Kosovo : 26 ans de prison pour crimes de guerre contre Salih Mustafa, ex-commandant de l'UCK

Salih Mustafa, un ancien rebelle du Kosovo, devant le tribunal de La Haye, Pays-Bas, vendredi 16 décembre 2022
Salih Mustafa, un ancien rebelle du Kosovo, devant le tribunal de La Haye, Pays-Bas, vendredi 16 décembre 2022 Tous droits réservés Peter Dejong/Copyright 2022 The AP. All rights reserved
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Par Euronews avec AFP
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L'ex-commandant a été reconnu coupable de meurtre, de torture et de détention arbitraire dans une prison de fortune dirigée par la guérilla indépendantiste albanaise, lors de la guerre d'indépendance de 1998-1999 contre la Serbie.

Ce jugement est le premier verdict pour crimes de guerre rendu par le tribunal spécial pour le Kosovo, à La Haye, aux Pays-Bas. Il intervient en plein regain de tensions dans la région.

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Le tribunal "vous condamne à une peine unique de 26 ans d'emprisonnement", a déclaré la juge présidente Mappie Veldt-Foglia en s'adressant à Salih Mustafa, debout devant les magistrats, visage fermé.

Cet ancien commandant rebelle de 50 ans a été reconnu coupable de meurtre, de torture et de détention arbitraire de détenus dans une prison de fortune dirigée par la guérilla indépendantiste albanaise du Kosovo, lors de la guerre d'indépendance de 1998-1999 contre la Serbie.

Les juges ont établi que l'homme avait été à la tête d'un groupe qui détenait au moins six Albanais du Kosovo accusés de collaborer avec les Serbes. Ces derniers ont été sauvagement battu. L'un d'entre eux a même été laissé pour mort, selon le jugement.

Le tribunal spécial pour le Kosovo (KSC) est une instance de droit kosovar composée de juges internationaux. Financé par l'UE, il siège aux Pays-Bas pour protéger les témoins soumis à des pressions et des menaces, étant donné que les anciens commandants de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) dominent toujours la vie politique au Kosovo.

Les détenus ont été "battus, brûlés, électrocutés"

Salih Mustafa a été arrêté en 2020 alors qu'il travaillait comme conseiller au ministère de la Défense. Il était pendant la guerre à la tête d'une unité de l'UCK dans la région de Zllash, à l'est de la capitale Pristina.

Cette unité a détenu au moins six personnes "dans des granges pour animaux, dans des conditions déplorables au milieu d'excréments de bétail", a déclaré la juge. Les prisonniers n'avaient d'autre choix que de dormir dans des flaques d'eau, privés de nourriture pendant plusieurs jours, et lorsqu'ils ont demandé de l'eau, les soldats de l'UCK "ont uriné sur eux en disant :+ Voici de l'eau pour vous+", a relaté la magistrate.

Salih Mustafa a personnellement interrogé deux détenus. Il a tabassé l'un d'eux et l'a soumis à un simulacre d'exécution. Il était également présent pendant que ses hommes maltraitaient d'autres prisonniers.

Les détenus ont été battus, frappés avec des battes de baseball, des matraques en fer et en caoutchouc, ils ont été brûlés, électrocutés, poignardés, frappés à coups de poing et giflés
Mappie Veldt-Foglia
juge au Tribunal spécial pour le Kosovo

"Climat de peur et d'intimidation"

La juge Mappie Veldt-Foglia, qui espère que le verdict "favorisera la réconciliation" au Kosovo, a fait état du "climat de peur et d'intimidation" entourant le procès. Le tribunal de La Haye a l'an dernier condamné deux hommes à des peines de prison pour intimidation de témoins.

La juridiction a porté des accusations de crimes de guerre contre plusieurs hauts responsables de l'UCK, dont l'ancien président du Kosovo Hashim Thaci (2016-2020), qui a démissionné après avoir été inculpé mais est toujours considéré comme un héros dans son pays.

Thaci et d'autres hauts dirigeants de l'UCK ont comparu devant le tribunal plus tard vendredi pour une audience préliminaire en attendant la date de leur procès.

La guerre du Kosovo, qui a fait 13 000 morts, a pris fin lorsque les forces du président serbe Slobodan Milosevic se sont retirées après une campagne de bombardements de l'OTAN de onze semaines. Bien que le Kosovo ait déclaré son indépendance de la Serbie en 2008, Belgrade ne la reconnaît pas et encourage la majorité serbe du nord du pays à défier l'autorité de Pristina.

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