Soupçons de financement libyen : Nicolas Sarkozy toujours en garde à vue

Soupçons de financement libyen : Nicolas Sarkozy toujours en garde à vue
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Par Euronews avec AFP
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L'ancien président français Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur le financement libyen de la campagne de 2007.

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Deuxième jour de garde à vue pour Nicolas Sarkozy. Si l'ancien président français a pu passé la nuit de mardi à mercredi chez lui, il a va être à nouveau entendu dans les locaux de l'office anti-corruption de Nanterre (OCLCIFF), dans le départements des Hauts-de-Seine, dans le cadre de l'enquête sur le financement libyen de la campagne de 2007.  L'information avait été communiquée par les médias français "Le Monde" et "Mediapart". C'est la première fois que l'ancien président de la République est entendu dans ce dossier tentaculaire depuis l'ouverture d'une information judiciaire en 2013. Nicolas Sarkozy, à l'issue de cette garde à vue, qui peut durer jusqu'à 48 heures, sera soit remis en liberté, soit présenté à un juge en vue d'une éventuelle mise en examen ou convoqué ultérieurement.

L'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, et bras droit de Nicolas Sarkozy, a été entendu ce mardi en audition libre dans le cadre de cette même enquête. Le lieutenant de l'ancien chef d'Etat a quitté les locaux de l'OCLCIFF mardi dans la soirée vers 23h30. Peu après, il s'est exprimé sur Twitter :

Serait-ce un nouveau développement dans l'enquête de plusieurs juges d’instruction du pôle financier de Paris ?

Le 16 mars 2011, euronews interviewait Saïf al-Islam Khadafi et celui-ci déclarait : "il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale. C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler. La première chose que l’on demande à ce clown, c’est de rendre l’argent au peuple libyen. Nous lui avons accordé une aide afin qu’il œuvre pour le peuple libyen, mais il nous a déçus. Rendez-nous notre argent. Nous avons tous les détails, les comptes bancaires, les documents, et les opérations de transfert. Nous révélerons tout prochainement."

Alors la Libye a-t-elle décidé de coopérer ?

Récemment, le 8 janvier denier, l'homme d'affaires français Alexandre Djouhri avait été interpellé à Londres. Et en attendant une audience pour son éventuelle extradition vers la France en avril prochain, Alexandre Djouhri doit s'acquitter d'une caution d'un 1,13 million d'euros pour être effectivement libéré.

Cet intermédiaire financier, familier des réseaux de la droite française et des affaires politico-judiciaires, avait été arrêté à l'aéroport d'Heathrow en vertu d'un mandat d'arrêt pour "fraude" et "blanchiment d'argent", avait indiqué la police londonienne dans un communiqué.

Agé de 58 ans, résident suisse, Alexandre Djouhri fait figure de personnage-clé de l'enquête ouverte à Paris depuis 2013 pour vérifier les accusations lancées deux ans plus tôt par l'ancien président libyen Mouammar Kadhafi et son fils Seif el-Islam, selon lesquelles Nicolas Sarkozy avait bénéficié de leurs fonds pour sa campagne de 2007.

Ce dernier a toujours fermement rejeté ces accusations et son entourage récuse que M. Djouhri figure parmi les proches de l'ancien chef d'Etat.

L'homme d'affaires, qui promettait aux juges d'intervenir en faveur de M. Sarkozy et dont le nom apparaît dans une transaction suspecte avec la Libye ainsi que dans l'exfiltration hors de France d'un personnage-clé du régime Kadhafi, s'est jusqu'à présent soustrait aux demandes de la justice et n'a ainsi pas répondu à la convocation des enquêteurs en septembre 2016.

A cette époque, après trois ans d'investigations, les juges d'instruction du pôle financier de Paris ne disposaient pas de preuves irréfutables d'un financement libyen, mais d'une série de témoignages et d'éléments troublants.

Parmi eux, la vente suspecte en 2009 d'une villa située à Mougins (Alpes-Maritimes), pour environ 10 millions d'euros, à un fonds libyen géré par Bachir Saleh, l'ancien grand argentier du régime de Kadhafi, évincé du pouvoir et tué en 2011.

Or les juges soupçonnent Alexandre Djouhri d'être le véritable propriétaire et vendeur de ce bien et de s'être entendu avec Bachir Saleh pour fixer un prix d'achat "très surévalué", selon les éléments de l'enquête rapportés à l'AFP.

Le parquet national financier avait alors étendu ses investigations à de possibles détournements de fonds commis à la faveur de cette vente, en lien avec l'affaire.

Les magistrats pensent aussi qu'Alexandre Djouhri a aidé M. Saleh à quitter la France, en jet privé via le Niger au printemps 2012, alors qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt dans son pays. Une exfiltration qui lui a permis de rejoindre ensuite l'Afrique du Sud. Contacté par l'AFP, son avocat n'a pas donné suite.

Longtemps réputé proche du clan chiraquien, et notamment de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, Alexandre Djouhri s'est, au fil des années, rapproché des réseaux de Nicolas Sarkozy.

Dans une série de conversations interceptées par les enquêteurs, l'homme d'affaires avait promis de faire parvenir aux juges une lettre dans laquelle M. Saleh démentirait un financement de la campagne de Nicolas Sarkozy. En mars 2014, le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, Michel Gaudin, s'enquerrait, "à la demande du président", de la démarche dont on ignore encore aujourd'hui si elle a abouti.

D'après ces écoutes, M. Djouhri laissait entendre qu'une telle démarche ne serait peut-être pas "opportun(e)" en raison des élections municipales qui se tenaient alors en France, tout en ajoutant: "Moi, je m'en fous, posez-lui la question". Dans un coup de fil ultérieur, le même jour, Michel Gaudin précise: "J'ai eu le président, donc... pour lui pas de problème de calendrier, le plus tôt sera le mieux, hein?"

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Selon le Canard enchaîné, l'homme d'affaires d'origine algérienne était présent à une réception à l'ambassade de France à Alger en présence du président Emmanuel Macron, le 6 décembre.

Enfin concernant Bachir Saleh, que la justice française souhaite interroger depuis 2013, il a été agressé le 23 février dernier à Sandton, dans la banlieue de la capitale économique de l'Afrique du Sud. Selon son avocat français, "Il a été agressé à bord de son véhicule vendredi et on lui a tiré dessus. Il est hospitalisé mais son pronostic vital n'est pas engagé".

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