Une renarde partie de Norvège atteint le Canada en 76 jours

Un scientifique de l'Institut polaire norvégien posant un émetteur à la renarde polaire en Norvège le 29 juillet 2017
Un scientifique de l'Institut polaire norvégien posant un émetteur à la renarde polaire en Norvège le 29 juillet 2017 Tous droits réservés Elise Stromseng via REUTERS
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Par Vincent Coste avec AFP
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Cette jeune femelle a parcouru plus de 3 500 km sur la banquise entre ces deux pays.

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Voici un exploit que n'aurait pas renié Phileas Fogg. Une renarde polaire a effectué, en 76 jours, un périple de plus de 3 500 km entre la Norvège et le Canada. L'endurance de ce jeune animal a surpris la communauté scientifique qui n'avais jamais observé une telle performance. 

"Nous ne pensions pas que c'était vrai. Nous avons d'abord pensé que la renarde avait été retrouvée morte par quelqu'un et que son collier lui avait été enlevé pour être embarqué par la suite sur un bateau. Mais, comme il n'y a pas de navires qui peuvent remontent aussi loin dans les glaces, nous avons pris la mesure de ce que cet animal a accompli", explique ainsi Eva Fuglei, l'un des chercheurs à l'origine de cette étude publiée par l'Institut polaire norvégien

Eva Fuglei/via REUTERS
Un renard polaire photographié au Svalbard en NorvègeEva Fuglei/via REUTERS

La renarde avait été équipée en juillet 2017 d'un émetteur satellite. Elle a ensuite quitté l'île de Spitzberg, dans l'archipel norvégien du Svalbard, situé à un peu plus d'un millier de kilomètres du pôle Nord, le 26 mars 2018. Et le 10 juin 2018, soit 76 jours après son départ de Norvège, elle a atteint l'île d'Ellesmere, au Nunavut, l'une des communautés les plus septentrionales du Canada. Au total, cette jeune femelle a parcouru 3 506 km.

Arnaud Tarroux/NINA/via REUTERS
Le périple effectué par le renard polaireArnaud Tarroux/NINA/via REUTERS

Ce trajet met également en lumière l'importance la banquise utilisée par la faune arctique lors de ses migrations, alors que ce milieu pâti des effets du réchauffement climatique. Arnaud Tarroux, autre chercheur responsable de cette étude, prévient : "moins de glace [...] voudra dire moins de possibilités d'entreprendre ce type de migrations".

"Cette espèce est encore plus endurante et plus rapide que ce que l'on avait déjà observé par le passé", a indiqué Arnaud Tarroux.

"Elle concerne une jeune femelle, âgée de moins d'un an, donc relativement inexpérimentée, partant littéralement à la découverte du monde en réussissant à survivre à une traversée de l'Arctique dès sa première tentative", a-t-il précisé

Elle a notamment parcouru 1 512 km jusqu'au Groenland en seulement 21 jours.

"Il s'agit de la première observation qui montre en détail qu'un renard polaire a migré entre différents continents et écosystèmes de l'Arctique, et constitue l'une des plus longues migrations jamais enregistrées pour un renard polaire en si peu de temps", souligne l'institut polaire norvégien. 

Eva Fuglei/via REUTERS
Un autre spécimen photographié sur l'île d'Ellesmere au CanadaEva Fuglei/via REUTERS

Ce canidé est parfaitement adapté aux milieux polaires arides. Par exemple, la fourrure de cette espèce change de couleur en fonction des saisons, passant du blanc en hiver au brun foncé en été. 

La renarde de l'étude s'est déplacée également à un rythme jamais vu par les scientifiques. Elle a parcouru, en moyenne, 46,3 km par jour, avec un pic de 155 km enregistré lors d'une étape au Groenland.

Des questions restent sans réponses, comme le choix de la destination. Le jeune animal aurait pu en effet se retrouver en Russie. Mais "il est fort possible qu'il s'agisse simplement d'une série de coïncidences qui l'auraient amenée à se retrouver dans une zone du Haut-Arctique Canadien à la bonne période pour y trouver suffisamment de ressources et pouvoir s'y établir", explique Arnaud Tannoux.

Depuis son arrivée en terres canadiennes, la trace de l'animal a disparu. Son système de géolocalisation a en effet cessé de fonctionner en février 2019.

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