Qu'est-ce que le mal du cyberespace et comment le prévenir ?

Voici un large éventail de symptômes liés à cette maladie, qui serait induite par un temps d'écran quotidien élevé.
Voici un large éventail de symptômes liés à cette maladie, qui serait induite par un temps d'écran quotidien élevé. Tous droits réservés Canva
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Par Oceane Duboust
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Cet article a été initialement publié en anglais

Du mal des transports à la fatigue oculaire, les appareils électroniques peuvent avoir des effets néfastes sur notre santé.

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Vous utilisez des écrans et vous avez souvent les yeux rouges, des nausées ou un mal de tête pulsatile ? Si cela vous semble familier, vous souffrez peut-être de ce que l'on appelle le "mal du cyberespace" (ou cybersickness en anglais).

Outre ces premiers signes, il existe un large éventail d'affections qui seraient induites, par un temps d'écran quotidien important. Toutefois, les nausées et la sensation de malaise sont les principaux symptômes du mal du cyberespace, une sorte de mal des transports.

En réalité, ce que vous ressentez est un conflit entre différentes parties de votre corps et la façon dont elles interagissent simultanément avec leur environnement. Généralement, les yeux perçoivent une chose - le mouvement sur les écrans, par exemple - et le reste du corps en perçoit une autre, c'est-à-dire l'immobilité de votre position.

"Le terme le plus général est le mal des transports induit par la vision (VIMS)", explique, à Euronews Next, John Golding, professeur de psychologie appliquée à l'université de Westminster, au Royaume-Uni.

La plupart des technologies immersives, comme la réalité virtuelle (VR), provoquent le mal du cyberespace. John Golding indique que les rapports sur les personnes qui en font l'expérience remontent aux premiers films projetés par les pionniers du cinéma, les frères Lumière, au début du vingtième siècle.

De même que tout le monde n'est pas affecté par un voyage en voiture, certaines personnes sont plus sensibles que d'autres au VIMS.

"Les personnes sujettes aux migraines ont tendance à être beaucoup plus sensibles", explique John Golding, de même que les personnes souffrant d'affections du système vestibulaire, une partie de l'oreille interne qui affecte l'équilibre, la conscience spatiale et les réflexes oculaires.

Compte tenu de l'omniprésence des écrans dans la vie quotidienne de la plupart des gens, comment éviter ou gérer l'impact du mal du cyberespace ?

Traiter les symptômes

"Pour atténuer le VIMS, une solution consiste à simplement s'arrêter", explique John Golding. Si ce n'est pas possible, certaines techniques qui se sont avérées efficaces contre le mal des transports classique peuvent être utiles.

"Vous pouvez essayer les techniques de respiration contrôlée. C'est gratuit. Elles n'ont pas d'effets secondaires", explique John Golding, ajoutant que des études ont montré qu'à elles seules, ces techniques étaient deux fois moins efficaces que les médicaments classiques contre le mal des transports.

Par ailleurs, en ce qui concerne les effets secondaires indésirables des écrans, faire des pauses et faire preuve de modération semblent être la clé pour préserver sa santé.

"Le temps d’écran impacte tous les aspects de la vie quotidienne et en premier lieu le sommeil quel que soit l'âge. Donc physiquement : un temps de sommeil raccourci et souvent un sommeil de mauvaise qualité", explique à Euronews Next le Dr Sylvie Dieu Osika, pédiatre à Rosny sous bois et praticienne attachée à l’ hôpital jean verdier, Bondy.

Si le sommeil est perturbé, de nombreuses fonctions cognitives le sont également.

En outre, il est important que les enfants, en particulier, qui sont plus vulnérables aux symptômes, donnent un exemple sain en matière de gestion du temps passé devant un écran.

"Le parent doit être disponible pour l'enfant, afin qu'il ne soit pas lui-même distrait par l'écran", explique le Dr Dieu Osika qui a consacré plusieurs ouvrages au sujet dont  l’ABCdaire de la première année de bébé paru en juin 2022, ajoutant qu'il était important de fixer des règles dès l'enfance.

"Les enfants de moins de 6 ans ont tout à apprendre et aucune application ou programme audiovisuel n'est éducatif à cet âge, contrairement à ce que veut faire croire le numérique".

Ces dernières années, les experts ont inventé le mot "technoférence" pour définir l'impact des appareils électroniques sur nos relations interpersonnelles, qu'elles soient amoureuses ou avec nos amis et notre famille, au quotidien.

Alors, comment savoir si la technoférence prend trop de place ?

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"Une règle générale pour évaluer une consommation excessive d’écrans : la diminution des activités autres que celle de l’écran avec un temps d’écran qui augmente régulièrement", indique le Dr Dieu Osika.

"Quand on arrête le sport, la musique, les sorties, quand les rencontres amicales et/ou familiales sont de plus en plus rares, quand on est de plus en plus absent à l’école, quand il n’y a plus de repas familiaux, il faut s’inquiéter et agir", avertit-elle. 

La règle des 20-20-20

C'est un moyen simple de vous rappeler de faire des pauses régulières pour le bien de vos yeux.
James Wolffsohn
Professeur d'optométrie à l'université d'Aston

Lorsqu'il s'agit d'effets secondaires plus bénins, comme la fatigue oculaire, qui peut entraîner des symptômes tels qu'une vision floue, des maux de tête et une sécheresse oculaire, il est également bénéfique de faire des pauses.

Par exemple, la règle des 20-20-20 est un moyen simple d'aider à prévenir la fatigue oculaire.

Toutes les 20 minutes passées devant votre écran, faites une pause de 20 secondes et regardez quelque chose qui se trouve à au moins 6 mètres de vous.

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Une équipe de l'université britannique d'Aston a découvert, dans une étude de 2022 publiée en collaboration avec l'université de Valence, en Espagne, que cette pratique permet de détendre les muscles des yeux et de réduire la fatigue oculaire.

Les chercheurs ont utilisé un logiciel spécial sur les ordinateurs portables de 29 participants, qui suivait la direction de leur regard toutes les quelques secondes à l'aide d'une caméra intégrée. Au bout de 20 minutes, le participant était invité à se reposer pendant 20 secondes.

Après deux semaines de mesures, l'équipe a pu déterminer que la méthode 20-20-20 entraînait une diminution de la sécheresse oculaire, de la sensibilité et de la gêne.

"Il est facile pour d'autres de reproduire l'effet [du logiciel utilisé] en réglant une minuterie sur leur téléphone ou en téléchargeant une application de rappel", affirme James Wolffsohn, professeur d'optométrie à l'université d'Aston qui a dirigé la recherche, dans un communiqué publié à l'occasion de la publication de l'étude.

"C'est un moyen simple de se rappeler de faire des pauses régulières pour le bien de ses yeux".

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Selon le média spécialisé Healthline, d'autres conseils consistent à garder l'écran de l'ordinateur propre, à le placer à plus de 60 cm des yeux et à ne pas l'éclairer trop fort pour éviter un contraste trop marqué avec le reste de la pièce.

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