Nous ne devons pas compromettre la crédibilité de l'OTAN en matière de dissuasion, assure Jens Stoltenberg

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, s'est adressé aux médias mercredi matin.
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, s'est adressé aux médias mercredi matin. Tous droits réservés Virginia Mayo/Copyright 2024 The AP. All rights reserved
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Par Jorge Liboreiro
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Cet article a été initialement publié en anglais

"Nous ne devrions pas saper la crédibilité de la dissuasion de l'OTAN", a déclaré Jens Stoltenberg mercredi, en réponse aux propos de Donald Trump.

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"La dissuasion est dans l'esprit de nos adversaires. Nous ne devrions laisser aucune place à l'erreur de calcul ou à l'incompréhension à Moscou quant à notre état de préparation, notre engagement et notre détermination à protéger tous les Alliés". Le secrétaire général de l’OTAN a fait une mise au point mercredi à Bruxelles.

"La raison de le faire n'est pas de provoquer un conflit, mais de le prévenir, comme l'OTAN le fait avec succès depuis 65 ans", assure Jens Stoltenberg.

Maintenir l'Alliance forte est dans "l'intérêt national des États-Unis", précise-t-il, car le pays "n'a jamais mené une guerre seul".

Cette mise en garde intervient quelques jours après l’avertissement lancé par l’ancien président américain Donald Trump, favori des Républicains pour l'élection présidentielle de novembre. Le milliardaire a laissé entendre, lors d'un meeting en Caroline du Sud, qu'il "encouragerait" la Russie à attaquer tout pays de l'OTAN qui n'atteindrait pas l'objectif de consacrer 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à la défense.

Il a affirmé que le dirigeant d'un "grand pays" d'Europe, dont le nom n'a pas été révélé, lui avait demandé : "si nous ne payons pas et que nous sommes attaqués par la Russie, nous protégerez-vous ?"

Ce à quoi Donald Trump a répondu : "non, je ne vous protégerai pas. En fait, je les encouragerais (les Russes) à faire ce qu'ils veulent. Vous devez payer. Vous devez payer vos factures".

Ces propos ont immédiatement suscité un tollé et une forte condamnation de la part des Alliés. Ils y voient une remise en cause imprudente de l'article 5 relatif à la défense collective. L'acutel président américain, Joe Biden, a lui aussi répondu sèchement au candidat républicain. Il qualifie les commentaires de Donald Trump de "stupides", "honteux", "dangereux" et "anti-américains".

"Pouvez-vous imaginer qu'un ancien président des États-Unis puisse dire cela ? Le monde entier l'a entendu", a précisé Joe Biden en début de semaine, "le pire, c'est qu'il le pense. Aucun autre président dans notre histoire ne s'est jamais incliné devant un dictateur russe".

Le chancelier allemand Olaf Scholz estime pour sa part que les remarques de Donald Trump sont "irresponsables et dangereuses", tandis que le président du Conseil européen, Charles Michel, parle de "déclarations imprudentes" qui "ne servent que les intérêts de Poutine".

Au cours des quatre années de son mandat, Donald Trump a souvent dépeint l'OTAN comme une entreprise basée sur les contributions financières des pays plutôt que comme un partenariat militaire fondé sur la confiance mutuelle et la coopération. Alors que les sondages annoncent une course présidentielle serrée, les propos de l’ancien président américain ravivent les craintes sur son éventuel retour à la Maison Blanche et au possible retrait des États-Unis de l'Alliance.

"L'idée de l'OTAN est qu'une attaque contre un Allié déclenche une réponse de l'ensemble de l'Alliance. Tant que nous soutenons ce message, ensemble, nous empêchons une attaque militaire contre n'importe quel allié. L'objectif de l'OTAN est donc de prévenir la guerre et de préserver la paix", souligne Jens Stoltenberg.

"Il est donc important que nous communiquions clairement, tant par nos actes que par nos paroles, que nous restions fidèles à l'engagement de l'OTAN de protéger et de défendre tous les Alliés", précise-t-il.

La promesse des Alliés de l'OTAN de consacrer 2 % de leur PIB à la défense est un objectif commun, plutôt qu'une obligation juridiquement contraignante.

L'objectif a été réaffirmé à plusieurs reprises au fil des ans et est devenu une exigence minimale à la suite de la guerre menée par la Russie en Ukraine. Depuis, les gouvernements européens ont annoncé des plans nationaux qui comprennent une augmentation rapide leurs dépenses de défense, même si, en 2023, seuls 11 des 31 Alliés ont atteint l'objectif de 2 %.

Mercredi, le secrétaire général de l’Alliance a expliqué que, selon les dernières estimations, 18 pays atteindront l'objectif d'ici à la fin de 2024. Les Européens et le Canada devraient investir 380 milliards de dollars dans la défense.

"Les critiques (des États-Unis) ne portent pas principalement sur l'OTAN, mais sur le fait que les Alliés de l'OTAN n'investissent pas dans la défense. Elle porte sur le fait que les Alliés de l'OTAN ne dépensent pas assez pour l'OTAN. Et c'est un point valable", juge Jens Stoltenberg.

"Ce message a eu un impact. Les Alliés européens et le Canada se sont mobilisés et je compte sur eux pour continuer à le faire".

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