Turquie : quel impact pour les relations avec l'Union européenne ?

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Par Euronews
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Au lendemain des législatives en Turquie qui ont affaibli les islamo-conservateurs de Recep Tayyip Erdogan, les Européens attendent de voir. La

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Au lendemain des législatives en Turquie qui ont affaibli les islamo-conservateurs de Recep Tayyip Erdogan, les Européens attendent de voir. La Commission européenne s’est félicitée de la participation record au scrutin dans laquelle elle voit un signe de vigueur démocratique. Pour le reste, il faudra attendre qu’un gouvernement se constitue.

“ Nous espérons la formation rapide des nouveaux parlement et gouvernement, afin de pouvoir travailler ensemble. Nous pensons que la période à venir offre des opportunités pour renforcer les relations et la coopération entre l’Union européenne et la Turquie “, a déclaré Maja Kocijancic, une porte-parole de la Commission.

En réalité, plus grand monde ne croit aux pourparlers d’adhésion entamés entre la Turquie et l’Union il y a dix ans et au point mort depuis des années. Sur 35 chapitres de négociations, seulement 17 ont été ouverts. La suite pourrait dépendre des partenaires de coalition de l’AKP, si coalition il y a. Il dipose de 45 jours pour y parvenir.

Pour analyser la situation, nous avons interrogé Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’Union européenne en Turquie et chercheur à Carnegie Europe.

euronews : “ Les négociations d’adhésion sont pratiquement gelées. Est-ce que les résultats des élections pourraient rouvrir une nouvelle page dans les relations entre la Turquie et l’Union européenne ? “

Marc Pierini : “ Je crois qu’il est important, en tout cas vu d’Europe, de voir que le paysage politique est délibérément rééquilibré, et donc il faut éviter le déni de réalité. Ce résultat est probablement assez surprenant pour les responsables de l’AKP, parce que douze ans et demi de pouvoir sans partage, c’est très long en démocratie. Mais la réalité est là et elle s’est exprimée de façon calme, selon une logique purement nationale, donc il va falloir attendre de voir ce qui se passe. “

euronews : “ Il s’agissait d‘élections-test pour le projet d’hyper-présidence de Monsieur Erdogan. Comment évaluez-vous les résultats des élections de ce point de vue ? Comment l’Union européenne a-t-elle suivi les débats à ce sujet ? “

Marc Pierini : “ Pour l’Union Européenne, il y a quatre éléments principaux. Un, l‘état de droit. Va-t-il être rétabli dans la forme où il était il y a 18 ou 24 mois ? Deux, la liberté de presse, qui a quand même pas mal souffert pendant ces élections. Va-t-elle revenir à une plus grande nornalité ? Trois, quelle sera la politique économique et notamment l’indépendance de la banque centrale, ce qui est fondamental pour les investissements en Turquie. Et quatre, la politique étrangère sera-t-elle plus proche de la filiation occidentale de la Turquie ? Avec ces quatre éléments, qui bien sûr seront tous l’objet de négociations d’un pacte de gouvernement s’il doit y avoir coalition, c’est là-dessus que se fera le jugement. “

euronews : “ Au-delà du résultat des élections, y-a-t’il encore un dialogue entre l’Union européenne et la Turquie ? “

Marc Pierini : “ Oui, bien sûr. Depuis quelques mois, nous le savons bien, les négociations d’adhésion sont plutôt au point mort, car l‘état de droit a reculé, donc il est difficile de dire aujourd’hui que la Turquie satisfait les critères de l’adhésion. Mais par contre toutes les autres voies de la coopération, c’est-à-dire la modernisation de l’Union douanière qui a été lancée ; le dialogue sur les visas et la réadmission : c’est en cours, même si c’est difficile ; la coopération anti-terroriste : c’est en cours ; le programne Erasmus rencontre toujours un très grand succès… Donc la coopération est en effet très active. Je crois que ce qu’il est important de dire ici, c’est que ces élections ne changent pas deux données fondamentales : un, l’ancrage économique de la Turquie, c’est l’Europe, en terme de commerce, d’investissement, de technologies, et deux, l’ancrage sécuritaire de la Turquie, c’est l’Occident et c’est l’OTAN. Donc cela ne va pas changer de sitôt, et c’est une réalité dont il faut tenir compte dans les évolutions à venir. “

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