La scientifique britannique a révolutionné l'éthologie, révélant notamment que les chimpanzés utilisent des outils et sont dotés de personnalités distinctes.
La primatologue Jane Goodall, célèbre pour ses découvertes révolutionnaires sur les chimpanzés et sa défense de la faune sauvage est décédée à l'âge de 91 ans.
En adoptant une approche non conventionnelle, vivant parmi les chimpanzés en Afrique durant plusieurs décennies pour les étudier, la scientifique britannique a profondément transformé le regard des Hommes sur leurs plus proches parents biologiques.
L'éthologue ne se contentait pas d'observer les singes à distance, mais vivait véritablement en immersion avec eux.
Ses observations, dès les années 60 en Tanzanie, ont permis de révéler que les animaux utilisent des outils et se livrent à d'autres activités que l'on croyait jusqu'alors réservées aux humains.
Découverte de la complexité émotionnelle et sociale des animaux
Jane Goodall a également découvert l'existence d'une complexité émotionnelle et sociale chez de tous les animaux et compris que chaque individu est doté d'une personnalité distincte.
"Dans la nature, quand on est seul, on peut faire partie de la nature et notre humanité ne nous gêne pas. C'est presque comme une expérience extracorporelle quand soudain vous entendez des sons différents et que vous sentez des odeurs différentes et que vous faites en fait partie de cette incroyable tapisserie de la vie', déclarait-elle 2021.
Donnant des noms aux chimpanzés au lieu de leur attribuer un numéro, les nourrissant et tissant des liens avec les animaux, la scientifique s'est au début de ses travaux attirée les foudres de certains scientifiques.
La publication du National Geographic dont elle fit la couverture en 1963, provoqua cependant un un raz-de-marée au sein de la communauté scientifique et la scientifique consacra ensuite une grande partie de temps - près de 300 jours par an jusqu'à des 90 ans - à partager ses découvertes au sein d'auditoriums pleins à craquer, aux quatre coins du monde.
″Ce que les chimpanzés m'ont appris au fil des ans, c'est qu'ils sont tellement semblables à nous. Ils ont brouillé la frontière entre les humains et les animaux", déclarait-elle en 1997.
Une vie consacrée à l'éthologie
Née à Londres en 1934, Jane Goodall a confié avoir été fascinée par les animaux depuis sa plus petite enfance.
Dans son livre "In the Shadow of Man" (Dans l'ombre de l'homme), elle évoque des souvenirs d'enfance et raconte s'être notamment caché dans un poulailler, alors qu'elle n'était encore qu'une petite fille, pour voir une poule pondre un œuf et y être restée cachée si longtemps que sa mère a signalé sa disparition à la police.
Sa lecture de "Tarzan of the Apes" d'Edgar Rice Burroughs, à l'âge de 10 ans, détermina rapidement son avenir : vivre avec les animaux sauvages en Afrique.
Après avoir suivi des cours de secrétariat à 18 ans, Jane Goodall se vit offrir l'occasion de se rendre dans une ferme au Kenya appartenant aux parents d'un ami. Une opportunité qu'elle ne manqua pas de saisir et qui lui permit de rencontrer le célèbre anthropologue et paléontologue Louis Leakey dans un musée d'histoire naturelle à Nairob, qui la prit sous son aile.
Rapidement, Jane Goodall documenta les liens entre les mères et les nourrissons, la rivalité entre frères et sœurs et la domination masculine.
En 1966, elle obtint un doctorat en éthologie, devenant ainsi l'une des rares personnes admises à l'université de Cambridge en tant que candidate au doctorat sans diplôme universitaire.
Ses nombreux travaux ont par la suite profondément transformé la compréhension des rapports entre les êtres humains et les animaux.
Une icone de la protection animale
Jane Goodall s'est vu attribué les plus hautes distinctions civiles de plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne, la France, le Japon et la Tanzanie.
Aux États-Unis, elle remporte le prestigieux prix Templeton en 2021 et le dirigeant américain Joe Biden lui décerne la médaille présidentielle de la liberté en 2025.
"Ses découvertes révolutionnaires ont permis à l'humanité de mieux comprendre son rôle dans un monde interconnecté et son plaidoyer a mis en évidence un objectif plus important pour notre espèce, à savoir prendre soin de la vie sur cette planète", déclarait la fondation Templeton lors de la remise du prix.
Jane Goodall a également été nommée messagère de la paix par les Nations unies et a publié de nombreux ouvrages, dont l'autobiographie à succès "Reason for Hope".