Congrès du FN de Lille : nouveau nom pour un nouveau chapitre

Congrès du FN de Lille : nouveau nom pour un nouveau chapitre
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Par Sandrine Delorme avec AFP
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Un changement de nom pour un parti transformé, tel est l'objectif de Marine Le Pen, présidente du FN depuis 2011.

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Après 46 ans d'existence, quel avenir pour le Front national ? Le parti français d'extrême droite est à un moment charnière de son histoire. Avec le congrès de Lille, ce week-end, ce parti co-fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972 est en passe de refondation et de changement de nom. Bien obligé après l'échec cuisant de la présidentielle et la nouvelle crise existentialiste que traverse le parti.

Depuis 2011 à sa tête, Marine Le Pen a tenté de le dédiaboliser, de lui apporter une crédibilité qu'elle a récemment perdue auprès des Français selon les derniers sondages.

De ce congrès, Marine Le Pen attend l'exclusion totale de son père dont le poste de président d'honneur doit disparaître, pour tourner définitivement la page. Il n'est d'ailleurs pas anecdotique que Jean-Marie Le Pen sortent ses mémoires le jour même de l'ouverture du 16e congrès du FN, lui qui ne cesse de critiquer son action :

"Marine Le Pen a indiqué qu'elle souhaitait changer le nom du Front national, je considère que cette initiative est suicidaire. Elle le serait dans le domaine commercial, elle l'est évidemment aussi dans le domaine politique."

Valérie Igounet est historienne, spécialiste de l'extrême droite en France :

"Changer de nom, ça veut dire quoi ? Cela veut dire pour le Front national arriver à terme de sa dédiabolisation. Après, pour nous, observateurs, c'est un 'ripolinage' de façade.

Et je trouve ça évident que ce cofondateur du FN, cet homme qui a présidé le parti pendant quasiment quatre décennies, qualifie ce changement de suicide politique. C'est son parti, c'est son bébé, c'est celui qui l'a fait fructifier quand même. Il se sent l'âme d'un père, d'un co-fondateur etc. Pour lui, c'est logique, car c'est vraiment une page qui se tournerait complètement dans l'Histoire du FN. "

Le congrès doit réélire Marine le Pen à la tête du parti sans problème, de même qu'une centaine de représentants de ce qui devrait désormais s'appeler le bureau et le conseil national. Une fois fait, le changement de nom achèvera la transformation du parti qui doit lui permettre de se refaire une place dans le nouveau jeu politique français.

La nouvelle appellation du FN devra être adoptée dans les semaines à venir après le vote des militants.

Et qui changement de nom, dit changement de logo. Or cette flamme bleu, blanc, rouge, adoptée elle aussi en 1972, a une filiation historique sulfureuse, puisqu'elle vient directement du parti néo-fasciste italien MSI. (Le Mouvement social italien-Droite nationale avait été fondé par les fascistes en 1946 après la seconde guerre mondiale et la chute de la République sociale italienne (RSI) établi par Benito Mussolini en Italie du Centre et du Nord, dans les zones contrôlées par la Wehrmacht.)

Le FN est un petit parti en France, 52 000 adhérents, mais qui n'a eu de cesse de prendre de l'ampleur ces dernières années. Sa présidente avait engrangé plus de 10 millions de voix au second tour de la présidentielle en 2017. Aujourd'hui, il est miné par le départ de Florian Philippot et la création de son parti "Les Patriotes", le retrait de Marion Maréchal Le Pen et la nouvelle donne politique depuis l'arrivée de Macron au pouvoir. Le congrès de Lille sera-t-il synonyme de nouveau départ ? Marine Le Pen veut y croire.

Sources additionnelles • Valérie Igounet, historienne de l'extrême droite en France

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