Les îles grecques face à une immigration clandestine massive

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Par Euronews
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Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) parle d’une “hécatombe jamais vue en Méditerranée”. Les migrants qui tentent la

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Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) parle d’une “hécatombe jamais vue en Méditerranée”. Les migrants qui tentent la dangereuse traversée pour rejoindre l’Europe sont toujours plus nombreux, tous comme les naufrages répétés de ces dernières semaines. Pour faire face à l’afflux massif de migrants sur ses côtes, l’Europe a ouvert un vaste chantier de réflexion et d’actions.

Après avoir triplé le budget de l’opération de surveillance et de sauvetage en mer “Triton”, les chefs d’État et de gouvernement européens se sont ensuite mis d’accord sur le principe d’une opération militaire d’envergure ayant pour de s’attaquer aux réseaux de passeurs, mais aussi de trouver des solutions pour éviter les naufrages et protéger les personnes fuyant les conflits.

La situation est effroyable. 22 000 migrants seraient morts en tentant de gagner l’Europe depuis 2000, principalement en traversant la Méditerranée, dont 3 500 rien qu’en 2014 et déjà 1776 depuis le début de l’année.

Au total, environ 280 000 migrants ont tenté la traversée mortelle en 2014 à destination principalement de l’Italie et de la Grèce. Cette immigration irrégulière vers l’Union européenne a plus que triplé en début d’année, notamment si l’on regarde du côté des côtes grecques. Pour le seul mois de mars, près de 6 500 migrants sont passés par les différentes îles grecques, essentiellement celles de l’est du pays, proches du littoral turc, principal point d’embarquement des navires des passeurs.

Ils sont épuisés, mais calmes. Ces migrants ont survécu à un voyage extrêmement dangereux. Certains ne savent même pas où ils se trouvent, seulement qu’ils sont sur le sol européen.

La vague actuelle d’immigration de la Turquie vers les îles grecques est sans précédent.

Chaque jour, des centaines de migrants et de réfugiés partent des côtes turques et tentent d’atteindre, souvent au péril de leur vie, les îles voisines, comme l‘île de Samos.

Nikoleta Drougka, euronews .
“Les nouveaux migrants arrivent ici, sur la petite plage de Sideras, presque tous les jours. Ils choisissent cet endroit particulier parce qu’il est isolé, mais aussi, car il ne se trouve qu‘à quelques centaines de mètres de la côte turque. Une distance qui peut être parcourue à la nage”.

Mais très peu ont réellement besoin de nager, car il semble toujours y avoir des bateaux disponibles pour la traversée, pour les migrants qui peuvent payer en tout cas. Des embarcations de fortune surchargées qui naviguent la nuit et accostent à différents endroits sur la côte orientale de l‘île. Les migrants attendent alors l’aube avant de marcher vers le port de Vathy situé à plus d’une dizaine de kilomètres.

Selon les résidents de l‘île, les migrants suivent scrupuleusement les instructions données par les passeurs. Des consignes souvent mortelles.

“Nous pêchons dans le domaine de Sideras, là où les bateaux de migrants arrivent chaque jour. Quand ils arrivent, la première chose qu’ils font, c’est de détruire les embarcations pour qu’elles coulent. Du coup, la plupart du temps, ils prennent le risque eux-même de mourir noyer, car les garde-côtes arrivent trop tard”, explique un pêcheur.

Les garde-côtes de Samos confirment que les migrants suivent clairement un processus très précis et dangereux.

“La plupart des incidents se produisent en mer. Lorsque les bateaux gonflables rencontrent nos navires de patrouille, les migrants détruisent leurs canots et se mettre donc gravement en danger. Notre objectif est d’immédiatement les regrouper, afin qu’ils aient la vie sauve. Ensuite, nous les ramenons à terre, puis au quartier général de la police côtière. Ils sont alors transférés dans les centres de détention puis placés sous surveillance policière”, détaille l’officier Thomas Tsiaousis.

Après avoir risqué leur vie dans une dangereuse traversée, les migrants se retrouvent derrière les barreaux, bien loin de ce qu’on leur avait promis et de ce pourquoi ils avaient payé.

Au centre de détention provisoire, près du port de Vathy, ils patientent des heures pour obtenir des documents de voyage.

Les installations sont sommaires, le personnel manque et les conditions d’hygiène sont mauvaises déplorables.

Mais pour la plupart de ces migrants, c’est toujours mieux que l’enfer qu’ils ont laissé derrière eux.

“Le régime de Bachar el-Assad a besoin de moi pour servir dans l’armée. Alors je me suis enfui. Je ne tue pas mon peuple”, dit un jeune syrien.

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“Peut-être que je vais rester ici en Grèce ou alors partir pour d’autres pays d’Europe, en Hollande ou au Danemark. Et puis je veux aller à l’Université car je voudrais devenir médecin”, explique un autre.

Les habitants de Samos disent comprendre le drame de ces immigrants, mais ils ne conçoivent pas que les contrebandiers continuent leurs agissements et que rien ne soit fait pour les arrêter.

“Ils arrivent et ils savent exactement où ils doivent aller, ils ne se perdent jamais. Ils nous saluent, ils nous font signe pour nous demander d’appeler les garde-côtes afin qu’ils les récupèrent. Dès qu’ils débarquent, ils allument des feux de camp pour se réchauffer et sécher leurs vêtements avant de partir. Ça nous inquiète beaucoup, car cela peut déclencher des incendies de forêt qui pourraient se propager dans le reste de l‘île”, dit un homme.

“Nous craignons qu’ils soient peut-être porteurs de maladies. Nous ne savons pas qui sont ces gens. Et puis ce n’est pas bon pour le tourisme d’avoir des plages pleines de bateaux en caoutchouc déchirés, de chaussures, de vêtements et toutes sortes de déchets qui polluent”, ajoute une femme.

Le nombre de migrants arrivés clandestinement sur les côtes grecques a triplé au cours des quatre derniers mois de cette année par rapport à la même période l’année dernière. Les chiffres, qui devraient encore battre des records dans les semaines à venir, montrent que les passeurs envoient désormais presque autant de migrants en Grèce qu’en Italie.

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