Les victimes du franquisme continuent d'espérer, le projet de loi toujours pas devant les députés

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Tous droits réservés Jaime Velázquez
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Par Jaime Velasquez, Sandrine Delorme
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Rosa témoigne : "j'aimerais les voir devant un juge. Je veux qu'on sache que le travail de ces gens était de torturer. Je veux que leur famille sache qui ils sont..."

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Rosa n'avait que 18 ans lorsqu'elle a été enlevée par la Brigade politico-sociale de la dictature franquiste. Elle a été battue, torturée, pendant six jours, menacée de viol et d'exécution. On l'a empêchée de boire, de dormir, on lui a refusé l'accès aux toilettes.

"Ils se sentaient en droit de faire tout ce qu'ils voulaient. Ils nous menaçaient, tout le temps. Nous allons vous jeter dans les escaliers, disaient-ils... Et franchement, je leur disais, ok jetez-moi, ma souffrance prendra fin..."

Il y a 18 ans que Rosa a commencé son combat pour que les coupables soient traduits en justice. Jusqu'à présent, son affaire a toujours été rejetée par les tribunaux espagnols.

Elle espère que le nouveau projet de loi "Mémoire démocratique" présenté par le gouvernement mi-septembre, mais loin d'être encore porté devant l'assemblée, lui permettra de guérir. Car cette loi garantirait enfin l'enquête sur les crimes des Franquistes.

"J'aimerais les voir devant un juge. Je veux qu'on sache que le travail de ces gens était de torturer. Je veux que leur famille sache qui ils sont..."

Depuis des années, les associations de victimes du franquisme font des fouilles pour découvrir, par elles-mêmes, les lieux où se trouvent les disparus de la dictature.

On estime que plus de 100 000 personnes pourraient être enterrées dans des fosses communes comme celle-ci. Mais jusqu'à présent, seuls 9 000 corps environ ont été retrouvés. Le nouveau projet de loi comprend un plan national d'exhumation et la création de tests ADN pour aider à identifier les restes des personnes décédées.

Marco Gonzalez, vice-président de l'association pour la récupération de la mémoire historique estime que ce serait le premier pas : 

"Le premier acte de réparation consiste à rendre les restes aux familles, afin qu'elles puissent décider où les enterrer au lieu de l'endroit choisi par leurs bourreaux. Mais ensuite, il faut rechercher les responsables."

Les tribunaux espagnols ont utilisé la loi d'amnistie adoptée pendant la transition démocratique pour refuser toute enquête supplémentaire sur les crimes du régime franquiste. 

Baltasar Garzon a été l'un des seuls juges à enquêter sur les disparitions de civils sous Franco. Interdit d'exercer en raison d'une autre affaire depuis 2012 et ce jusqu'en 2023, il estime que la loi d'amnistie ne devrait pas être un obstacle à la justice pour les victimes :

"Il faut que ce soit une réponse. Il n'est pas nécessaire que ce soit une justice pénale, ce qui implique une peine de prison. Cela peut être une justice visant à la réparation des victimes, symbolique... J'espère que la nouvelle loi de mémoire démocratique suivra ces critères... Si c'est le cas, nous trouverons la voie."

Le projet de loi doit encore être soumis au Parlement pour l'approbation finale. 66 articles seront alors examinés. Ce pourrait être le début d'un long chemin pour apporter un peu de lumière sur une page encore non tournée de l'Histoire espagnole.

La Brigade Politico-sociale, dont le nom officiel était Brigade de Recherche Sociale (connue aussi comme La Sociale, La Secrète ou La Brigade) était un corps policier de répression actif durant la dictature franquiste en Espagne.

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