Journaliste tué au Liban : une enquête met en cause l’armée israélienne dans la frappe du 13/10

Reporter tué dans un bombardement au Liban : une enquête de l'AFP désigne un obus de char israélien
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Par Euronews avec AFP
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L’AFP a enquêté pendant plusieurs semaines sur le bombardement qui a tué un journaliste et blessés plusieurs autres le 13 octobre au Liban. Voici ce qu’elle révèle.

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Une enquête de l’Agence France-Presse (AFP), publiée jeudi 7 décembre, sur le bombardement qui a tué un journaliste de Reuters et blessé six autres journalistes dans le sud du Liban le 13 octobre, désigne un obus de char israélien.

L’AFP et le collectif d’enquêteurs et d’experts indépendants Airwars ont mené durant sept semaines une enquêtre basée sur des preuves recueillies à partir de témoignages, de l’analyse d’enregistrements vidéo, d’images satellites et d’un fragment de munition retrouvé sur place.

Vendredi 13 octobre, vers 18 heures, deux frappes rapprochées touchent un groupe de journalistes venus couvrir les affrontements entre l’armée israélienne et des groupes armés dans le sud du Liban.

Des échanges de tirs quasi quotidiens opposent l’armée israélienne aux combattants chiites du mouvement libanais pro-iranien Hezbollah et à la branche locale du mouvement islamiste Hamas, faisant craindre une extension du conflit provoqué par les attaques sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre.

Issam Abdallah, un journaliste de l’agence Reuters âgé de 37 ans, est tué sur le coup et six reporters blessés aux abords du village libanais d’Alma Al-Chaab, situé à 1,2 km de la frontière. Parmi eux, deux de Reuters, deux de la chaîne Al-Jazira, et deux de l’AFP, dont la photographe Christina Assi, 28 ans, grièvement atteinte, qui a dû être amputée de la jambe droite.

Un obus de char israélien à l’origine de la frappe mortelle

Un imposant fragment de munition a été retrouvé après le bombardement tout près de la dépouille d’Issam Abdallah. Il provient de la première frappe, celle qui a tué le journaliste de Reuters et blessé Christina Assi.

Des photos de cet élément de preuve essentiel ont pu être analysées par six experts en armement consultés par l’AFP et Airwars. Tous s’accordent à dire qu’il s’agit d’un morceau d’obus de char de 120 mm stabilisé par des ailettes, typiquement utilisé par l’armée israélienne sur ses tanks Merkava. Aucun autre groupe ou organisation militaire dans la région n’utilise ce type de munitions, selon ces analystes.

Deux autres investigations menées séparément par les organisations de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International, que l’AFP a pu consulter avant leur publication jeudi, désignent toutes deux "des frappes israéliennes".

HRW a condamné "une attaque apparemment délibérée contre des civils" qui "devrait ou pourrait faire l’objet de poursuites pour crime de guerre". Pour Amnesty, "il s’agit vraisemblablement d’une attaque directe sur des civils qui doit faire l’objet d’une enquête pour crime de guerre".

L’armée israélienne s’est dite dans un premier temps "très désolée" de la mort du journaliste Issam Abdallah, sans reconnaître sa responsabilité, et a affirmé mener des "vérifications". Sollicitée par l’AFP sur les conclusions de son enquête menée avec Airwars, l’armée israélienne n’a pas répondu.

Des frappes ciblées

Au moment des frappes, le groupe de journalistes filmait les bombardements israéliens sur le territoire libanais du sommet d’une colline dégagée. Tous étaient équipés de casques et de gilets pare-balles estampillés "presse", avec leurs caméras posées en évidence sur des trépieds.

Selon la dizaine de témoins interrogés − journalistes, habitants, sources sécuritaires locales −, il n’y avait aucune activité militaire, ni aucun signe de présence d’un quelconque groupe armé dans les environs immédiats des journalistes durant l’heure qui a précédé l’attaque.

Il est improbable que les reporters, clairement identifiables comme tels, aient pu être confondus avec des combattants, au vu des moyens de surveillance dont dispose l’armée israélienne, insistent les experts. Cet après-midi-là, un hélicoptère et au moins un drone ont survolé plusieurs fois la zone à basse altitude.

Le fait que les journalistes aient été visés par deux frappes distinctes rapprochées de 37 secondes, tombées à quelques mètres l’une de l’autre, exclut l’hypothèse de tirs accidentels, affirment les experts.

Selon le dernier décompte du Comité de protection des journalistes (CPJ) publié le 6 décembre, "au moins 63 journalistes et employés des médias" ont été tués depuis le début de la guerre, le 7 octobre.

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