Un bras bionique révolutionnaire pourrait faire progresser les soins aux amputés

La main bionique hautement intégrée a fait l'objet d'améliorations remarquables.
La main bionique hautement intégrée a fait l'objet d'améliorations remarquables. Tous droits réservés Ortiz-Catalan et al., Sci. Rob., 2023.
Tous droits réservés Ortiz-Catalan et al., Sci. Rob., 2023.
Par Luke Hurst
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Cet article a été initialement publié en anglais

Le bras bionique fonctionne depuis des années, réduisant le niveau de douleur de l'utilisateur. La première personne à l'avoir reçu raconte à quel point cette invention a changé sa vie.

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Une femme ayant perdu son bras à la suite d'un accident agricole a révélé comment une prothèse bionique révolutionnaire a transformé sa vie.

La technologie associée à cette prothèse permet de fusionner le bras bionique avec le squelette de l'utilisateur, tout en le reliant au système nerveux à l'aide d'électrodes implantées dans les nerfs et les muscles.

Après son accident survenu il y a plus de 20 ans, *Karin était en proie à de fortes douleurs dans les membres fantômes. Le membre fantôme ou syndrome du membre fantôme désigne la douleur persistante que la personne amputée ressent dans le membre qui n'existe plus. 

"J'avais l'impression d'avoir constamment la main dans un hachoir à viande, ce qui créait un niveau de stress élevé et m'obligeait à prendre de fortes doses de divers analgésiques", confie Karin. 

De nombreuses personnes ont du mal à s'adapter à une prothèse conventionnelle, car la fixation mécanique et le contrôle fiable des membres sont deux des principaux défis du remplacement d'un membre artificiel.

Ce fut le cas de Karin pendant de nombreuses années, trouvant les prothèses conventionnelles inconfortables et peu fiables.

Mais tout a changé lorsqu'elle est devenue la première personne amputée sous le coude à recevoir ce nouveau type de main bionique, installée grâce à "une approche chirurgicale et technique intégrée", selon le professeur Max Ortiz Catalan, responsable de la recherche sur les prothèses neurales au Bionics Institute en Australie et fondateur du Center for Bionics and Pain Research (CBPR) en Suède, qui a dirigé la recherche.

"Pour moi, cette recherche a eu une grande importance, car elle m'a permis d'améliorer ma vie", affirme Karin, qui ajoute : '"J'ai désormais un meilleur contrôle de ma prothèse, mais surtout, ma douleur a diminué. Aujourd'hui, j'ai besoin de beaucoup moins de médicaments".

Fusionner l'homme et la machine

Cette transformation de la vie de Karin est le résultat d'une technique unique qui fusionne essentiellement le squelette de l'utilisateur et le bras bionique par ostéointégration, c'est-à-dire qu'un implant est accepté par l'os comme faisant partie intégrante de celui-ci, et non comme un corps étranger.

L'implant sert d'ancrage permanent à la prothèse, qui peut alors être facilement fixée et retirée.

Une équipe d'ingénieurs et de chirurgiens dirigée par M. Catalan a mis au point l'interface homme-machine, qui permet également une connexion électrique avec le système nerveux de l'utilisateur grâce à des électrodes implantées dans certains nerfs et muscles.

"Karin a été la première personne amputée sous le coude à recevoir ce nouveau concept de main bionique hautement intégrée qui peut être utilisée de manière indépendante et fiable dans la vie quotidienne", a expliqué Max Ortiz Catalan.

"Le fait qu'elle ait pu utiliser sa prothèse confortablement et efficacement dans ses activités quotidiennes pendant des années est un témoignage prometteur des capacités potentielles de changement de vie de cette nouvelle technologie pour les personnes confrontées à la perte d'un membre", témoigne le professeur. 

Max Ortiz Catalan ajoute que "l'approche chirurgicale et technique intégrée" a également contribué à réduire le niveau de douleur de Karin, car elle utilise à présent les mêmes ressources neuronales pour contrôler la prothèse que celles qu'elle utilisait avec son bras biologique.

"L'intégration biologique des implants en titane dans le tissu osseux ouvre des perspectives pour faire progresser les soins aux amputés", explique le professeur Rickard Brånemark, chercheur affilié au MIT, professeur associé à l'université de Göteborg et PDG d'Integrum, qui a dirigé l'opération et travaille sur l'ostéo-intégration des prothèses de membres depuis qu'elles ont été utilisées pour la première fois chez l'homme.

"En combinant l'ostéointégration avec la chirurgie reconstructive, les électrodes implantées et l'IA, nous pouvons restaurer la fonction humaine d'une manière sans précédent. Le niveau d'amputation en dessous du coude présente des défis particuliers, et le niveau de fonctionnalité atteint marque une étape importante pour le domaine des reconstructions avancées des extrémités dans son ensemble", précise-t-il. 

La main bionique elle-même a été mise au point par la société italienne de robotique Prensilia et s'appelle Mia Hand. Elle comporte des composants moteurs et sensoriels uniques qui permettent à l'utilisateur d'effectuer environ 80 % des activités de la vie quotidienne.

"L'acceptation de la prothèse est essentielle à la réussite de son utilisation", affirme le Dr Francesco Clemente, directeur général de Prensilia.

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"Outre les performances techniques, Prensilia s'est efforcée de mettre au point une main entièrement personnalisable d'un point de vue esthétique. Mia Hand est née pour être montrée et non cachée. Nous voulions que les utilisateurs soient fiers de ce qu'ils sont, plutôt que d'avoir honte de ce qu'ils ont perdu", confie-t-il. 

*Le nom complet de Karin n'a pas été divulgué pour des raisons de confidentialité.

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