development Policy.

Euronews :

Le président français a déclaré que l'Europe devait se tenir à l'écart de toute confrontation entre les Etats-Unis et la Chine, y compris sur la question de la sécurité de Taïwan. Est-ce la teneur de ses propos ou le moment choisi pour les prononcer qui a suscité ces vives réactions de part et d'autre de l'Atlantique ?

Zsuza Anna Ferenczy :

Je dirais que c'est à la fois la substance et le moment. Voyons d'abord le fond. Je pense qu'il est désormais clair pour tout le monde, non seulement dans la région indo-pacifique, mais aussi dans le monde démocratique ou dans les démocraties des pays du monde entier, que la position affirmée et agressive de la Chine et son comportement expansionniste dans la région où se trouve Taïwan ont des implications non seulement pour Taïwan et la région, mais aussi pour les pays situés au-delà de la région. L'Union européenne n'est pas en reste. Donc, le fait qu'Emmanuel Macron ait pris ses distances par rapport à cette réalité, la réalité dans laquelle Taïwan fait face à une menace existentielle de la part de son voisin, le fait qu'il ait pris ses distances par rapport à cette réalité, je pense que c'est un mauvais message au mauvais moment.

Euronews :

Est-ce que les propos d'Emmanuel Macron ont porté atteinte à la tentative de l'Union européenne de dessiner une approche commune à l'égard de Pékin ?

Zsuza Anna Ferenczy :

Il n'y a pas d'unité sur la Chine quand il s'agit de savoir comment nous voulons faire face aux menaces qui se présentent à la fois dans le domaine économique, dans le commerce que nous faisons avec la Chine, mais aussi dans les valeurs politiques, dans le manque de transparence et de gouvernance démocratique que nous voyons venir de Chine et la menace que la Chine représente avec sa désinformation et ses divers outils pour saper la démocratie. Les Etats membres, lorsqu'ils agissent individuellement, que ce soit la France, l'Allemagne ou tout autre pays, préfèrent faire face de leur côté à la Chine et ne pas vraiment soutenir cette convergence émergente ce qui nuit à l'UE.

Euronews :

Emmanuel Macron et d'autres dirigeants font-ils la même erreur avec Xi Jinping qu'avec Vladimir Poutine ?

Zsuza Anna Ferenczy :

Je pense que tout pays qui va de l'avant avec la Chine sans examiner la nature de la relation et les risques qui en découlent, que ce soit la France d'Emmanuel Macron, l'Allemagne ou tout autre pays qui approfondit cette relation sans "dé-risquer", si je peux utiliser ce terme, réalise la même erreur que ces pays qui ont créé une interdépendance avec la Russie, un allié en qui ils ne peuvent pas avoir clairement confiance. Et nous courons ce risque. Et si la Russie a présenté ce risque pour l'Europe et que nous sommes dans cette situation, il est clair que nous ne voulons pas qu'une situation et un risque similaires se développent dans nos relations avec la Chine.

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