L’UE appelle la Serbie et le Kosovo à être "plus raisonnables" et à engager des négociations

Le président serbe, Aleksandar Vučić, et le Premier ministre kosovar, Albin Kurtin, sont invités à une réunion de crise à Bruxelles
Le président serbe, Aleksandar Vučić, et le Premier ministre kosovar, Albin Kurtin, sont invités à une réunion de crise à Bruxelles Tous droits réservés Paul White/AP
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Par Jorge Liboreiro
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L'Union européenne a appelé les dirigeants de la Serbie et du Kosovo à engager des pourparlers "sans conditions préalables."

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La réunion de crise, dont la date n'est pas encore fixée, est censée répondre à la dernière flambée de tensions dans la région.

L'Union européenne et les États-Unis craignent que les difficultés croissantes entre les deux voisins ne deviennent incontrôlables et ne réduisent à néant les progrès accomplis cette année dans la normalisation des relations.

Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'UE, a invité le président serbe, Aleksandar Vučić, et le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, à des entretiens en tête-à-tête à Bruxelles, qui devraient initialement avoir lieu dans le courant de la semaine.

L'appel au dialogue est pour le moment ignoré, aucun des deux dirigeants n'a confirmé sa participation.

"L'invitation est une opportunité offerte au Premier ministre Kurti et au président Vučić de montrer qu'ils peuvent être constrictifs après tout et essayer de trouver une solution", a expliqué Peter Stano, porte-parole de la Commission européenne, lundi après-midi.

"Il ne s'agit pas de plaire à Bruxelles. Il s'agit de l'avenir, de l'avenir européen des habitants du Kosovo et de la Serbie. Le manque d'engagement aura inévitablement des conséquences pour les citoyens du Kosovo et de la Serbie", a-t-il poursuivi.

"Cela relève uniquement de la responsabilité des deux dirigeants : le président Vučić et le Premier ministre Kurti. Ce n'est la responsabilité de personne d'autre".

Peter Stano a évoqué des "remarques publiques très peu constructives" faites ces derniers jours, une référence à peine voilée aux commentaires exprimés par Aleksandar Vučić au cours du week-end.

S'adressant aux journalistes, le dirigeant serbe a présenté la réunion potentielle comme "inutile" et "complètement dénuée de sens" dans les circonstances actuelles.

"Je n'ai nulle part où céder davantage, je le ferais pour la millionième fois, mais je n'ai nulle part, je n'ai plus rien à céder et c'est tout", a déclaré dimanche le dirigeant serbe.

"Kurti veut la guerre à tout prix. Il crée un environnement de provocation et de conflit constants".

Pendant ce temps, le Premier ministre kosovar déclare ne pas avoir encore décidé s'il participerait à la réunion de Bruxelles et qu'il attendait de recevoir de plus amples informations sur l'état des trois policiers kosovars qui sont détenus en Serbie.

Ces arrestations, que Pristina qualifie d'acte d'enlèvement, constituent le dernier chapitre d'une série d'épisodes qui ont considérablement aggravé l'hostilité entre la Serbie et le Kosovo.

Les premiers signes d'agitation sont apparus à la fin du mois d'avril lorsque la communauté serbe du Kosovo a boycotté les élections dans quatre municipalités du nord du territoire, où ils sont majoritaires. Le taux de participation a été inférieur à 3,5%.

Malgré cela, les autorités kosovares ont autorisé les maires albanais élus à prendre leurs fonctions. Cette décision a suscité l'indignation des Serbes et a provoqué des affrontements avec les forces de maintien de la paix de l'OTAN.

Aleksandar Vučić a ordonné le déploiement de troupes aux frontières sous le plus haut niveau de préparation au combat. Quelques jours plus tard, au milieu des appels à la désescalade, les forces serbes ont arrêté trois policiers kosovars, un incident qui reste entouré d'incertitude.

Belgrade affirme que les officiers ont traversé illégalement le territoire serbe en portant des armes. Mais Pristina répond qu'ils ont été "kidnappés" alors qu'ils voyageaient "sur une route du Kosovo utilisée par des contrebandiers serbes".

Le Kosovo a riposté en interdisant l'accès à tous les véhicules portant des plaques d'immatriculation serbes, une question hautement explosive qui a déjà été à l'origine de frictions par le passé.

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La tournure des événements soulève de sérieuses questions quant à la viabilité du dialogue Belgrade-Pristina, un accord négocié par l'UE qui a été provisoirement accepté en février dans le but de normaliser les liens et de résoudre des questions de longue date, telles que les plaques d'immatriculation et la participation aux organisations internationales.

"Le Haut représentant (Josep Borrell) et les États membres de l'UE attendent une attitude plus raisonnable de la part de partenaires qui aspirent à rejoindre l'Union européenne", a insisté Peter Stano lundi, soulignant l'absence de mesures "significatives" pour désamorcer la situation.

"Ils sont tous deux invités et nous attendons d'eux qu'ils viennent sans conditions préalables. Trouver une solution est avant tout dans l'intérêt des habitants du Kosovo et de la Serbie".

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